Christian Ruby
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Der
Trend ist eindeutig. Das Thema : Emancipation ist noch wichtig. Eine völlige Neuheit in der Geschichte Europas.
Doch, doktrinäre
Streitigkeiten hat es zwischen Philosopher immer wieder gegeben. Der Kontrast
ist vor allem deshalb frappierend. Es geht aber nicht darum, um Abstimmung. In
der Tat war es vor allem die Symbolik. Und Europas Klimax. Machen Sie aber acht,
dass Junge Menschen auch in ökonomisch
prekäre Lage nicht ins rechtextreme Milieu abgleiten und die Kinder von
Gutverdienern Klar machen, dass Rechtextremismus nichts mit Rebellion zut un
hat.
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The theme of Emancipation occupies a new
place in European theoretical research.
As we know, this theme has widely traveled across Europe, drawing within
its boundaries strong intercultural ties.
A récent edition of Raison présente (which can be found at 16 rue de
l’Ecole Polytechnique, 75005, Paris, France) attempts to summarize this
debate. We present the essential of this
work below.
Why is it so important to return to the
theme of Emancipation today?
First, because it provides the means to
judge a world and its cynical discourses that impose submission to a supposed
unavoidable reality and a utilitarian, perfomative and positivistic
destiny. Second, because it brings
legitimacy to other forms of struggle than those who pretend to be a necessity
brought about by the times that create the conditions for emancipation. As such, the theme conveys a global
significance to refusing all mourning regarding change, and offers a possible
outcome for amplifying discord around assignations and imperatives.
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Tema e emancipimit mban nje
vend shumë të rëndësishëm në kërkimet teorike evropiane. Dimë sumë mirë që ka çarkulluar
në evropë dhe ka lënë si gjurmë lidhje interkulturale shumë të forta. Një
edicion të revistës Raison présente ( që
mund të blejm në këtë adresë : 16 rue de l’Ecole Polytechnique, 75005, Paris,
France ) ka provuar të studjoi këtë temë, kjo është rezumeja : Pse në kohët
e soçme është kaq e rëndësishme të kthehemi tek tema e emancipimit ? Sepse me të
kemi mundesin që të gjukojm një botë dhe fjalime cinike që na detyrojne ti përkulemi
një realiteti dhe një fati dobitsë, performativë dhe pozitivistë. Por edhe
sepse nga ana tjetër duhet te shpiken disa mënyra të tjera se ato që na kanë bërë
të besojm se konditat e emancipimit krijohen nga obligimet të çastit.
Kjo temë i jep një kuptim global refuzimit të bëjm zin, dhe bënë te mundur
amplifikimin e mosmarrëveshjeve.
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Il tema dell'emancipazione ha un posto molto
importante nelle ricerche teorice europee. Di più sappiamo che questo tema ha
viaggiato creando dei connessioni molto forti.
Un numero della revista raison présente (che possiamo comprare : 16 rue de
l'Ecole Polytechnique, 75005, Paris, France ) prova di studiare questo tema. Questo
è il riassunto.
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Temat om frigörelsen har funnit en
ny plats i de europeiska teoretiska forskningarna. Man vet redan att detta tema
har cirkulerat i Europa, vilket har skapat starka kulturella relationer. Ett
nummer av tidningen ”Raison présente” som man kan införskaffa 16 rue de l'Ecole
Polytechnique (75005, Paris, Frankrike), försöker djupt analysera frigörelsen :
Varför
är det så viktigt att komma tillbaks till detta tema om frigörelsen idag ? Utan
tvekan är det för att, åt ena sidan så ger den förmågan till att bedöma världen
och dem kyniska uttalanden som tvingar att lyda en realitet som inte går att
undvika och ett prestanda och användbarhet orienterat öde. Åt andra sidan så
legitimerar den uppfinningen av andra kamper än de som länge har fått att tro
att frigörelsens konditioner endast åstadkommer i behov. Detta tema ger en
generell mening till att inte sörja all omvandling, och skapar möjligheter för
större oenighet omkring det imperativa.
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Le thème de l’émancipation occupe
une place nouvelle dans les recherches théoriques européennes. On sait
d’ailleurs que ce thème a largement circulé en Europe, dessinant en celle-ci
des liens interculturels forts. Un numéro de la revue Raison présente (que l’on peut se procurer : 16 rue de l’Ecole
Polytechnique, 75005, Paris, France) tente de faire le tour de la question. En
voici l’essentiel.
Pourquoi est-il si important de
revenir sur ce thème de l’émancipation de nos jours ? Sans doute est-ce parce
que, d’un côté, il donne les moyens de juger un monde et des discours cyniques imposant
une soumission à une soi-disant réalité incontournable et à un « destin »
utilitaire, performatif et positiviste ; et que, de l’autre, il légitime
l’invention d’autres formes de luttes que celles qui ont longtemps fait croire
que ce sont les nécessités du moment qui créent les conditions de l’émancipation.
Dès lors, ce thème confère une signification globale au refus de faire son
deuil de tout changement, et offre un scénario possible à l’amplification des
champs de discorde autour des assignations et des impératifs.
Cela fixé, revenons sur les théories
de l’émancipation. Et d’abord, qu’entendre par « émancipation », si
d’aventure nous ne tombons pas dans l’usage psychologique et médiatique du
terme ? Provenant du latin (emancipatio, ex-mancipare, sortir de la tutelle de ...),
il renvoie d’abord, dans le droit romain, au geste de prendre avec la main une chose que
l’on s’approprie en l’accompagnant de certaines formules solennelles. L’émancipation
peut donc correspondre à une spoliation effective sous un rite qui la rend légale
(à défaut de légitime). Mais, elle peut correspondre aussi au geste de
s’extraire d’une tutelle. Giambattista Vico dans Origines du droit et de la poésie (1721) rappelle ainsi que mancipium signifie « esclave »
ou « prisonnier ».
De cette étymologie à double sens, on a fini
par ne retenir qu’une seule signification, désormais utilisée par chacun :
l’émancipation est l’acte de s’affranchir d’une tutelle/domination, l’acte de
refuser que chacun reste à « sa place ».
Tout n’est pourtant pas éclairci par là, et
surtout rien n’est encore indiqué quant à la question de savoir si la notion d’émancipation
offre encore des ressources de légitimation. Rien n’est précisé de ce que nous pouvons, en
2013, accomplir et penser sous la notion d’émancipation, notamment au terme
d’une histoire mouvementée, commencée au XVIII° siècle, qui a vu cette notion
embrigadée dans toutes sortes de violences d’Etat ou violemment rejetée par le
nazisme et le régime de Vichy. Des violences d’Etat qui ont souvent puisé dans des
« Grands Récits » – ces structures de représentation, à prétention
unique et uniforme, liant le passé, le présent et l’avenir en un tout cohérent
autour d’une fin - pleins de promesses d’émancipation - au nombre desquels on
compte les Lumières et l’affranchissement de l’ignorance, le récit spéculatif hégélien
sur la réalisation de l’Esprit, le marxisme et la libération de l’aliénation ou
de l’exploitation de l’homme par l’homme, et le libéralisme qui mettrait fin à
la pauvreté -, les éléments avec lesquels ils ont couplés la catégorie d’émancipation -
minorité, ténèbres, aliénation ou assignation à une place – afin d’en assurer
la crédibilité.
Désormais, la notion d’émancipation est exposée
à quatre questions : celle de ses contenus, celle des échecs dans lesquels
elle a été enfermée, celle de la dissolution des récits de l’émancipation, et celle
de sa reprise possible actuellement, du moins si l’on ne veut pas voir prévaloir
autour de nous un scepticisme généralisé ou une atomisation des sociétés.
Qu’est-ce qui réunit et sépare le Wilhelm Meister (1795, Goethe), Les malheurs de Sophie (1859, Comtesse
de Ségur), L’Insurgé (1879, Vallès), Les damnés de la terre (1961, Fanon), et
Rouge dans la brume (2011,
Mordillat) ? Ce n’est pas seulement un même usage du terme et un « deuxième
âge de l’émancipation », comme l’affirme Dominique Méda à l’égard de la
cause féministe (2007). C’est un jeu de tension complexe portant sur la
signification (émancipation par l’extérieur, auto-émancipation, libération),
l’objectif (une fin ou un processus), les modalités (éducation, révolution,
subjectivation) et le sujet de l’émancipation (l’esprit, les travailleurs, les
femmes, les Noirs, ...). Encore vif de nos jours, l’examen de ce jeu, surtout
si l’on veut répondre aux questions énoncées ci-dessus, nous conduit face à
l’opposition majeure de cinq discours et échecs de l’émancipation.
1
– la forme juridique, puisque l'émancipation est d'abord un concept de ce type
indiquant le passage du statut légal de minorité à celui de majorité. En toute
rigueur, dans le droit romain ou le code civil, le verbe pronominal « s'émanciper
» n'existe pas : on est émancipé par la loi, par le père ou par le tuteur, c’est-à-dire
par la puissance qui détient l'autorité. Il reste que cette forme a été étendue,
au-delà de l’adolescent, au droit des communautés et des minorités, ainsi qu’aux
divers différencialismes, tous référés alors à l’Etat et au droit.
2
– La forme d’une Idée critique de la raison : il s’agit de l’idée
progressiste de l’émancipation élaborée par les Lumières. Ces dernières posent
l’émancipation comme but à atteindre et confient à des spécialistes de l’éducation
le soin de réduire l’écart entre la réalité et ce but. Souvent enfermée dans un
jeu d’instruction et de connaissance indexé sur la raison, on doit aussi aux Lumières l’idée d’un parallèle entre l’émancipation
juridique de l’enfant et l’émancipation des peuples dans l’histoire (en « oubliant »,
ainsi que le rappelle Theodor W. Adorno, la colonisation, les dominations, ...).
Sur ce modèle, le président des Etats-Unis Abraham Lincoln déclarait l’émancipation
du pays par rapport au monde Britannique. Sur ce modèle encore, au XIX° siècle,
se développe aussi le thème de l’émancipation religieuse : elle consiste
à se prouver qu’on appartient bien à la société et qu’on participe à l’espace
collectif. Ainsi la personne émancipée veut-elle, doit-elle prouver qu’elle
n’est pas simplement un être de besoins (satisfaits grâce à d’autres), mais un être
de raison parmi les autres êtres de raison. Balzac le rappelle encore dans La maison du chat qui pelote, en détaillant
l’instruction d’Augustine à l’encontre des préjugés. S’émanciper, c'est s’affirmer
comme sujet, s’emparer d’un droit ou le créer, donc s’élever contre quelque
servitude (qu’il faut reconnaître). Mais ce type d’émancipation,
pensé comme unique et uniforme, demeure non moins canalisé par son rapport à
l’Etat (C’est
sur lui que s’appuie encore Jürgen Habermas, dans Le Discours philosophique de la modernité, 1985, Paris, Gallimard,
1988).
3 et 3 bis – La
forme d’une pratique critique déployée par les avant-gardes révolutionnaires liées
aux rapports sociaux salariaux. L’émancipation engendrerait une société dans
laquelle la politique deviendrait centrale et ne laisserait plus la critique
aux mains des seuls éducateurs. Elle dessinerait un horizon de l’histoire des
luttes. Mais cette dernière conserverait sa forme unique, liée à une fin unique...
Sur ce plan, les options sont d’ailleurs parfois complexes, au sein des
pratiques de la classe ouvrière du XIX° siècle, comme au sein des théories qui
les soutiennent, puisque, en un autre sens, Karl Marx, par exemple, dans La Question juive, mêle hardiment
l’émancipation civique, politique, humaine et juridique : « L’émancipation
politique du juif, du chrétien, de tout homme religieux en somme, est l’émancipation
de l’Etat à l’égard du judaïsme, du christianisme, de la religion en général.
Dans sa force, de la manière qui lui est propre, en tant qu’Etat, l’Etat s’émancipe
de la religion, en s’émancipant de la religion d’Etat, c’est-à-dire en ce que,
comme Etat, il ne professe aucune religion, mais au contraire se reconnaît
comme Etat ». Il ne suffit donc pas de s’émanciper politiquement de la
religion, si on ne sait pas émanciper la politique de la religion, et par conséquent
poser un Etat politiquement affranchi. Où revient l’idée d’un Etat éducateur,
sous la forme d’une émancipation imposée. Cette forme de pratique critique de
la critique reste pensée comme unique et uniforme au sein des avant-gardes, même
si elle est modifiée par certains membres de l’Ecole de Francfort qui posent,
de nos jours, le problème de l’émancipation autrement, au-delà du rapport au
salariat, ouvrant droit à une nouvelle critique récente, celle d’Axel Honneth appuyée sur la notion de reconnaissance.
4
– La forme d’un processus ou d’une bataille interminable qui se refuse à se
contenter de l’exercice de la critique. S’émanciper, c’est ignorer la nécessité
toujours imposée et quitter sa place (aussi bien dans le salariat que dans les
mœurs). Dans ce geste, appuyé sur le principe de l’égalité, l’émancipation se
reconvertit dans le thème politique de la multitude
de nos jours. Les combats entrepris par les Noirs, les femmes, … ont fait de l’émancipation
une ressource de lutte contre la loi établie, dès lors qu’elle ne fait pas
droit à chacun. Enfin, ce thème peut être converti en un principe d’une
politique de la subjectivation, ainsi qu’il en va chez Jacques Rancière.
Si
l’on exclut de notre approche la forme juridique parce qu’elle demeure trop
faible, il est clair que nous nous retrouvons face à quatre discours majeurs de
l’émancipation, dont beaucoup demeurent engagés dans la défense d’une
perspective une et homogène. Il y a entre eux matière à conflit, mais ils se
partageant en deux sous-ensembles, pivotant autour du rôle que l’on veut faire
jouer à la notion de critique, entendue ici au sens du XVIII° siècle, ainsi
qu’autour de la conception de l’histoire à construire.
En voici la répartition :
1 – L’émancipation
par la critique
L’émancipation
est rendue possible par la critique des savoirs et des actions. Mais sous l’égide
d’experts (les intellectuels). Et cette critique de la domination spirituelle
est téléologique (elle vise une libération et sa fin est inscrite dans son commencement).
Cf. Les Lumières, Immanuel Kant, le républicanisme
contemporain, ...
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2 – L’émancipation
critique
L’émancipation se fait praxis dans le
cadre d’une critique de la critique. Elle se donne pour la pensée des
pratiques d’émancipation des travailleurs, incluse dans une utopie de la fin
de l’histoire conçue comme émancipation généralisée sous la direction d’une
avant-garde.
Cf. Les socialismes du XIX° siècle, Karl Marx,
...
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3 – La
critique émancipatrice
L’émancipation relève d’une théorie
critique ou de la tâche émancipatrice de la théorie critique, conçue à partir
de l’échec des Lumières : Elle se veut théorie d’un sujet diversifié. Et
veut participer à une émancipation plurielle (mœurs, salariat, ...), sous
condition d’un nouveau consensus (juridique et communicationnel).
Cf. Ecole de Francfort, Jürgen Habermas, ...
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4 – L’émancipation-subjectivation
Suite à l’appel au deuil de l’émancipation
universelle promise par la modernité (Jean-François Lyotard), à la mise en
accusation de l’émancipation des Lumières pour fait de normalisation (Michel
Foucault), et à la définition d’une politique des « lignes de
fuite » (Gilles Deleuze), on pourrait affirmer que l’idée d’émancipation
n’a plus d’intérêt théorique et pratique. Mais cela ne revient-il pas à
prendre le risque d’un nouveau positivisme ou d’un pessimisme inconséquent ?
Ne peut-on envisager de définir une émancipation toujours à renouveler, y
compris sur le plan de la définition du concept d’émancipation ?
Cf. Jacques Rancière, ...
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Il faut maintenant cerner
l’essentiel de ce que nous pouvons envisager désormais autour de cette notion,
si l’on ne souhaite pas livrer ce monde au cynisme et au statu quo. Et ce qui est sans aucun doute essentiel est fort bien
suggéré par Ernesto Laclau, dans son
ouvrage Jenseits von Emanzipation (in
Emanzipation und Differenz, Vienne :
Turia und Kant, 2002, 23-44). Cet auteur affirme que nous ne pouvons plus
parler, aujourd’hui, que d’une pluralité d’émancipations, au lieu de parler d’émancipation
au singulier. Le fait que nous ne sachions pas distinguer et délimiter
clairement ces formes les unes des autres, actuellement, provient précisément de
notre difficulté à penser notre présent sans référer à un discours unique et
unifiant. Or, nous ne pouvons plus trouver une raison unique à laquelle
puissent être réduites les luttes émancipatrices. Sans ce fondement - sans le
postulat d’une raison unique et uniforme de la société -, il n’existe plus non
plus d’unité possible des luttes. Nous ne pouvons plus nous représenter les
sociétés dans lesquelles nous vivons comme divisées de façon unique et nous ne
pouvons pas tracer de ligne de séparation nette au moyen de laquelle notre intérêt
émancipateur délimiterait un élément de la société qui devrait devenir le
moteur de sa transformation.
En un mot, nul ne peut plus s’identifier à un sujet qui représenterait
la raison de la société de façon universelle, sans discussion, délibération et
choix collectif remaniable. Y aurait-il par conséquent malaise dans l’émancipation ?