Cem Uster
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Cem Uster
À travers son expérience personnelle, l’auteur évoque les problèmes issus de la variété culturelle. Son dualisme Franco-turc donne lieu à un développement fondé sur la nécessité d’un pluralisme culturel afin d’élargir la plate-forme d’interaction, et tendre vers un monde cosmopolite de la traduction. L’article se divise en trois volets qui seront publiés successivement. Le prénom de l’auteur, Alex-Cem est l’objet lui permettant de s’ouvrir sur le sujet du biculturel qu’il soutient comme étant un fait, mais surtout une attitude…
Through his personal experience, the author enters a global issue which concerns cultural varieties. Within his French-Turkish duality, he explores the necessity of cultural pluralism in order to create a wider platform of interaction. His article is divided in three parts. The actual piece in an introduction and emphasizes the questioning rather than the development. The author’s first name: Alex-Cem is a catalyst for him to understand and analyze the connection that can be done between to two opposite cultures. He expresses his faith in bicultural as a fact but especially as an attitude.
Der Vorname als Schiksal ? Es ist keine Einselfal. Ein Kind quält sich mit der Frage warum seine Mutter einen solchen Vorname gegeben hat.
Kisisel tecrubelerine dayanarak yazar kulturel farklılıkların üstünde duruyor.İki kisilikligi, Fransız Tuk kimligitercumelerde kı cozu arayıs platforformların ve kosmopolit dusuncenin de dikkate alınması gerektigini vurguluyor.Yazı 3 bolumde toplanıyor ve giristeki sorular acıklamaları etkiliyor.Yazarın ismi Alex-cem konunun cift kulturlulugun yanında daha ziyade bir davranıs sekli oldugunu ifade ediyor...
Alexandre-Cem. Plusieurs remarques peuvent être faites à propos de ce prénom qui aurait dû, en principe, être le mien. En réalité, mon vrai prénom n’est autre qu’« Alex-Cem », « Alex » ne correspondant pas, conformément aux traditions, au diminutif d’Alexandre. En effet, il s’agit là d'une création de mes parents qui sans doute avaient oublié que ce prénom demeure en principe un simple diminutif. De surcroît, les deux prénoms « Alex » et « Cem » ne sont pas, comme on peut l’imaginer, distincts dans la mesure où ils sont reliés par un tiret.
Bien que cela soit anecdotique, ce prénom est en fait le fruit d'une erreur grammaticale commise par ma mère, il y a 16 ans, lors de mon inscription à l'école maternelle. En effet, mes parents, d'origine turque, ayant émigrés en France dans les années 1980, souhaitaient me familiariser avec les deux milieux culturels et linguistiques, français et turcs. Pour cela, ils avaient décidé de me donner deux prénoms, permettant une flexibilité et un potentiel d’adaptation en fonction des circonstances. Ainsi, cela me donnait la possibilité de changer de « T-shirt » en fonction du pays dans lequel j’allais me rendre. Mais un simple tiret a mis fin à toutes ces belles intentions. Ma mère, au lieu de séparer les deux prénoms par une virgule, a introduit un trait d'union, donnant naissance à un nom composé, sans doute unique dans le monde : Alex-Cem.
Toutes ces discussions autour de mon prénom n'ont pas pour objet de flatter un ego quelconque. L'intérêt est d'utiliser ce prénom comme instrument pour poser un problème majeur : le biculturel.
Ce prénom composé met l’accent sur une incohérence dans ses deux extrémités et pose un problème d’une dimension plus ample qui est celui du trait d'union. Alex et Cem sont-ils par nature incompatibles ou, au contraire, engagent-ils la possibilité de penser l'unité à travers l'hétérogénéité ?
Symboliquement, ce prénom accentue l'accord ou la division même de mes deux sources culturelles. Dans le cadre de ce dualisme, le « Alexandre » qui puise ses racines en Grèce, peut-il s'associer avec le « Cem » turc ou bien s’agit-il de deux blocs de valeurs bien distinctes ?
Durant toute ma scolarité, j'ai eu droit à l'appellation « Alexandre-Sém », que je devais rectifier tout en me justifiant : « Madame/Monsieur, le Cem ne se prononce pas Sém mais Djém », dans l’alphabet turc, le C se lit « Djé ». Étonnés les professeurs répétaient systématiquement « Alexandre-... Djém » en butant sur la seconde partie de mon prénom. Je souriais toujours car, à ce même moment, mon esprit repartait en Turquie, ou justement mes amis m'appellent « Alekksssandrr-Cem ! » (et où le Aleksandr, prénom à consonance étrangère, était prononcé avec un accent similaire au russe) ou simplement Cem car les noms composés ne sont pas fréquents en Turquie. A chaque erreur, je prenais conscience du « produit » que j’étais ; « un deux-en-un », le tout étant d’éviter d'être un « entre-deux ». Certes, Cem sonne turc en Turquie, Alex est un prénom habituel en France, mais Alex-Cem est un prénom étranger aux Turcs et aux Français... peut-on unir les deux ?
Si mon prénom devait faire l'objet d’une recherche, l'étonnement en serait la conclusion. De l'étymologie à l'orthographe, et de cette dernière à l'histoire, mon prénom accumule les contradictions.
« Alex » ou « Alexandre », auquel nous avons tendance à associer historiquement les succès d'Alexandre Le Grand, s'oppose au Sultan « Djem » qui, lui, a conduit l'empire Ottoman dans un conflit interne, dérisoire. M’inspirant de l’intitulé du livre de Samuel Huntington, je me dois, alors, de me donner le titre de : « clash des prénoms ».
Bien que leurs ambitions se soient traduites de manières différentes, ces deux personnalités historiques avaient une et même intention : créer une unité politique entre l’Occident et l’Orient. Refuser l’idée du « pont » qui suppose une division pour donner lieu à une et seule entité culturelle.
Il s’agit là d’une intention qui remet au centre le débat du biculturel, et qui évacue tout paradoxe dans mon prénom. La transition culturelle qui me permet ce « changement de T-shirt » n'avait de sens pour ces personnalités historiques qu'en termes de territoire. C'est-à-dire que leur projet d’unité culturelle se résumait à une expansion visible sur une carte. Alexandre le Grand ou Sultan Djem ont donc eu une conception statique de la mobilité culturelle et du rapport entre cultures. La conquête ne peut pas établir un rapport bilatéralement culturel.
Il était donc nécessaire de créer un pont, qui se traduit dans mon prénom par un simple tiret.
D'où l’enjeu du biculturel.