Opacité ou citoyenneté ?
Divulgation des salaires des partons et des
vedettes, un tel « dit tout sur... », ou fait des révélations, et
Twitter de prétendre « tout diffuser ». A l’encontre de l’obscur et
du corrompu, s’agit-il de transparence ou seulement d’une prétendue « visibilité
sociale » proche du voyeurisme et de la traque/dénonciation
publique ?
La transparence, on la réclame en matière
politique, à l’encontre de l’opacité. Elle passe pour la mère de toutes les
vertus. A juste titre ! Mais sans doute pas au titre de la divulgation sur
Internet des feuilles d’impôt des citoyennes et des citoyens pour qu’elles
soient commentées (injuriées ou défendues), sans règles du jeu ! Et
d’ailleurs, si on fraude, on ne déclare pas sa fraude sur sa feuille d’impôt,
par définition. Et surtout, la non-divulgation (l’opacité pour tous, mais pas nécessairement
pour les autorités) n’est pas nécessairement la corruption.
Il faut donc distinguer le couple
obscur-transparence du couple suspicion-confiance (ou du moins crédibilité de
la parole publique).
Si la transparence comporte un présupposé de
vertu, nul ne doit se laisser dériver de la morale républicaine à l’Ordre
moral ! A l’époque, d’ailleurs, où beaucoup se plaignent, à l’inverse, de
l’immense visibilité (un peu nauséeuse) que rend possible Internet. Quelle est
la bonne mesure ? A moins que ce ne soit pas la bonne question ?
De la transparence (définition), on retient
d’abord qu’il s’agit d’un terme polémique, elle s’oppose au secret, au caché, à
l’opaque. Ce qui est transparent est sans tache, n’est pas altéré. L’idée de
transparence (d’un pouvoir, d’une décision, d’une conscience) est celle d’une
quasi absence de limite entre deux points. La transparence advient lorsque la
limite se resserre en un cercle parfait, sans rien d’extérieur. La notion
enveloppe deux axes : rester ce que l’on est (ontologie), dire-vrai et
tout dire (éthique et politique). Cela dit, la notion a aussi des origines théologiques :
Ëtre de verre, envers Dieu. Cela est
exigible envers Dieu : mais ce serait une balourdise, dit-on durant l’époque
médiévale, envers les hommes et entre les hommes… Car dans le monde règnent
mille facettes, surprises et infortunes, retournements de faveur, et seulement
parfois la finesse de goût et les manières.
Sous un autre aspect, la transparence a
effectivement fait le lit de la démocratie, dès lors que cette dernière appuie
la loi sur la transparence de la volonté du peuple opposée au secret
monarchique. C’est en ce sens que l’on réclame la transparence des décisions. A
condition, bien sûr, d’en éclairer le statut. En tout cas, elle ne doit pas être
confondue avec la rumeur, le lynchage, le « à voir » (mondain), et
justement le « mentir-vrai » dans lequel on la traduit
habituellement.
Mais cela valait aussi pour la constitution de
la cité, pour les Grecs : La transparence y fonctionne comme ce qui doit être
dit afin que la cité perdure. Elle s’apparente au franc-parler, conçu comme
armature essentielle de la Politeia
(Athènes). Celui du chef qui use de son droit de franc-parler, celui du
conseiller, celui du public, et celui de l’individu (l’aveu ?).
Souvenons-nous de Œdipe ou de Ion (Euripide ou Sophocle) et de leur recherche
de la vérité. Dès lors que la transparence est brisée, le chaos s’installe. Œdipe
doit s’exclure de la cité afin que la transparence se rétablisse.
Au cœur de la crise des pratiques politiques
(non des orientations), il convient donc sans doute de ne pas céder à une
simple inversion (obscur ou transparence), mais d’amplifier le débat. Et de préciser
les couplages à partir desquels réfléchir : obscur-transparence n’est pas
identique à suspicion-confiance (ou crédibilité), et celui-ci n’équivaut pas
non plus au couple corruption-lien, si corrompre consiste bien à rompre le lien
(cor = cum, avec).
Au passage, signalons à nos lecteurs que nous
accueillons dans le Spectateur européen deux nouveaux membres, qui signent ici
des traductions : Gunnar Nisser (Suédois) et Anthony Tchako (Italien).
Pour compléter ce point de vue, nous renvoyons aussi nos lecteurs
au site : http://europa.eu/citizens-2013/de/home
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Eine tragische Ironie : Niemand glaubt
wirklich, Europäer könnten eine europäische Idee umsetzen. Was ist das überhaupt,
die europäische Idee ? Zu Ende gedacht, ist damit gemeint : au seiner
Ansammlung zahnloser Kleinstaaten, die sich gegenseitig die Schulden
zuschieben, den grössten Superstaat der Welt zu machen – die Vereinigten
Staaten von Europa.
Bei uns, Europäer, dauerte die Verwirklichung
der Demokratie von der Idee bis zur Verfassung etwa 200 Jahre. Dasselbe gilt für
eine vereingte Föderation. Wo liegt das Problem ? Europa, das sind lauter
((rien que) konkurrierende Kleinreiche, die sich am liebsten nur mit ihrem
eignem Bauchnabel beschaftigen und ab und zu über ihre Nachbarn mekern wollen.
Stimmt schon. Ein föderales Europa bedeutet einiges an Opfern. Jedes Euro-Fürstentum
muss ein Stück Souveränitat abgeben.