Deux municipalités successives, politiquement opposées, ne furent pas de trop pour mener ce projet à son terme, l’accentuant chacune un peu différemment. Le résultat est condensé en un Jardin des Deux Rives qui réconcilie les deux rives du Rhin, fleuve-frontière, non sans annoncer un prochain développement urbain vers le fleuve, tant de la part de Strasbourg que de Kehl. Lieu de rencontres et d’échanges, le Jardin devient un espace public transfrontalier, qui sans nier des histoires spécifiques, les associent avec ce projet européen.
“ L’invitation a été placée sous le signe de l’articulation entre l’échelle du corps et celle du paysage, explique Catherine Grout (chargée de mission par la Ville de Strasbourg pour la direction artistique des projets). Les artistes ont été conviés à réfléchir sur une œuvre qui proposerait aux visiteurs une expérience sensible voire un éveil de leurs sens. Les artistes se sont ainsi plu à imaginer des architectures, des situations ou des éléments de mobilier se déclinant en plusieurs formes et usages. ”
Avant d’approcher ces réalisations, il convient de rappeler qu’en matière d’art contemporain, il ne s’agit pas seulement de regarder ou de faire adhérer le regard à quelque chose. Les œuvres adoptent d’autres stratégies. Dans ce Jardin, en effet, le promeneur est convié à des expériences sensorielles renouvelées durant le temps des parcours : exercices au cœur d’aires de repos, exercices d'écoute ou d’observation, initiation à la jonction des rives, confrontation du corps et des éléments, exercices ludiques pour tous les âges, ou lieux aménagés pour les amateurs de pêche, de faune ou de flore.
Tout en pratiquant ces exercices, le promeneur ressent enfin la totalité du Jardin, perceptible uniquement au rythme des pas. Les œuvres sont dispersées selon une logique de la dissémination, du décentrement, de la rupture des perspectives, favorisant ainsi une richesse de points de vue sur soi et sur l’autre, sur l’autre rive. D’une certaine façon, elles privilégient la légèreté, la fantaisie, la poésie et une dimension joyeuse, sans interdire un niveau de fonctionnalité architecturale réel ou fictionnel.
La diversité des œuvres est au rendez-vous puisque Philippe Lepeut, avec Amer 6 (du nom du repère kilométrique sur le Rhin) édifie une cabane surélevée à laquelle on accède par une rampe. Un treillis s’y accroche, abritant du soleil et servant de tuteur à des plantes grimpantes. Sylvie Blocher, avec L’autre côté, propose une œuvre dans laquelle s’installer comme en lévitation pour regarder l’autre côté, pour mieux soupeser le lien et la distance, le présent et l’histoire, soi et l’autre. Andrea Blum, avec une œuvre constituée de deux espaces, Sleep et Drink, a conçu deux structures offrant au visiteur des occasions de repos. Akio Suzuki avec Izanai 2004 et Otodate-steps incite à l’écoute privilégiée de l’espace sonore du jardin. Enfin, Tadashi Kawamata, avec son Garden Folly’s and Wooden Structures, dispose une multiplicité de structures et d’architectures en bois de mélèze, comme semées dans le jardin.
Utopie européenne ? Pour une part, sans doute. Mais surtout réconciliation démultipliée : avec l’autre (sur la frontière), la nature, le fleuve, par des artistes de toutes provenances, et avec l’art contemporain !
“ L’invitation a été placée sous le signe de l’articulation entre l’échelle du corps et celle du paysage, explique Catherine Grout (chargée de mission par la Ville de Strasbourg pour la direction artistique des projets). Les artistes ont été conviés à réfléchir sur une œuvre qui proposerait aux visiteurs une expérience sensible voire un éveil de leurs sens. Les artistes se sont ainsi plu à imaginer des architectures, des situations ou des éléments de mobilier se déclinant en plusieurs formes et usages. ”
Avant d’approcher ces réalisations, il convient de rappeler qu’en matière d’art contemporain, il ne s’agit pas seulement de regarder ou de faire adhérer le regard à quelque chose. Les œuvres adoptent d’autres stratégies. Dans ce Jardin, en effet, le promeneur est convié à des expériences sensorielles renouvelées durant le temps des parcours : exercices au cœur d’aires de repos, exercices d'écoute ou d’observation, initiation à la jonction des rives, confrontation du corps et des éléments, exercices ludiques pour tous les âges, ou lieux aménagés pour les amateurs de pêche, de faune ou de flore.
Tout en pratiquant ces exercices, le promeneur ressent enfin la totalité du Jardin, perceptible uniquement au rythme des pas. Les œuvres sont dispersées selon une logique de la dissémination, du décentrement, de la rupture des perspectives, favorisant ainsi une richesse de points de vue sur soi et sur l’autre, sur l’autre rive. D’une certaine façon, elles privilégient la légèreté, la fantaisie, la poésie et une dimension joyeuse, sans interdire un niveau de fonctionnalité architecturale réel ou fictionnel.
La diversité des œuvres est au rendez-vous puisque Philippe Lepeut, avec Amer 6 (du nom du repère kilométrique sur le Rhin) édifie une cabane surélevée à laquelle on accède par une rampe. Un treillis s’y accroche, abritant du soleil et servant de tuteur à des plantes grimpantes. Sylvie Blocher, avec L’autre côté, propose une œuvre dans laquelle s’installer comme en lévitation pour regarder l’autre côté, pour mieux soupeser le lien et la distance, le présent et l’histoire, soi et l’autre. Andrea Blum, avec une œuvre constituée de deux espaces, Sleep et Drink, a conçu deux structures offrant au visiteur des occasions de repos. Akio Suzuki avec Izanai 2004 et Otodate-steps incite à l’écoute privilégiée de l’espace sonore du jardin. Enfin, Tadashi Kawamata, avec son Garden Folly’s and Wooden Structures, dispose une multiplicité de structures et d’architectures en bois de mélèze, comme semées dans le jardin.
Utopie européenne ? Pour une part, sans doute. Mais surtout réconciliation démultipliée : avec l’autre (sur la frontière), la nature, le fleuve, par des artistes de toutes provenances, et avec l’art contemporain !
Catherine Groult