Josselin Lavigne
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La revue Proteus : fin de série expose l’évolution de l’oeuvre d’art sous forme de série. La série étant tout ce qui est ou ce qui a été produit de façon successive. Dans cette revue, l’ensemble des auteurs décrivent la maturation du spectateur vis à vis de la série artistique. Cette maturation concerne l’évolution de l’objectif du spectateur sur la série. Aujourd’hui, l’intérêt du spectateur ne serait plus orienté vers la fin de la série comme avant (conséquence du dénouement) mais d’avantage vers l’élément « suivant » composant la série. Ainsi, l’artiste et l’oeuvre d’art n’aurait plus de raison de créer une fin pour ce spectateur à l’objectif changé. La conséquence serait l’apparition de série artistique sans fin. La disparition de toute forme de conclusion dans la série donnerait lieu à des pauses. La série sans fin serait suspendue pour découler sur des cycles autrement appelés « reboot ». La conclusion de la revue est un questionnement sur l’avenir de la fin dans la série. La série doit elle suivre la maturation du spectateur en supprimant toute forme de fin? Ou n’est il pas possible de garder le principe de fin tout en célébrant ce changement de regard chez le spectateur? Aurons nous le fin mot de la série
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The Proteus review: end of series exhibits the evolution of the work of art as a series. The series being everything that is or was a product in a successive way. In that review, all the authors describe the spectator’s maturation towards the artistic series. This maturation concerns the evolution of the spectator’s goal on the series. Today, the spectator’s interest will not be oriented towards the end of the series as before (consequence of the denouement) but more towards the “following” element part of the series. Thereby, the artist and the work of art will not have any more reason to create an end for this spectator whose goal changed. The consequence would be the emergence of no-ending artistic series. The disappearance of any way of conclusion in the series would lead to parenthesis. The no ending series would be suspended to end up on cycles, otherwise known as “reboot”. The withholdings of the review is a questioning on the future of the end in the series. Should the series follow the maturation of the spectator by deleting any way of ending? Or is it not possible to keep the concept of ending while celebrating this change of point of view from the spectator? Will we have the word of the end on the series?
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Der Proteus Rückblick: Das Ende der Serien exponiert die Entwicklung der Kunstwerke als Serien. Die Serien, als ein Produkt für alles das aufeinanderfolgend produziert wird. In diesem Rückblick wird von jedem Autor beschrieben wie die Zuschauer gegenüber der künstlerischen Serien reifen. Diese Reifung beschreibt die Entwicklung der Ziele der Zuschauer. Heutzutage bezieht sich das Interesse der Zuschauer nicht mehr ausschliesslich auf das Ende (als Folge des Abspanns), sondern mehr auf die fortlaufende Geschichte. So haben die Künstler keinen Grund mehr sich zu sehr auf das Ende zu konzentrieren da sich das Interesse der Zuschauer geändert hat. Die Folge wäre das Auftreten von endlosen Serien. Das Verschwinden von jeglicher Art von Endungen der Serien folgt zu mehreren Pausensetzungen. Die endlosen Serien würden in einem ewigen Kreislauf enden, was man auch als « reboot » bezeichnet. Die finale Fragestellung der Review ist, wie sich das Ende der Serien in Zukunft verändern wird. Sollten die Serien der Reife der Zuschauer folgen und jede Art von Endung vermeiden? Oder ist es nicht möglich, das alte Konzept zu erhalten und weiter die Veränderung der Zuschauer zu feiern? Werden wir das Schlusswort der Serie haben?
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Compte rendu de la revue Proteus : fin de série. La revue Proteus s'intéresse au problème de la Série dans l'art. L'Art est-il passé d'une époque de reproductibilités successives à une époque de renouvellement cyclique ?
C'est la question posée par l’ensemble de ces articles. La revue part de l'observation d'un mode de production artistique sous forme de Série, ayant laissé sa place à un mode de production "Reboot". La Série est définie comme tout ce qui est ou a été produit en série. Avant que la production artistique ne passe de la série au cycle, il y a eu une évolution interne à la série en rapport avec le spectateur. Ce qui intéressait le spectateur n'était que la fin de la série en tant que telle. C'est par un désir d'adolescents, la volonté de se tenir à distance de la réalité, que le spectateur attendait plus la fin que la suite.
Anais Goumand dans son article : Les séries transmédiatiques détaille la raison pour laquelle le spectateur se fixait sur la fin. La caractéristique d’une série narrative était principalement le dénouement. Ainsi le spectateur était polarisé sur celui-ci, ce qui l’amenait inévitablement à rechercher la conclusion de la série. Le parcours pour y parvenir avait moins d’importance que la fin en tant que telle. Il y avait donc un déséquilibre dans le rapport qu’entretenait le spectateur avec la série artistique. Puis, l'objectif du spectateur changea la temporalité de la série. La fin s'effaça progressivement pour laisser place au "prochain" dans le suivi d'une série artistique. Ce changement de regard sur la série a rééquilibré le rapport du spectateur à l’oeuvre.
L’article de Vladimir Lifschutz : Formule et déformulation illustre l’aspect bénéfique d’un spectateur respectant la totalité d’une oeuvre d’art. Celui-ci ne se contente plus d’un intérêt obsessionnel comme avant mais parcourt dorénavant l’ensemble de l’oeuvre, du début jusqu’à la fin. La revue illustre donc la maturité du spectateur. La fin n'est plus l'arrêt de la série artistique, grâce à son changement d'objet et d'objectif. Elle devient une pause, donnant lieu à une reprise de la série. Le spectateur devenu adulte, il n'y a plus de sentence définitive mais une suite de la série. L’artiste n’ayant plus de raison de continuer de produire des fins pour des spectateurs d’avantage intéressés par la suite que par la fin.
Les articles nous font prendre conscience de la disparition de la fin en tant que conséquence de ce changement de regard. Tout d’abord, la fin s’atténua en pratique par le spectateur lui-même. C’est via la transfictionnalité, décrite par Richard Saint Gelais que le spectateur prolongea lui même la série artistique. Celle-ci correspondant à un partage d’éléments fictifs entre séries artistiques, le spectateur « fan » proposait ainsi un univers de fiction, une sorte d’expansion d’une série préalable. La fin resta donc en théorie quand parallèlement le spectateur la changea en pratique. L’oeuvre d’art n’appartient plus complètement à son créateur.
Ainsi, c’est dans cet univers que certains artistes décidèrent de ne créer plus que des séries sans fin. Certains succès en matière d’oeuvre d’art pouvaient donc être réutilisés sans que le spectateur ne se plaigne. La seule existence d’une suite de l’oeuvre allait combler le spectateur. Le problème fut l’apparition de la répétition dans l’art. Phoebe Clarke dans son article Contre l’architecture en série, s’insurge de ce phénomène en matière d’architecture. La série infinie combinée au phénomène de conservation pouvant créer un sentiment de musée dans une ville comme Paris. Gaëlle Philippe dans son article Remake et sérialité: séries sans fin? propose les deux caractères qui peuvent encourager la série à continuer définitivement: la performance et l’impuissance. La performance pour ses capacités à perdurer sans fin et l’impuissance, découlant de cette dernière, ne pouvant pas conclure. Il n’y a plus de fin et la série continue, poussée par la performance, elle ne semble pas s’arrêter.
Malheureusement, un artiste mal attentionné pourrait continuer de répéter une série sans jamais y apporter de renouveau. C’est le cas du « reboot » en matière cinématographique. L’article de Gaëlle Philippe s’interroge sur la notion de « remake » en matière de cinéma. Parmi tous les exemples qu’il expose, celui du dernier Star Wars est le plus parlant car il est le plus récent. Certains spectateurs ont reprochés à J.J Abrams d’avoir reproduit le scénario de l’épisode IV dans le dernier Star Wars : même situation, même dénouement, conclusion similaire. Or le film est un succès, ce qui démontre que le spectateur n’est plus celui qui attend la fin d’un film. Dans le passé, si un tel film avait été produit en tant que remeake, le succès n’aurait pas été le même. La popularité d’un tel film montre que le spectateur est d’avantage présent pour la suite que pour la fin d’un film. Si la fin ne délimite plus la série, alors le « reboot » prend sa place sous forme de pause. La série finie laissant sa place à une série cyclique. Protheus s’interroge sur l’avenir de la fin dans la série dans un monde ou l’artiste à tendance à trop user de cette maturation. Il serait certainement possible d’avoir une spectatorialité similaire tout en retrouvant l’existence de la fin, ce qui obligerait à plus de créativité et moins de répétition.
Articles Hors-Thème
Le spectateur n’est pas un acquis mais le résultat dune longue évolution, ainsi on ne naît pas spectateur, on le devient. Le spectateur est une activité et non un état. C’est par certitude que celui-ci se conforte dans ce qu’il pense être « naturel ». Le philosophe Christian Ruby dans l’article Le couple nature/culture dans le vécu et la conception de la spectatorialité d’art d’exposition développe l’idée selon laquelle le spectateur doit être pensé en tant que trajectoire et s’interroge sur le risque d’aborder cet exercice avec autant de certitude que de méconnaissance. En s’aidant de différents supports tels que la littérature, la peinture et d’autres supports, Christian Ruby aborde la question du rapport du spectateur à l’œuvre à partir de son illustration dans l’oeuvre d’art. Ainsi certaines oeuvres sont des manifestes d’une méconnaissance au sujet du spectateur étranger ou différent (spectateur/spectatrice en Europe). La solution pour éviter les idées reçues et rester bloqué sur cette trajectoire serait la confrontation. Celle-ci entrainerait la mutation, la contextualisation et la remise en question du spectateur. L’explication de cette incapacité du spectateur européen à découvrir et comprendre ce qui est étranger viendrait du fait qu’il se considère comme l’unique référence plausible. Le philosophe démontre comment le spectateur européen a toujours été dans un rapport unilatéral avec la spectatotialité étrangère. Ce spectateur ayant toujours voulu d’avantage exporter son modèle qu’en importer un autre. L’article souligne que le spectateur actuel (observateur ou regardeur) est le résultat d’une longue éducation. Qu’il n’existe ni nature, ni déterminisme biologique du spectateur européen. Christian Ruby termine sur son devenir dans la mondialisation. La mondialisation sera similaire. Cependant la pluralité des cultures laisse espérer un nombre infini de spectatorialités possibles.