Ni en forme de bilan de l’année 2010, ni en forme de promesse pour 2011, cet éditorial sacrifie pourtant à la tradition des veux de bonne année. Ne laissons pourtant pas nos lecteurs sans un minimum de pressentiments nous concernant pour l’année qui vient. Elle ne se déroulera pas sans que nous reprenions en main la question de l’Europe et de ses confins. Là où le Spectateur européen demeure un pôle de croisement de soucis autour du renouvellement du commun, la double question des confins et des relations aux autres demeure une question vive. Et plutôt que de nous enfermer, comme beaucoup le demandent, dans des identités, des pessimismes béats et des caprices de conservateurs, répétons que nous choisissons de mieux articuler nos indignations afin de cerner les écarts possibles par rapport à un présent bien souvent insupportable.
Deux journalistes des Pays-Bas (Irène Van Der Linde et Nicole Segers) ont d’ailleurs publié un ouvrage bien intéressant sur les « gens des confins », notamment les frontières occidentales de l’Europe. D’une certaine manière, ils sont partis à la conquête du « bout de l’Europe ». Sur ses franges, là où finalement se joue vraiment une partie de nos réflexions. En passant par 7 pays, ils ont parcouru la longue frontière orientale de l’UE, de la Finlande à la Bulgarie, en voyageurs des marges. Ils en rapportent des perspectives centrales pour notre Observatoire des croisements des cultures européennes.
En élargissant le champ, ce sont toutes les relations entre l’Europe et les autres parties du monde qui sont à observer, dans leurs tensions, dans les drames que suscitent et entretiennent une partie de nos hommes politiques, et que nos indifférences ne relèvent pas.
Au passage, signalons un fait incontournable. Un rédacteur de la revue en ligne Non-fiction, à partir du livre de , Théories et concepts de l’intégration européenne (Paris, Presses de Sciences Po.), remarque en effet ceci à propos de l’Europe :
And now, a little message which comes from Poul Nyrup Rasmussen (beginning in number 4, 2010) : It is no exaggeration to say that, these days, messages of solidarity, hope, or a collective solution to individual problems, have a hard time keeping their heads above water. Media outlets, particularly in their conglomerated, »synergized« form, have little time for such notions of togetherness. What sells is the idea of the individual. The lodestones are choice, freedom, and unfettered competition, or shock-horror stories, which are freakish statistically as well as in factual detail, and then become magnified as a general threat.
First, there is a deep-seated malaise among the people of Europe with regard to representative politics in general. This sense of disillusionment is something that affects the left more than the right. The more people become disinclined to vote or participate in politics, the less representative politics becomes. Democrats cannot hope to make electoral inroads with a model which yields only 50 percent or less of the electorate vote.
Ch. R.