Eine Stadt, die in keine Schublade passt. Überraschend ist, wie gross der Antiel der Civilizationen an Siennes Schaffen ist. Ausserdem, immer wieder in den vergangenen Jahren schien Sienne (Italia) vom Krieg bedroht. Immer hat er überlebt. Sienne, das ist die Stadt von die Brüder Lorenzetti, und von Fruttero and Lucentini. Das ist heute, für uns, die Hauptstadt von vielen Abendteuer. Und vor mehr als 1000 Jahren, wurde die Stadt mit vielen Influenzen gegründet. Und heure noch. Als ob sie selber auch immer auf der Suche nach neuen Formen sei.
Singularidad pero tambien ejemplar a Sienna, esa ciudad ilustra la realidad de los cambion quien han contribuido a la formacion de un conjunto cultural europeo. Nacido tante de la belleza y de la riquessa del lugar el genio de los hombres, ha asimilado la tradicion y varios prestamos. Sienna queda sin embargo, un centro de cultura donde se exprima, en medio de la nuevas ideas el concepto de Europa. La idea de Europa aparece solamente al siglo XV, mientras que las transformaciones del mundo trastorna las escalas, la cartografia, y la percepcion misma del espacio. Una nueva frontera se establece al este, dibujado progresivamente, por las conquistas de los Ottomans quien tomaron posesion de la tierra santa y controlan en 1453 Constantinopole. No puedan aceptar ese fracaso frente al Islam, el nuevo papa a partir de 1458 trata de organizar una cruzada contra los Turcos.
The exemplary singularity of Siena illustrates the reality of exchanges that have contributed to the formation of a cultural Europe. Born in both the beauty and richness of the place and the genius of mankind, she has assimilated the tradition and multiple loans.
Nevertheless Siena remains, a center of culture which expresses, among the new ideas, the concept of Europe. The idea of Europe only appears in the XV century, as the transformations in the world unbalances the scales, the mapping, and the perception of space itself. A new frontier is established to the east, gradually drawn by the conquests of the Ottomans, who took possession of the Holy Land and took over Constantinople in 1453. Unable to accept this defeat against Islam, in 1548 the new pope tries organize a crusade against the Turks.
Siena Avrupa'nın sıradan şehirlerinden biri değil. Aksine, Avrupa'nın Siena'dan örnek alması gereken noktalar bir haylı fazla. Öyle ki, şehirde yapılan ticari ve kültürel alışverişler Avrupa topluluğunun oluşmasına önemli katkılar sağladı. Siena Avrupa "konseptinin" şekillendiği ilk şehirlerden biri. Aslında Avrupa "konsepti" 15'inci yüzyılda, örneğin kartografi alanındaki gibi dünyada gerçekleşen kökten değişikler esnasında oluşmaya başladı. Sınırların yeniden çizildiği bir dönemde oluşan bir "konsept". Tıpkı Doğu'da olduğu gibi. Zira, Osmanlıların 1453'de Konstantinopl'u (Istanbul'u) ele geçirmesi Avrupa sınılarının oluşmasında önemli bir olay. ( Bugünün sınırlarının bu olaya göre şekilenmesi gerekiyor diyenler bize göre yanlış düşünüyor). Istanbul'un fethi neticesinde, Islamiyet karşısında mağlubiyete tahamüllü olmayan Papa ,1458'den itibaren Türkler'e karşı haçlı sefer organize etmişti.
Tenter d'expliquer les particularismes de cette petite ville italienne permet de l'inscrire dans l'histoire et d'évoquer quelques caractères de la culture européenne.
Suarès, cet amoureux de l'Italie qu'il parcouru à pied en 1893, est transporté au seul contact de Sienne : « je ne suis pas ici depuis un quart d'heure, je tiens tous les fils de brique et de pierre de la Cité. Je l'aime et la respire et la baise dans tous ses pores. Sans l'avoir jamais vue, je la reconnais. » Cette expression exaltée et excessive des sentiments traduit à la fois la volonté d'effet littéraire et la nature passionnée du poète. Mais comment comprendre l'immense succès populaire de cette petite ville aujourd'hui, alors qu'elle n'offre, en dehors de la période du Palio, aucune attraction spectaculaire. Seule une réalité architecturale s'impose à tous, elle abrite une richesse culturelle moins directement accessible. La ville s'est étendue au cours du Moyen Age et les remparts ont non seulement assuré sa pérennité mais ont aussi sauvegardé son unité, la ville moderne ayant été maintenue à l'extérieur. Les ruelles longent de sévères façades des XIII° et XIV° adoucies par la couleur ocre de la brique et souvent alliée à la pierre et au bois vieilli des portes.
Sans imposer d'uniformité, l'unité architecturale présente un élégant ensemble gothique résultant parfois du hasard, parfois d'un vrai projet d'urbanisme. Les réseaux des rues correspondaient au XII° et XIII° siècles, à l'aménagement souhaité par les nobles reliés entre eux selon leurs alliances. A l'issue de luttes intestines, les palais des seigneurs vaincus étaient obligatoirement détruits après pillage. Ensuite la municipalité de cette ville émancipée dès le XII° siècle, choisissait d'établir des places ou d'ouvrir des rues. De plus le Conseil des Neuf dans la première moitié du XIV° siècle imposa des règles pour veiller à l'harmonie des façades des bâtiments qui bordent le Campo, il décida du pavement de briques qui souligne la légèreté de la forme en éventail de la place. Au total est née une ville dont la perfection semble émaner des projets d'un précurseur de Nicolas Ledoux ou d' Étienne Louis Boullée qui aurait dessiné une cité idéale. Du Palais public, jusqu'à la cathédrale et à l'oratoire de Saint Bernardin, c'est une vaste ville médiévale qui s'étend. Cette ampleur étonne, Sienne a conservé exactement l'aspect des cités qui ponctuaient le territoire de l'Europe féodale. C'est pourquoi, au cours de sa promenade, chaque visiteur qu'il soit scandinave, espagnol, polonais, ou hongrois, tout en admirant les tours et arcs siennois éléments particuliers de cette architecture, pense sans doute, comme André Suarès « sans l'avoir jamais vue, je la reconnais », car il s'établit une immédiate familiarité avec ce site, la perception de la ville originale de l'Europe.
C'est le dynamisme de ses relations commerciales qui favorisa l'essor de la ville. Il est surprenant de remarquer que bien que située au milieu de collines, Sienne n'a pas souffert d'enclavement, au contraire, elle bénéficia d'une situation géographique favorable sur l'axe reliant Rome au nord de l'Europe. Ainsi contribue-t-elle au renouveau des échanges au cours des XII et XIII° siècles, Fernand Braudel dans son étude de la Méditerranée rappelle qu'elle exporte du blé vers l'Espagne et qu'elle est une des premières puissances financières active dans les foires de Champagne. Elle compte parmi les principaux centres italiens qui restaurent et soutiennent l'activité européenne. Sa puissance économique est incontestable comme son autorité politique sur la Toscane, freinant les ambitions de Florence. Mais la date de 1348 marque la fin de son apogée, dominée par les Français puis par l'empereur Charles Quint, en 1555 elle est intégrée au Duché de Toscane, Florence devient la capitale incontestée dirigée par les Médicis, l'Italie est dominée par les Princes, il en est fini des « cités-États ».
Sienne reste, cependant, un centre de culture où s'exprime, parmi les idées nouvelles, le concept d'Europe. L'idée d'Europe n'apparaît qu'au XV° siècle, alors que les transformations dans le monde bouleversent les échelles, la cartographie, et la perception même de l'espace. Une nouvelle frontière s'établit à l'est, dessinée progressivement, par les conquêtes des Ottomans qui prennent possession de la Terre Sainte et contrôlent en 1453 Constantinople. Ne pouvant accepter cet échec face à l'Islam le nouveau pape à partir de 1458, tente d'organiser une croisade contre les Turcs. Pie II, n'est pas né à Sienne mais il y vécut, y fit ses études, en fut l'évêque et contribua à enrichir son architecture. Sa vie mouvementée est représentée, en 1505, par les fresques de Pinturicchio dans la salle de la cathédrale qui abrite et expose aujourd'hui, les recueils de sa précieuse bibliothèque. Aenas Sylvius Piccolomini avant d'être pape fut un grand Humaniste: poète, géographe, en contact avec des moines et lettrés qui fuyaient Constantinople, il devient un homme de la Renaissance et redécouvre l'Antiquité. C'est ainsi que ce personnage complexe contribue à définir les triples fondements de la culture européenne affirmant qu'elle est établie sur la Grèce, Rome et le Christianisme. De cette manière, au cours du XV° siècle s'est forgée la prise de conscience d'une entité européenne: ses valeurs anciennes sont rappelées et attribuées au territoire qui se définit; sa frontière occidentale émergera de la découverte du Nouveau Monde à la fin du siècle.
Auparavant Sienne avait choisi de s'allier à un autre personnage dont la vie est encore plus étonnante que la légende : Frédéric II qui a contribué à sa manière au dynamisme culturel dans la péninsule italienne. Empereur germanique il impose sa puissance à une grande partie de l'Europe, d'Italie aux rives de la Baltique et aussi en Méditerranée jusqu'au Moyen Orient. Il réside souvent en Sicile où il brise la féodalité et établit une structure étatique, base d'une puissance inégalée jusqu'à Charles Quint. Cependant dès 1220 il reconnaît les droits des cités gibelines, qui, comme Sienne, ont pris son parti et non celui du pape. L'empereur est un érudit, homme de sciences, comme son grand père maternel, le roi Roger, il étudie la science arabe en Sicile. Il crée à Naples en 1224 la première université qui échappe à L'Église, une université d'État, placée sous son contrôle. Frédéric II n'est pas seulement un mathématicien, il est l'un des premiers à rédiger des poèmes en italien, avant même que Dante ne glorifie sa langue maternelle; L'œuvre est rapidement diffusée à Sienne ou à Pise par l'intermédiaire de ses fonctionnaires.
Par ailleurs l'influence de Frédéric II est déterminante dans le domaine monumental. Bien avant la Renaissance, il redécouvre l'art antique et l'impose comme modèle à ses sculpteurs en exigeant la représentation en ronde bosse. Il fait créer une nouvelle statuaire, sans doute en grande partie au service de sa grandeur. La transmission se fait avec Niccolo Pisano 1206-1280, bien que toscan, il a travaillé chez les tailleurs de pierres du sud de l'Italie et fait connaître chez lui cette manière, en réalisant la chaire du baptistère de Pise achevée en 1260 puis celle de la cathédrale de Sienne 1266-1268 à laquelle participa son fils Giovanni. Ensuite, ce dernier est chargé du décor extérieur de la façade du bâtiment. Aujourd'hui abritées dans le Musée de l'œuvre (de l'Eglise) Métropolitaine, ces statues sont exposées à hauteur du visiteur ce qui permet de distinguer l'individualité prêtée à chaque visage, l'étude de la posture de chaque corps selon qu'il doit exprimer la jeunesse ou la vieillesse. Elles constituent une véritable série de portraits d’évêques, papes ou saints, preuve d'un intérêt marqué pour l'Homme, antérieur au tournant du Quattrocento. Dans ce moment essentiel des origines de la Renaissance les artistes, à Sienne, réalisent le passage du plat au volume. Non seulement Pisano y introduit dès le XIII° siècle la technique de ronde bosse mais la représentation de l'espace se formalise aussi dans la peinture, et Daniel Arasse propose les frères Lorenzetti comme inventeurs de la perspective au début du XIV° siècle.
En répondant aux commandes de riches marchands, ou le plus souvent de l'Église ou de la Municipalité, les peintres de «l'école de Sienne» exercent leur nouvelle manière de représenter. Le Palais Municipal est à cet égard le bâtiment civil le plus riche en témoignages. Réalisées du XIV au XVI° siècle de grandes et nombreuses fresques répondaient à une volonté politique d'auto-célébration, bien conservées pour une grande part, elles deviennent aujourd'hui de précieux documents pour l'histoire et l'histoire de l'art. Ainsi, dans la salle dite de « La mappemonde » est évoquée la victoire que Sienne a remportée sur Florence en 1260 à Monteparti grâce au Guidorriccio da Fogliano. Ce condottiere à la fière allure est représenté sur son cheval en 1328, par Simone Martini, lors du siège de Montemassi alors qu'il fait face au soulèvement florentin. La détermination du héros, l'ordonnancement du camp militaire, affirment la domination de Sienne. La simplicité du dessin, correspond à l'austérité médiévale et la description du paysage, présentant les collines comme site de défense, atteste de cette période de troubles.
Ambrogio Lorenzetti, quelques années plus tard entreprend un travail d'une grande complexité. Il peint entre 1337 et 1340, dans la « Salle des Neuf » les Effets du bon et du mauvais gouvernement. Sur trois murs, la fresque envisage les valeurs et programme politique de la municipalité et décrit l'environnement de la cité. Le bon gouvernement est incarné par sept allégories féminines telles que la Foi, la Charité, la Prudence ou la Justice, le dessin très précis des visages et chevelures, l'alignement de ces figures hiératiques, le décor de tissus à motifs semblables à une mosaïque polychrome témoignent encore de l'influence de l'art byzantin et donne beaucoup de sérénité à une scène placée sous l'égide divine et où sont rassemblés les citoyens décrits dans leur diversité. La présence de soldats évoque la force et l'assurance de la défense de la cité, la paix. Très étonnante est la représentation des effets du bon gouvernement sur la ville, Sienne est reconnaissable à ses tours carrées, sa cathédrale et l'artiste sait donner volume et élégance. Ses rues sont animées, différentes activités commerciales ou artisanales sont indiquées. La population s'y déplace à cheval ou à pied, ou exprime sa gaité en écoutant de la musique. Le peintre traduit l'atmosphère heureuse dans une ville riche et bien administrée. Les effets du bon gouvernement sont aussi étudiés sur la campagne. La réalité du paysage du cœur de l'Italie est presque photographique Nous reconnaissons les plantations d'oliviers et de vignes sur les coteaux et les champs de céréales dans la plaine, une agriculture bien organisée, des hommes au travail une impression d'abondance. Le dessin minutieux adopte le mouvement et le volume, non seulement il s'éloigne de la tradition picturale, mais en outre un siècle avant Les Très Riches Heures du duc de Berry, il apporte une valeur documentaire surprenante. Les effets du mauvais gouvernement présentent au contraire des personnages démoniaques et maléfiques tout droit sortis de l'imaginaire du Moyen Age: le noir domine, la famine sévit, la campagne est en friche, les pierres et mauvaises herbes deviennent envahissantes, des hordes de vagabonds armés évoquent le danger. Cette fresque riche de renseignements sur la vie quotidienne et les espoirs ou malheurs de la population, est une description saisissante de la ville et de son site au XIV° siècle, elle exécute le souhait de la Municipalité qui s'engage à préserver la concorde et la prospérité. Ambrogio Lorenzetti répond à ce projet politique par un travail qui enchante par sa beauté et laisse deviner la volonté novatrice du créateur et l'annonce de la fin prochaine du Moyen-Age.
Le projet esthétique et politique concernant le Palais Municipal, s'achève magistralement avec la commande faite à Domenico Beccafumi pour le décor du plafond de la salle du Consistoire. Réalisées entre 1529 et 1535 ces fresques magnifient, par exemple, L'amour de la patrie, La justice, La Concorde entre les citoyens, et glorifient la république en reprenant des scènes de l'Antiquité principalement romaine. Ainsi, Le dictateur Postumius Tiburtius et son fils unique évoque l'obéissance du chef militaire au politique, La réconciliation de Marcus Lepidus et Flavius Flaccus confirme que l'intérêt de l'État prime sur l'ambition personnelle, L'exécution de Spurio Melio rappelle la crainte de l'instauration de la Tyrannie. Cette pièce est devenue aujourd'hui la salle des mariages, il est possible d'y admirer « cette œuvre unique » qui «montra», écrit son contemporain Vasari : « les mérites et la valeur de Domenico qui, en toute occasion, fit preuve d'un métier sûr, d'un jugement supérieur, d'un immense talent. » Le contraste est saisissant entre la réalisation vive et alerte et la rigueur moraliste des thèmes, l'expression extravagante, le gonflement des muscles et position des corps outrancière, jeu sur la perspective ont pour objectif de dépasser les principes de la Renaissance. La virtuosité de l'artiste est visible aussi dans de nombreux autres édifices et en particulier dans ses réponses aux commandes de l'Église. Ainsi, Beccafumi avec Giovanni Antonio Bazzi dit Sodoma et Girolamo Pacchia, participe à la réalisation des peintures de l'oratoire de Saint Bernardin. Ces fresques sont consacrées à la vie de la vierge et malgré les différences entre les 3 artistes, influence forte de Léonard de Vinci et Raphaël chez Sodoma, jeunesse et inexpérience sensible de Pacchia son élève, et, plus grande personnalité de Beccafumi, la technique maniériste qui leur est commune contribue à offrir un bel ensemble où la religion semble bien être un prétexte au plaisir de peindre dans un temple dédié à l'art, comme la chapelle de Scrovegni de Giotto à Padoue ou la Scuola Grande di San Rocco de Tintoret à Venise.
L'influence des grands maîtres principalement de Michel Ange sur Beccafumi, est nettement perceptible dans ce qui fut l'œuvre de sa vie : le pavement de la cathédrale de Sienne. Commande extraordinaire en importance : 35 panneaux de marbre sur les 56, extraordinaire comme projet : un sol gravé qui déploie aux pieds des fidèles, en guise d'enseignement, des scènes de l'Ancien Testament ou de la mythologie. Les cartons de Beccafumi, conservés et exposés au Musée de l'œuvre (de l'Église) Métropolitaine permettent de comprendre la particularité de sa technique de dessin. « Le trait est instable, incertain, récursif mais les contours approximatifs, sont vivants et raffinés » ainsi Dominique Cordellier conservateur en chef du musée du Louvre décrit-il le travail de Beccafumi et précisément « le réseau de hachures croisées, plat et presque abstrait » qui caractérise sa manière.
La richesse architecturale et picturale de Sienne lui confère une forte personnalité qui peut être définie selon les trois règles du théâtre classique. Aujourd'hui, l'unité d'action est manifeste, l'ancienne Cité-État est devenue une ville-musée. Certes, la campagne restée proche, constitue toujours le décor sublime qui entoure ce merveilleux site des trois collines et la viticulture y reste dynamique mais la charge principale de la municipalité est d'entretenir les anciens palais et les centres religieux. Ils abritent maintenant, des universités souvent réputées où les langues sont enseignées, où des musiciens viennent étudier, et où un travail de recherche scientifique est mené avec succès. De même de nombreuses institutions municipales ou internationales occupent les anciens bâtiments restaurés. La ville vit de son héritage, en s'accommodant de la polarisation régionale qui est favorable à Florence.
L'unité de lieu ou du lieu donne à Sienne sa marque, son caractère primordial et la rend identifiable. Par ailleurs, l'architecture médiévale qui porte un décor renaissance renferme dans ses musées des données artistiques ou techniques, des informations sur la vie quotidienne, les idées nouvelles, les pouvoirs religieux et politique, qui permettent d'approcher au plus près du passé de la cité. Pour en comprendre le fondement revenons à la réflexion d'André Chastel. Il confirmait la singularité de cette ville lorsqu'il soulignait les particularismes locaux en Toscane riche de « l'école » de Pise différente de celle de Florence et de celle de Sienne. Chastel insistait sur le fait que « l'art italien » était issu de la diversité et il indiquait la difficulté à le définir encore après la disparition des « cités-États ». De la même manière tenter de démontrer la nature homogène de Sienne et son école renvoie paradoxalement au multiple et à la complexité. Chastel expliquait la variété par la prégnance du lieu: la terre pour Florence (et évidemment pour Sienne), la mer pour Venise, et aussi, les multiples influences extérieures qui ont nourri la création italienne. Les liens avec l'étranger ont été établis selon différents facteurs : la situation des régions, les contacts commerciaux, les alliances politiques ou les épisodes de domination. Ainsi les Normands et les Angevins transmirent l'art gothique au nord de l'Italie, alors que Byzantins et Arabes léguèrent l'art roman au sud. Nous pouvons constater qu'à Sienne au centre du pays, cette perméabilité est traduite par la double présence du gothique et de l'art byzantin. Le talent des artistes consiste à accueillir les influences sans se limiter à une simple copie, ainsi au début du XIV° siècle le peintre Duccio di Buonisegna allie ces deux apports apparemment contradictoires et réalise des œuvres qui ont bouleversé son époque. La pose de sa Maestà dans la cathédrale fut un grand événement esthétique et religieux. Après Duccio, c'est Ambrogio Lorenzetti qui dès ses premières œuvres apporte des variations à l'art byzantin: l'ondulation élégante du dessin de La Madonna del Latte interprète l'icône traditionnelle pour mieux exprimer la tendresse de la mère qui nourrit son enfant. C'est cette préoccupation inventive qui le conduira à représenter la perspective. Il apparaît que « l'école de Sienne » se construit en s'ouvrant aux héritages et emprunts et se détermine par ses rejets et réactions innovatrices.
L'unité de temps est l'élément structurant de Sienne qui pourrait-être qualifiée de ville des origines. Déjà la légende de sa création fait référence à la naissance de Rome mais surtout la splendeur de la ville correspond à une période bien définie du XII° au XIV° siècles où elle a accueilli certains des artistes et penseurs dont les travaux menèrent aux bouleversements de la Renaissance. Puis Sienne s'affaiblit au XV° siècle alors que Florence Rome et Venise deviennent les centres de la puissance où les maîtres sont conviés pour concevoir et décorer les fastueux édifices qui surgissent de ce renouveau. La grandeur de Sienne s'achève avec le dernier éclat inventif des peintres maniéristes, Beccafumi et Sodoma, qui ont retenu les leçons de Raphaël, Léonard de Vinci ou Michel Ange, et apportent à la Renaissance finissante encore plus de liberté et de dynamisme. La gloire de Sienne correspond à un moment limité dans le temps mais grandiose dans l'histoire de l'art et qui circonscrit la ville dans sa singularité.
Singularité mais aussi exemplarité de Sienne, cette ville illustre la réalité des échanges qui ont contribué à la formation d' un ensemble culturel européen. Née à la fois de la beauté et la richesse du lieu et du génie des hommes, elle a assimilé la tradition et de multiples emprunts. Le nord lui a donné non seulement le gothique mais aussi des techniques nouvelles telle le « chiaroscuro ». La renommée de « L'école de Sienne » a entrainé ses peintres à l'étranger où ils diffusèrent la Renaissance italienne. Ainsi Pacchia semble avoir rejoint le Rosso à Fontainebleau pour le plaisir de François Ier. Auparavant, Martini demandé par le pape Benoît XII, participe au décor de Notre Dame des Doms à Avignon où il meurt en 1344. D'autre part la peinture siennoise confirme qu'au Moyen Age les villes cernées de remparts et les frontières fortifiées autorisaient les relations jusqu'à Constantinople. Ainsi surgit l'évidence de notre proximité passée avec la « Deuxième Rome » elle qui fut la gardienne de notre culture antique et qui en nous offrant l'art byzantin initia l'Europe à l'Orient.
Josette Delluc