Le Spectateur européen souhaite tout d’abord à tous ses
lecteurs une bonne et chaleureuse année 2014.
En 2006, le film du réalisateur allemand Florian Henckel
Von Donnersmarck, La vie des autres,
a fait sensation, bien au-delà du rôle principal longtemps célébré. Pourquoi
cette sensation : parce que la dissection de la mécanique de la
surveillance de la Stasi, la police secrète de l'ancienne République
démocratique allemande (RDA), se trouvait mise en public. Le surveillant secret
se trouvait mis sous les yeux du public. Non seulement on se rendait compte
visuellement et auditivement de l’état de surveillance possible des citoyens,
mais encore la surveillance se trouvait rendue visible par le film.
C’est à un geste de ce type que l’agent américain Edward
Snowden vient de nous faire assister. En rendant publiques les pratiques de la
NSA (National Security Agency), il a inversé l'ordre du visible, ainsi que le
précise André Rouillé, dans un éditorial de Paris Art (sur le Net) :
« cette machine à regarder sans être vu s'est subitement retrouvée la
cible de tous les regards ».
Cette
inversion est foncièrement politique, nul n’en doute. Est-elle efficace,
l’avenir nous le dira. Entendons par là que les citoyennes et les citoyens
européens doivent passer maintenant :
-
Du soupçon et du pressentiment que l'on pouvait éprouver d'être
secrètement en permanence observé, surveillé et contrôlé ;
- A l’indignation face à la réalité prouvée de la
collecte assidue et illégale de micro-savoirs sur les individus : 5
milliards de données enregistrées quotidiennement et, en France, une DGSE loin
d’être inactive ;
- Puis à la condamnation politique de ces pratiques et à
un démontage du « hard power » et du « soft power ».
Il est donc possible de puiser dans ce geste des
ressources pour approfondir les éléments structurels nécessaires pour une
politique européenne commune démocratique.