20120108

Editorial

Ein gutes neues Jahr
E gudd neit Joër
Happy new year
Feliz año nuevo
Feliz ano novo
Felice anno nuovo
Laimīgo Jauno gadu
Un an nou fericit
Štastlivy novy rok
Šťastn´y nov´y rok
Srečno novo leto
Gott nytt år
Mutlu yıllar
Gëzuar vitin e ri
Sretna nova godina
честита нова година
Godt nytår
Head uut aastat
Sretna nova godina
Onnellista uutta vuotta
Head uut aastat
Ath bhliain faoi mhaise
ΚΑΛΗ ΧΡΟΝΙΑ
Boldog új évet
Farsælt komandi ár
Laimingų naujųjų metų
Sena gdida mimlija risq
Gelukkig nieuwjaar
Szczęśliwego nowego roku






            A l’intersection de deux années, 2011 et 2012, Le Spectateur européen est heureux de présenter ses meilleurs vœux à chacun de ses lecteurs. L’équipe du Spectateur, qui incarne une génération de transition entre le monde ancien des nations et le monde de ceux qui sont entièrement nés dans l’esprit européen, souhaite que chacun de ses lecteurs bénéficie en 2012 des moyens qui devraient être mis à sa disposition pour exercer pleinement son rôle de citoyenne et de citoyen européen.
            Loin de considérer que les problèmes qui nous ont décidés à conduire cette publication jusqu’à cette année sont résolus, nous persévérons à croire qu’il est nécessaire de construire l’histoire de la culture européenne à l’époque contemporaine, une histoire qui nous proposerait une synthèse non-nationale et non-homogène, et qui ferait droit à toutes les contributions que nous pouvons attendre de citoyens pensant et agissant à la hauteur de cette échelle inédite de l’histoire du monde.
            En ce début d’année, c’est un historien qui nous convie à prolonger nos travaux. Christophe Charle, dans un recueil d’articles consacrés à l’histoire culturelle (Dix ans d’histoire culturelle, Villeurbanne, Enssib, 2011), revient sur cette question. Il rejoint la liste des auteurs qui alimentent notre réflexion. Entre autres : Donald Sassoon qui a publié The Culture of the Europeans (New York, HarperCollins, 2006), cet ouvrage qui se donne la longue durée et l’espace d’écriture pour ne rien oublier. Mais aussi Gisèle Sapiro, qui se penche sur L’espace intellectuel en Europe (Paris, La Découverte, 2009), et Anna Boschetti, qui prolonge de telles analyses dans L’espace culturel transnational (Paris, Nouveau monde Editions, 2010).
Donald Sassoon précise que, pour parler de l’Europe, seules les larges vues ont de l’intérêt pour autant qu’elles dessinent « un espace de circulation des idées, des œuvres, des formes symboliques où des structures culturelles et symboliques anciennes (héritage gréco-latin, christianisme, Lumières) et que les multiples conflits et échanges au fil des siècles produisent, au terme de réactions en chaine complexes, des réalités culturelles dont l’identité originelle, locale, régionale, nationale n’est plus tout à fait assignable ». Aussi démonte-t-il ces circulations transnationales propres à l’Europe, au travers de la littérature, des mœurs, et des références transversales.
En un mot, chacun de ces auteurs approche l’Europe par les circulations, les transferts et les réappropriations. Ce qui est essentiel à nos yeux, à nous qui travaillons à livrer régulièrement une matière de réflexion à nos lecteurs du Spectateur européen.
Evidemment, l’horizon d’une telle histoire (à faire) demeure obscurci par la question même de la notion d’Europe, dont le sens a varié dans le débat culturel et politique au cours des deux derniers siècles. S’agit-il de reconstituer un mythe d’une Europe antique ou de reconstituer le généalogie de notre culture contemporaine en tant que mouvement vers l’ouverture des frontières nationales, la transgression des hiérarchies culturelles, le brouillage des pratiques sociales, le changement des représentations de l’espace et du temps ? S’agit-il de reconstituer les composantes successives d’une culture en partie perdue, en partie héritée, produite par l’accumulation des apports et des transferts des diverses parties de l’Europe, ou des espaces extérieurs à l’Europe ? S’agit-il au contraire de tracer les allées du jardin des malentendus et des rejets entre les nations, quitte à conclure à l’absence de culture européenne, en dehors d’une mince pellicule de la culture d’élite qui circule à l’échelle du continent ?  
            A quoi s’ajoute une perspective sur laquelle nous ne pouvons faire l’impasse, alors que tant de doctrines et de gouvernement cherchent à la gommer de notre horizon : le rapport de voisinage, de solidarité et d’entraide avec les différentes cultures et les différentes histoires du monde contemporain. Nous ne pouvons nous contenter de donner force et ampleur aux axes Nord-Sud, Est-Ouest, à une potentielle Union pour la Méditerranée (bien malmenée), à un partenariat Oriental. Il convient de lancer des politiques de solidarité dans tous les sens, sans se restreindre à des zones réputées indiscutables, qu’il s’agisse de géographie, de culture ou de normes démocratiques.
            Les dossiers que nous nous apprêtons à publier cette année le prouvent.

L’équipe du Spectateur européen.