En dehors de la
focalisation sur la « crise », pensée exclusivement en termes économiques
et financiers – stabilité monétaire, taux de change -, qu’est-ce qui meut
encore les européens ?
La paix ? Evidemment, le jury du prix
Nobel a décidé d’honorer en l’Europe le projet de paix le plus réussi (pour
l’instant). L’intégration européenne compte pour exemplaire de la coopération
pacifique des Etats. Mais un honneur suffit-il ? A l’heure de la préparation
du centenaire de la Première Guerre mondiale, les mémoires européennes
devraient effectivement se réveiller et penser la guerre en même temps que les
rapports culturels qui se tissent autour et contre d’elle. Après tout, une
analyse des monuments européens dédiés à la paix, ou contre la guerre, serait
bien instructive.
La grève ? Pour la première fois, il est
vrai, en novembre, les syndicats ont promu une grève européenne, tissant alors
de nouveaux liens entre notre histoire culturelle de la résistance aux
dominations et un avenir de luttes à construire.
L’unité Franco-Allemande ? Elle renvoie à
une histoire commune, tissée de conflits, projets, oublis, malentendus et méconnaissances
entre deux peuples. Elle est relancée par la chute du mur. Mais elle n’a de
signification que si nous apprenons toujours mieux à cerner nos différences et
nos divergences, afin d’échanger des traits culturels plutôt que de les voir
masquer par l’uniformisation produite par les industries de la consommation
culturelle et médiatique.
L’Idée d’Europe ?
Elle est certes précieuse pour nous extraire des simples calculs, de la seule
union économique et monétaire, et de la création d’une banque centrale indépendante.
Mais dans quelle mesure est-elle capable de nous porter plus loin que cela. Que
sont et que font les citoyennes et les citoyens de l’Europe ? Il faut préparer
d’urgence le saut vers la démocratie européenne, sortir des huis clos de ces
dirigeants qui viennent ensuite nous annoncer leurs décisions, en nous priant
de les accepter.
Redisons-le autrement. Le Spectateur européen incite à la discussion publique sur ce que nous
voulons faire, sur ce que nous pouvons faire ensemble politiquement, et fonde
cette incitation sur les traits culturels que nous pouvons croiser sans les
homogénéiser, et sans accepter une soi-disant opposition Nord-Sud intra européenne.
Sans doute existe-t-il un trait commun que nous pouvons inventer : la
discussion publique à l’échelle de l’Europe, ce qui signifie à la fois interne à
l’Europe et externe à elle, puisque rien ne peut se penser, dans cet ordre, en
dehors d’une nouvelle conception des rapports avec les autres ères culturelles.
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Es lebe die europaïsche Freundschaft. Wie
wollen wir zusammenleben ?
Als Ordnungsversuch ist und war die EU eine
Revolution auf diesem Kontinent. Leider, ist die vielleicht bedrückendste
Begleiterscheinung der Euro-Krise die Renaissance des nationalen Vorurteils.
Hemmungslos schlagen sich die europäischen Völker characterliche Zerrbilder um
die Ohren, die man in dieser Ballung lange nicht gehört hat. In der Presse der
Mitgliedstaaten fehlt kein Klischee, vom elektronischen Stammtisch im Internet
ganz zu schweigen. So greifen die Europäer in der Krise auf einen
Erfahrungsschatz über ihre Nachbarn zurück.
War es nicht zu
erwarten, dass eine so tiefgreifende Krise im Plauderton des Frühstücksfernsehens
abgehandelt würde ? Trotzdem dokumentiert der rauhe Umgang eine Niederlage
der EU. Im Grunde scheitert die europäische Einigung auf genau dem Feld, das
immer ihr Hauptanliegen war : den Klischees zu wegschliessen.
Dass die EU-Bürger
einander trotz Binnenmarkt und Freizügigkeint fremd geblieben sind, zeigt, dass
die Europapolitik die Behaarungskraft des Nationalgedankens unterschätzt hat.
Die Welt lebt noch immer im Zeitalter des Nationalstaats, gemessen an der
Menschheitsgeschichte ist er mit seinen zweihundert Jahren blutjung.
In Wirklichkeit ähneln
sich die europäischen Völker mehr als ihnen bewusst ist. Von der Schule über
die Ausbildung bis ins Berufsleben teilen die Nationen Europas ihre Erziehungs-
und Bildungserlebnisse immer nur mit den Meschen, die innerhalb ihrer
Landesgrenzen leben.
Wovon wollen wir
leben ?
Über das deutsch-französischen Jahr, das am 22
september in Ludwigsburg offiziell eröffnet wird.