Frédéric Darmau
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Michel Collot bir manzara filozofu. Bu konu hakkinda pek cok calismasi
bulunan Collot, yeni kaleme aldigi bir eserde, bu konuyu Avrupa cercevesinde
dusunuyor. Buarada analizinin temel hatlarini sizlere sunuyoruz.
Michel
Collot is a philosopher of landscape. Having studied this general
question at great length in numerous works, he now tackles the issue from a
European perspective. We present the main parts of this analysis.
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El filósofo de paisaje Michel de Collot. Después de haber trabajado
intensamente en esta cuestión general, viene en su último libro, a mostrar que
este problema toca toda Europa.
Presentamos aquí la mayor parte de su análisis.
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Michel Collot è un filosofo del paesaggio.
Avendo consacrato numerosi lavori a questa questione molto generale, esso
riflette, nel suo ultimo libro, sulla stessa domanda ma questa volta al livello
dell’Europa. Presentiamo qui l’essenziale della sua analisi.
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Liminaire :
« L’Europe apparaît aujourd’hui à beaucoup de ses citoyens comme une
machine technocratique, ou un vaste marché. Si l’on veut lui donner une âme et
construire son unité, il faut se tourner vers son patrimoine culturel et
chercher en lui ce qui peut parler le plus directement au x Européens par-delà
les frontières ». Le présupposé est bien connu, l’unité est homogénéité,
et elle se trouve garantie par le passé. Nonobstant cela, le propos se
poursuit : « mon hypothèse est que le paysage est un des lieux dans
lesquels une identité européenne peut s’incarner et se construire. Lieu de mémoire,
mais aussi lieu de rencontre et horizon de la construction européenne ».
D’ailleurs rappelle Michel Collot dans son dernier
ouvrage La pensée-paysage (Actes
Sud, 2011, p. 79sq), George Steiner a fait récemment du paysage un des quatre
piliers de l’identité culturelle de l’Europe. « Pour que la notion
d’Europe ne reste pas une entité lointaine et désincarnée, il faut la faire
vivre dans l’expérience concrète de ses habitants ».
Et voilà le passé qui revient : « S’il y a une
culture européenne, elle commence avec l’agriculture et la gestion des espaces
naturels ; elle inclut les usages sociaux et quotidiens de ces espaces que
sont l’urbanisme et le tourisme ». Et elle se prolonge dans l’art. Aussi, « Le
paysage permet donc d’ancrer l’identité européenne à la fois dans l’expérience
la plus commune et la plus concrète et dans la culture la plus savante ».
Ce qui intéresse l’auteur dans ce constat, c’est une
opposition. « La définition classique de l’identité européenne tend à l’identifier
avec quelque notion abstraite : la liberté individuelle, la nation, la
raison… Le paysage fournit au contraire un fondement sensible » à l’idée
européenne. L’auteur se méfiant de lui-même, prend alors conscience du fait que
ce discours risque bien de l’entraîner du côté d’une démarche irrationnelle. Il
corrige alors son propos en prétendant s’orienter plutôt vers une « autre
rationalité ».
Il construit la suite de son texte en en appelant à des
recherches sur les rapports entre les lieux géographiques et les topologies
symboliques. « Il me semble que le paysage a joué et peut jouer encore
dans l’avenir un rôle important dans cet échange entre l’expérience concrète et
les constructions symboliques, entre les identités locales et nationales et une
identité européenne en devenir », ajoute-t-il en valorisant l’idée de
Pierre Nora, selon lequel il conviendrait d’élaborer un projet de rencensement
des lieux de mémoire européens (les fleuves, les grands massifs, …). Rappelant
que l’invention du paysage a coïncidé avec la découverte de terres nouvelles et
lointaines, qui ont considérablement élargi la vision du monde des européens,
Michel Collot pense que le paysage peut apparaître comme un espace
transitionnel, qui offrirait un modèle pour concevoir une identité ouverte sur
l’altérité.
A quoi s’ajoute que, l’examen des rapports entre le
paysage et la nation aidant, la conception européenne du paysage, en art
notamment, aurait largement débordé les frontières nationales. En ce sens,
aurait existé une culture européenne du paysage irréductible aux seules frontières
des nations constitutives de l’Europe.
Le terme paysage lui-même serait le fruit d’une
collaboration internationale. Le mot serait apparu en français, dans les
milieux des artistes italiens travaillant à la décoration du château de
Fontainebleau. Il serait le fruit d’une collaboration franco-italienne. Il
devient rapidement un bel exemple de tradition d’une langue à une autre. Il
suit simultanément les foyers de création artistique dans toute l’Europe. « On
peut donc dire que la notion et l’art du paysage sont dès l’origine largement
européens ». Et l’auteur de poursuivre son exploration au travers des œuvres
de Poussin et de Claude Lorrain.
Un autre exemple plus récent de ces « convergences européennes »
est fourni par la politique de protection des paysages, entre 1900 et 1930. Les
menaces qui pèsent sur le patrimoine commun de l’Europe ont poussé à faire un état
des lieux des paysages et à chercher des perspectives d’avenir.
Et l’auteur de conclure : « l’identité européenne
qui tend à se dégager de ces réflexions ne saurait résulter de la somme des
identités nationales, ni de leurs synthèse, mais plutôt de leur mise en
dialogue ». Il soutient son raisonnement d’un recours à Edgar
Morin : « si l’Europe, écrit celui-ci, a une identité, elle se
fonde sur sa diversité ; si elle a une unité, elle ne peut être que
plurielle ». Et il conclut : « N’étant plus en mesure d’imposer
sa civilisation comme universelle, elle doit affirmer son identité par la mise
en valeur de sa différence et de sa diversité, menacées par l’impérialisme
d’autres modèles et par une mondialisation uniformatrice ». Le paysage
serait la manifestation la plus probante de cette unidiversité, pour autant que
ce syntagme puisse réunir aussi évidemment que le croit l’auteur Paul Valéry
(l’Europe comme cap, dans La Crise de
l’esprit, 1919) et Jacques Derrida (L’Autre
cap, 1990).