Josette Delluc
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Im Internet
kursieren zahllose Fotos von Politiker. Sie geben uns nonverbale Signale.
Manche Körpersprachenexperte interpretieren ihre Haltungen und Handhaltungen.
Und was ist es denn über ihre Rede ? Wie argumentiren sie ? Haben sie
nicht immer wieder zum Geschichte angerufen ? Zum Beispiel in Frankreich.
Fransa’da yeni Cumhurbaskanlari goreve gelmesiyle ilk gorevleri genelikle
temsilcilik hakkindadir. Cumhurbaskani tarihi gecen portresinin nasil olacainin
kararini vermesi gerekiyor. Portrenin nerede yapilacagi, hangi renklerle, ve
hangi giysilerle yapilacagi son derece onemli bir siyasi mesaj teskil etmekte.
Pierre Henri Latrigue’in kisa devrimi, yeni Giscard d’Estaing doneminde
gerceklesmisti. Ardindan Francois Mitterrand, Gisèle Freund’e poz vererek geleneklere
karsi cikmisti. Bu secimleri, sol partinin iktidara gelmesinin mesryuitenin
ifade etmek istemisti. Mitterand bu secimi yaparak bir dusunur oldugunu
vurgulumak istemisti.
In France, one of the new President’s first
actions tackles the notion of representation. He must determine the
official portrait that marks his entering in history. The formal aspects,
as well as the place, the clothes and the attitude all add to the image’s
impact. Thus, the small revolution started by Pierre Henri Lartigue’s
photograph, placed Valéry Giscard d’Estaing in a new era, one of a young
president initiating reforms. Then, returning to tradition, François
Mitterrand poses for gisèle Freund in the Elysée’s library, similarly to de
Gaulle and Georges Pompidou. By this choice, he affirms the left’s
legitimacy to access to power and presents himself as a reader of his time,
attached to heritage; a man of thoughts.
En Francia,
uno de los primeros actos del nuevo presidente después de asumir el cargo se
trata de la representación. Debe decidir el retrato oficial que marca su
inscripción como tal en la historia. El aspecto formal tanto como la actitud,
la ubicación, las características, la ropa le dan sentido a la imagen. Así
pues, la revolución de cliché Pierre Henri Lartigue, se encuentra en una nueva
era de Valéry Giscard d'Estaing, presidente Young anunció que las reformas.
Luego de regresar a la tradición, François Mitterrand posa para Gisèle Freund
en la biblioteca del Elíseo como el general De Gaulle y Georges Pompidou.
Mediante esta opción se afirma la legitimidad del acceso al poder de la
izquierda, y decidió presentarse a sí mismo como un jugador de su tiempo
conectado a la herencia textos, un hombre de pensamiento.
In Francia, uno
dei primi atti del nuovo presidente della Repubblica dopo il suo insediamento è
di carattere protocollare. Deve decidere del ritratto ufficiale che segna il
suo ingresso, con il titolo di Presidente, nella storia francese. L’aspetto
formale, quanto l’attitudine, il luogo, gli attributi, i vestiti danno un
valore all’immagine. Cosicché la piccola rivoluzione del cliché di Pierre Henri
Lartigue, localizza nella nuova era Valéry Giscard d’Estaing, giovane
presidente che annuncia le riforme. Poi, tornando alla tradizione, François
Mitterand posa per una foto davanti a Gisèle Freund nella biblioteca dell’Elysée
come il generale De Gaulle e Georges Pompidou. Da questa scelta
afferma/dichiara la legittimità dell’accesso della sinistra al potere, e decide
di presentarsi come un lettore del suo tempo legato ai testi patrimoniali,
un’uomo di pensiero.
Les Présidents et l'histoire :
En
France, un des premiers actes du nouveau président de la République, après sa
prise de fonction est de l'ordre de la représentation. Il doit décider du
portrait officiel qui marque son entrée, à ce titre, dans l'histoire. L'aspect
formel autant que l'attitude, le lieu, les attributs, le vêtement donnent du
sens à l'image. Ainsi la petite révolution
du cliché de Pierre Henri Lartigue, situe dans une nouvelle ère Valéry Giscard
d'Estaing, président jeune qui annonce des réformes. Puis revenant à la
tradition, François Mitterrand pose pour Gisèle Freund dans la bibliothèque de
l'Élysée comme le général de Gaulle et Georges Pompidou. Par ce choix il
affirme la légitimité de l'accession de la gauche au pouvoir, et, décide de se
présenter comme un lecteur de son temps attaché aux textes patrimoniaux, un
homme de la pensée. Le lien entre le passé et présent, l'exemple à suivre
ou rejeter, sont des questionnements inhérents
à l'exercice du pouvoir. C'est sans doute pourquoi, Emmanuel Laurentin a
entrepris, de traiter dans son émission: la Fabrique de l'histoire, le
thème de l'imaginaire historique des hommes et des femmes politiques en
France1. Pour cela il diffuse des entretiens avec des femmes et hommes
politiques interrogés en 2007 ou 2012, candidats ou non aux présidentielles.2
Ces
entretiens mettent en lumière le fil reliant conception de l'histoire, et
projet politique.
L'historien
Patrick Garcia3 apporte son concours dans la dernière émission. S' interrogeant
sur le type de rapport au temps des présidents successifs de la Ve République,
il les classe en trois groupes. Il note en premier lieu une proximité entre le
général de Gaulle et François Mitterrand, car tous deux sont attachés au récit
national: une «idée de la France» pour le premier, une «vision de la France»
pour le second.
Puis il rassemble Georges Pompidou et
Valéry Giscard d'Estaing, reliés estime-t-il par leur volonté de modernité.
L'histoire ne serait pour eux qu'un fardeau qui empêcherait la France de
s'européaniser alors que l'économie et la géographie seraient plus précieuses
pour se tourner vers le futur.
Enfin Jacques Chirac et Nicolas
Sarkozy auraient en commun de « ré-envisager » l'histoire, chacun à sa manière.
Jacques Chirac reconnaît le 16 juillet 1995 la responsabilité de la France dans
la Déportation et ouvre la voie à de nombreux débats et revendications. Nicolas
Sarkozy effectue un repli sur le roman national, mais sans qu'il soit permis de
discerner la cohérence du projet.
Le roman national articule l'échelle
chronologique
Il
ressort de ces entretiens, et cela n'est
pas surprenant, que l'histoire familiale des personnes interrogées est
principalement marquée par les guerres du XXe siècle.
En
ce qui concerne les deux conflits mondiaux, les morts, les déplacements, les
difficultés économiques ont été traumatisants. Malgré la difficulté à exprimer
l'indicible, les témoignages directs ont été nombreux, l'horreur de cette
barbarie a été transmise aux enfants et petits-enfants devenus adultes.
La mémoire
de la Guerre d'Algérie, a la particularité de poser le problème moral et
politique de la colonisation et celui de la division au sein des familles et
des partis.
Par
ailleurs, sur la question des origines, les intervenants s'accordent autour
d'un héritage commun. Les valeurs philosophiques et politiques nées à Athènes,
celles de l'organisation de l'État mises en place à Rome sont unanimement
reconnues comme un idéal fondateur.
Chacun
décrit son roman national. Patrick Garcia qualifie de «Clio nostalgie» l'énumération
de Nicolas Dupont-Aignan qui inscrit l'État moderne en continuité de la longue
chaîne des rois du Moyen-Age.
Quant
à la Gauche, elle se reconnaît dans la période des «Lumières» et de la Révolution
française. Il faut cependant, souligner des distinctions. Daniel Cohn-Bendit
apporte un soutien inconditionnel aux «sans-culottes», comme Marie-Georges
Buffet aux femmes qui marchèrent sur Versailles, alors que Jean-Luc Mélanchon
affirme son admiration pour les héros tels Robespierre et Saint-Just. Pour sa
part François Hollande propose l'exemple de Condorcet le savant et révolutionnaire préoccupé par la
mission éducative du Nouveau Régime.
Certains
choix peuvent étonner et brouiller les repères. Visiblement, François Bayrou
identifie son destin à celui du général de Gaulle en évoquant «l'émouvante
figure de la traversée du désert», alors que François Hollande avoue son
admiration pour Henri IV le réconciliateur de la nation et que Jean-Luc Mélanchon
surprend lorsqu'il loue le génie politique de Louis XI.
D'autres
«concilient les contraires» ajoute Emmanuel Laurentin en nommant, François Bayrou
capable de réunir dans son panthéon Robert Schuman et le général de Gaulle, et
Corinne Lepage qui mentionne à la fois,
le général de Gaulle et Pierre Mendès-France.
Une échelle géographique s'impose
aujourd'hui
Tous
convoquent les grandes figures de la paix ou de la non violence lorsqu'ils sont
invités à dépasser le cadre national. Martin Luther King est cité par Jean-François
Copé, comme par José Bové ou François Hollande. Ces derniers sont rejoints par
François Bayrou dans l'évocation du Mahatma Gandhi. Mais l'ensemble des propos
fait apparaître que le partage d'un certain imaginaire politique ne résiste pas
à la pratique.
Ainsi l'Europe occupe une place
d'honneur dans le discours de chacun, une Europe rêvée, cependant, lorsqu'il
s'agit d'aborder des modèles politiques ou économiques comme la question de la
supranationalité, les clivages entre les partis sont réaffirmés. Cette
discordance est inquiétante pour l'Union Européenne, association unique, née et
construite par l'action collective, mais
à laquelle l'abandon des principes communautaires a infligé de graves
dysfonctionnements institutionnels.
Alors
que certains hommes politiques se cramponnent au maintien de l'Europe des
nations, les autres observent les nouveaux équilibres géopolitiques. Ils
expliquent comme Patrick Garcia et Christophe Prochasson, historiens du temps
présent, que la pertinence n'est plus au récit national, l'histoire aujourd'hui
se conçoit à l'échelle européenne et mondiale. Patrick Garcia cite Michel
Rocard s'adressant au MEDEF4: «les souverainetés nationales ont dépassé leur
stade d'efficacité, elles entrent dans la période de nuisance.». Cette réalité
ne nie pas les héritages et oblige au respect de l'Autre. C'est ce que nous
entendons lorsque Daniel Cohn-Bendit5 évoque ses rencontres encore enfant avec
des exilés politiques de tous pays, ou lorsque José Bové se réfère à la révolte
de la Boston Tea Party, leur réflexion dit l'historien s'inscrit dans une
histoire de la «mondialité». En ce sens, Daniel Cohn-Bendit confie à Emmanuel
Laurentin que pour lui: «Nous sommes tous des Juifs allemands» fut l'un des
plus beaux slogans de Mai 1968, non parce que cette idée est née de son exemple
personnel mais parce que au contraire elle était universaliste.
Les
historiens démontrent que les bouleversements de la fin du XXe siècle et le début
du XXIe entraînent un «décentrement» de l'histoire, elle est aujourd'hui appréciée
selon une échelle géographique et fondée
sur la reconnaissance des valeurs
universelles. C'est pourquoi, pouvons-nous ajouter, l'annonce de la création de
la Maison de l'histoire de France a fait débat, ce projet dénote une régression
par rapport au Musée des Arts Premiers inauguré en 2006. Fidèle à sa vocation
première, le Louvre a rejoint, depuis 1992, une vingtaine de musées d'Europe et
d'Amérique du Nord qui ont signé une «Déclaration sur l'importance et la valeur
des musées universels».
La célébration
du cinquantenaire de l'indépendance algérienne en 2012 pourrait contribuer à
rappeler les effets de la domination impérialiste et coloniale et permettre d'éradiquer
le nationalisme. Pourtant, au cours de l'émission nous comprenons que
l'imaginaire historique souvent généreux, ne résisterait pas à la realpolitik.
Mais
ce n'est pas la déception qui l'emporte à l'écoute de ces entretiens, au
contraire sincères et spontanés, éloignés des propos de campagne électorale,
ils donnent la possibilité d'entendre la diversité et de se réjouir du
pluralisme caractéristique de notre république, ainsi, la déclaration de
Jean-François Copé «enfant de mon pays» s'oppose à la «tendresse pour l'humanité» de
Jean-Luc Mélanchon. Ces confessions dressent un état de la politique en France.
Pour François Hollande, «l'histoire permet de comprendre le réel... de prévoir
l'essentiel mais à condition de savoir relativiser..». L'émission d' Emmanuel
Laurentin aide l'auditeur, au moyen de l'histoire, à mieux connaître ces femmes
et ces hommes qui ont l'ambition de faire face au suffrage. Certains sont ou
seront6 candidats à la fonction suprême. Savoir «ce qu'ils doivent à l'histoire»
est enrichissant pour l'électeur français laissé seul, confronté à la difficulté
de la démocratie directe, d'autant que
la pratique politique concentre l'exécutif en la personne du chef de l'État.
Il
revient au citoyen, par son vote, d'accorder à l'élue ou l'élu cette place dans
l'Histoire.