20170105

Editorial

Vœux pour l’Europe demain : Cessons de nous lamenter
Christian Ruby
----------------------------------------------------------------------------------------

Il semble bien que pour l’année 2017, que nous souhaitons heureuse à chacun, nous aurons besoin de tous les vœux que l'humanité s'adressera à elle-même. Il faut sans doute privilégier dès maintenant nos capacités de solidarité. Ne cédons pas aux vaines dénégations. Apprenons plutôt, rapidement, à recoudre les déchirures du monde en lui prêtant un langage de sens qui puisse fournir à tous les séparés un référentiel commun.

Concernant l’Europe (pas nécessairement l’UE), quel propos opposer aux discours anti-européens (anti-UE), dont la teneur, dangereuse, mais assez passe-partout – la rhétorique de la dénonciation (qui n’en est pas la critique) des élites tenue par des héritiers, le lieu commun de l’anti-système encouragé par les tenants du système, la défense de son « moi » par l’anti-immigration,... – ne cesse de renforcer les craintes des uns et les désespoirs des autres ? La dissociation entre EU – dont la fonction quintessencielle tient dans un mécanisme de transfert en tous domaines de la logique du capitalisme – et Europe (l’idée d’une autre formation) ne suffit plus à emporter la conviction. Alors comment rebondir, d’autant que contrairement à une autre idée reçue, les électeurs ne sont pas bêtes – sauf pour les populistes qui se substituent à eux –, ils visent leurs intérêts, mais justement, seulement leurs intérêts immédiats ?

Sans doute, la tentative de dissociation EU/Europe est-elle prise dans un schéma trop négatif : l’Europe ne correspondrait donc ni à l’UE, ni à la mondialisation, ni au règne uniforme de la technique,... Mais comment adhérer à une option purement négative ? Il est particulièrement insatisfaisant de définir un projet socio-politique en insistant sur ce qu’il n’est pas.

Il faudrait par conséquent faire revenir au premier plan une Idée d’Europe dessinant positivement un espace de rencontre et de dialogue avec tous les « autres », de diversification assumée dans la solidarité et la perspective d’un universel concret. C’est donc d’un espace fictionnel mobilisateur dont nous parlons pour demain, de l’idée d’un espace, suffisamment puissante, pour enrayer les machineries négatives, nous émanciper des grammaires de la dénonciation, déplacer les frontières, muer l’ennemi d’hier en adversaire d’aujourd’hui, fustiger la violence pour mieux faire droit aux écarts et aux oppositions.

Il est presque superflu de souligner que cette Europe jouirait alors du privilège de pouvoir accueillir tous les humains qui veulent substituer l’esprit d’archipel aux agrégats chaotiques qui maintiennent les servitudes. Il n’est nullement nécessaire de rechercher une norme uniforme pour toutes choses et situations. Cela n’implique pas que rechercher des accords, dans les écarts assumés, soit voué à l’échec. Au contraire. Mais ce n’est qu’en partant de la diversité qu’il est possible de trouver des convergences, y compris en subvertissant les ordres normatifs ou en construisant de nouveaux écarts dans l’espace public, susceptibles de rendre justice aux possibles construits au cœur des relations interhumaines.

À l’opposé de ceux qui croient que l’unité est première et que tout écart se fait dégradation, déclin ou disparition, ce qui consiste à enferme l’unité dans sa morbidité, nous affirmons que le divers est premier et doit être maintenu dans son ouverture à tout autre.

Au demeurant, dès lors que les européens se déferont de l’illusion d’être arrivés à la fin de l’histoire - illusion à laquelle nous devons probablement pour une part le retrait de nos contemporains hors du champ politique - et qu’ils deviendront sensibles aux nouvelles formes d’engagement critique qui se déploient ici ou là à l’encontre de décisions qui ne sont jamais discutées publiquement, la préoccupation philosophique de l’Europe redeviendra centrale.

A nos yeux, l’Europe est très précisément le lieu d’une tâche infinie, une manière d’explorer sans cesse les règles envisageables parce que discutables de l’existence (et non des normes uniformes) afin de doter de formes légitimes les rapports entre les humains, et sans doute, aujourd’hui encore, l’un des lieux d’expérience privilégié des réponses aux questions concernant les modalités de l’unité sociale et politique.










20170104

conscience européenne


Histoire de la conscience européenne,
Arjakovsky Antoine (dir.),
Paris, Editions Salvator, 2016
Préface de Herman Van RompuyPostface de Rowan Williams
----------------------------------------------------------------------------------------



Depuis le fond des âges, les Européens se sont forgé une vision originale de l’unité dans la diversité, une forme de conscience commune. Cette vision associe le goût grec de l’universalité, le sens romain du droit, la représentation judéo-chrétienne, mais aussi islamique, d’un Dieu-tout puissant et miséricordieux, ainsi que l’huma­nisme de la Renaissance et la raison des Lumières.

L’histoire de la conscience européenne a été marquée également par une tension récurrente entre un attachement à l’État de droit et une vision impérialiste du monde. Les Européens ont recherché la distinction entre le pouvoir séculier et le pouvoir religieux, la participation des religions au bien public, la quête d’un système politique favorisant l’égalité des citoyens, une verticalité du pouvoir permettant de transcender les différences. Mais l’amour de la liberté des Européens s’est aussi accompagné de violences et d’un refus de l’altérité.

La conscience européenne est caractérisée aussi par un sens de la créativité artistique et de la découverte scientifique. L’Européen est celui qui cherche à porter son regard toujours au-delà. Comme le raconte le mythe de l’enlèvement par Zeus de la princesse Europè à Tyr, l’Européen a tenu à se différencier de ses voisins tout en lui empruntant le meilleur.

La méthode originale de cette première Histoire de la conscience européenne est de proposer un récit, ouvert et non exhaustif, de regards croisés, à un moment où l’Europe s’interroge sur son avenir.

Avec les contributions d’Isabelle Schwarz, Luuk van Middelaar, Taja Vovk van Gaal, Marie-Françoise Baslez, Emilio Marin, Costa Carras, Bruno Dumézil, André Vauchez, Antonio Padoa-Schioppa, Tatiana Victoroff, Thomas Maissen, Matthijs Lok, Christophe de Voogd, Vincent Dujardin, Joanna Nowicki, Michèle Guyot-Roze, Nora Repo, Evelyne de Mevius, Christophe Bellon, Chantal Delsol, Hans Stark, Ursula Serafin, Constantin Sigov, Juan Manuel Bonet, Jeanne-Emmanuelle Hutin, Petre Guran, Philippe Poirier, Antoine de Romanet, Dominique Schnapper, Jean- Marc Ferry.


Pour rappel, il existe à Lunéville (France) un Institut d'histoire culturelle européenne Bronislaw Geremek

http://www.chateauluneville.cg54.fr/fr/linstitut-dhistoire-culturelle-europeenne.html
http://www.ihce.eu/UserFiles/File/pressbook.pdf

20170103

La menace

----------------------------------------------------------------------------------------

The cultural manager and director of the polish culture institute in Berlin, Katarzyna Wielga-Skolimowska, was fired this past Tuesday from her position. According to the German left-leaning daily TAZ that broke the story, Poland’s right-wing PiS-led government called for her immediate departure due to her programming, which included “too much Jewish-themed content,” as Poland’s ambassador in Germany Andrzej Przyłębski had complained.

The institute’s spokesperson, Marcin Zastrożny, confirmed to TAZ this past Friday that Wielga-Skolimowska, whose contract should have continued until summer 2017, has been dismissed “effective immediately.”

Poland’s foreign ministry operates some 24 culture institutes around the world, tasked with promoting Polish art and culture abroad. Wielga-Skolimowska has helmed the Berlin branch since 2013, and her programming was considered thoughtful and serious by critics. But her ideas didn’t sit well with the cultural politics of the ruling national-conservative, right-wing party, who’s been in power since the October 2015 elections.

In a recent internal assessment of the institute carried out by the foreign ministry, her work received a negative evaluation due to the focus on Jewish themes, and insufficient engagement with social media, the Berliner Zeitung reports.

Earlier this year, Poland’s minister of culture, Piotr Gliński (PiS) called for an end to the “culture of shame” regarding WWII and the Holocaust, and Wielga-Skolimowska’s work has irked the government ever since.

Among other things, the Berlin institute screened the Academy-Award winning film Ida (2015), whose main protagonist finds out, in 1960s Poland, that she is Jewish, and that her biological parents had been murdered by their neighbors. However, Poland’s ambassador in Germany Przyłębski requested the screening of the propaganda film Smolensk instead.

No film theater in Berlin would agree to screen Smolensk. The movie claims that the 2010 crash of the Polish presidential plane, which killed all 95 passengers, including then president Lech Kaczyński, was not an accident but rather Russian terrorism.

This is not the first time that Warsaw interferes with cultural programming abroad. The Vienna branch of the Polish culture institute was not allowed to work with the Austrian author and journalist Martin Pollack, who had criticized the PiS party. According to the Polish paper Gazeta Wyborcza, 13 institute directors in different countries were fired this past summer. The director of the Madrid branch was criticized for not placing enough focus on the work of Polish composer Frédéric Chopin.

Repris de : https://news.artnet.com/art-world/director-polish-culture-institute-berlin-fired-jewish-content-771281

Follow artnet News on Facebook.

20170102

Art public

Un art public européen ?
Christian Ruby
----------------------------------------------------------------------------------------

An artwork by many and a central site for the European idea - in 2004 the citizens of Bochum in the Ruhr-area of Germany first followed the invitation of internationally renowned artist Jochen Gerz and gave a promise to Europe. Everyone kept their promise to themselves, but the names of those who pledged were inscribed into the ground of a new square - the Square of the European Promise.

----------------------------------------------------------------------------------------
 
Wo liegt Europa? Gibt es einen Ort in unserer Imagination, der diesen Namen trägt? Gibt es eine verborgene Stelle in unserem Herzen? Europa ist auch heute noch eine Utopie, obwohl Utopien längst nicht mehr das sind, was sie einmal waren. Der Glaube an das große, reine Zukunftsversprechen hat das 20. Jahrhundert nicht überstanden. Kann Europa mit den 500 Millionen Stimmen derer sprechen, die diesen Kontinent bevölkern?

----------------------------------------------------------------------------------------
 

En 2004, les habitants de la ville de Bochum sont les premiers à accepter l’invitation de Jochen Gerz, artiste internationalement reconnu, et donnent une promesse à l’Europe. Chaque promesse reste secrète mais ceux qui ont promis verront leur nom inscrit dans le sol d’une nouvelle place – La Place de la Promesse Européenne.

 
1 – Le problème

La question d’un art public européen n’est sans doute pas centrale relativement aux questions politiques institutionnelles et sociales. Il n’empêche qu’elle ne peut être abandonnée aux mains des instances officielles qui se contentent pour l’heure de demeurer dans le plus banal (sculptures de célébration) ou dans le plus indigent (figures sans recherche). D’ailleurs, elle permet de soulever à peu près autant de problèmes que dans les autres domaines. En effet, elle insiste en premier lieu sur la référence potentielle à des objectifs communs (d’aménagement du territoire), à des décisions de mise en œuvre commune (budgets, concours, jurys compris), à la référence à des perspectives semblables en matière d’art public (de politiques publiques), qu’il s’agisse d’art (le rapport aux artistes et aux pratiques) ou d’esthétique (le rapport aux citoyennes et citoyens). À cet égard, elle renvoie aux procédures de décision en Europe, à la manière dont on conçoit aussi les soucis des citoyennes et des citoyens en matière d’art et d’esthétique. D’autre part, elle oblige à se demander comment changer de dispositifs : l’idée d’un art public européen ne saurait consister à reporter à l’échelle de l’Europe les pratiques habituelles de chaque nation (art officiel, art représentatif, lieux centralisés et centrés, etc.). Elle impose aux artistes de réfléchir à la composante « europe » en art : procédures, figures, rapport aux spectateurs ? Enfin, elle exige des spectateurs qu’ils se déprennent de leurs habitudes en matière d’art public (plus de statuaire, plus de figuration, plus de nationalisme), et qu’ils acceptent de participer à une recherche nouvelle (et de nouveautés).


2 - Une œuvre participative et un lieu central pour l’idée européenne

La Place de la Promesse Européenne est une œuvre publique participative de Jochen Gerz. La commande de la Ville de Bochum a été co-financée principalement par le Gouvernement régional de la Rhénanie Westphalie, la ville et l’église protestante de Bochum. La place est la dernière réalisation de la Capitale Culturelle Européenne RUHR.2010.

À l’appel de l’artiste allemand Jochen Gerz, de plus en plus de personnes, de la région puis de toute l’Europe, participent à la réalisation de cette oeuvre et des milliers de noms remplissent les 3000 m2 de ce site en centre ville. Aujourd’hui, avec ses 14 726 noms gravés sur 63 plaques de basalte, chacun représentant une promesse différente, la place est devenue véritablement européenne.

Onze ans ont été nécessaires pour finaliser la commande de la ville de Bochum. Durant ces années et comme si souvent dans son histoire, l’Europe a changé. Quel sens a aujourd’hui une promesse donnée au tournant du siècle et quel futur les citoyens de l’Europe ont-ils alors imaginé ? 



La Place de la Promesse Européenne a vocation à interroger chaque européen : quelle est ma contribution au futur ? L’avenir appartient à ceux qui se l’imaginent aujourd’hui. La nouvelle place est un monument à un temps qui n’existe pas encore. Cette Place de la Promesse Européenne joue avec l’invisibilité, le temporel et les contributions des vivants. Aucune autre place publique n’a été produite par tant de personnes et aucune autre n’est ainsi dédiée, non aux morts, mais aux vivants.

----------------------------------------------------------------------------------------
Der Thema : Thema „Mein europäisches Versprechen“

Der Platz des europäischen Versprechens ist eine Einladung an die Bürger Europas, ein Versprechen abzugeben. Die Versprechen sind geheim und werden nicht veröffentlicht. An ihrer Stelle wurden die Namen der Teilnehmer von 2004 bis 2014 in den Steinboden auf dem Platz des europäischen Versprechens in Bochum eingeschrieben. Sie sind die Autoren des neuen Platzes.

Ausgangspunkt in einer Kirche (Christuskirche), die im Zentrum der Stadt den Platz des europäischen Versprechens säumt, ist ein Mosaik von 1931 mit der überraschenden Liste von 28 “Feindstaaten Deutschlands”. Jochen Gerz stellt dieser Liste und einer zweiten mit den Toten der Stadt im ersten Weltkrieg eine dritte gegenüber: die Liste der Lebenden.

Jeder Name steht für ein Versprechen. 14.726 Menschen aus ganz Europa sind mit ihrem unsichtbaren Versprechen Teil des Kunstwerks geworden. 63 Basaltplatten füllen den Platz mit ihren Namen. Der Platz des europäischen Versprechens wurde am 11. Dezember 2015 der Öffentlichkeit übergeben.

----------------------------------------------------------------------------------------
 
3 – Le programme In Situ

IN SITU brings together a group of programmers who are passionate about new forms of art and public space. They have been working together since 2003 to develop joint European projects.

The expertise and activities of IN SITU covers scouting and promotion of artists, organisation of project laboratories and incubators, co-productions and promotion of emerging creations, organisation of conferences and seminars, etc.

To date, IN SITU has supported over 180 European artists. It gathers 25 partners from 17 countries from as many practical and aesthetic backgrounds which all contribute something vital to the network. Whether members come from a sprawling metropolis or a rural area, whether they are seeking to rehabilitate industrial wasteland or redesign landscapes, the goal is always to serve artists working with, in and for public space.

If you want to know more about the network and the the artists we supported those past five years, have a look a the book we published

----------------------------------------------------------------------------------------
 
4 - European platforms: A platform for artists and artistic creation in public spaces

The concept developed by the European Commission was inspired by Europa Cinemas, the international network of cinemas for screening non-national European films. It responds to the demand and desire to provide funding opportunities with a wide impact and structuring effect on the cultural and creative sectors. Defined as “promotional European platforms for the development of emerging talent and stimulating the circulation of artwork, with a systemic and large scale effect,” these initiatives must also differ from existing measures by aiming to produce clear and effective brand strategies to promote and label European programmes involving non-national artwork that impact as many people as possible.

The IN SITU platform aims to become the reference for art in public spaces in Europe. It seeks to support emerging artists working in the field of art in public spaces, improve artist mobility within Europe and raise awareness of this artwork on a European level. It builds on the work of IN SITU since 2003: in just over 10 years, this network of European professionals has developed expertise on art in public spaces. Since 2011, it has identified and supported over 80 artists and companies in their research and creative activities. Today, IN SITU, which plays a key role in the European art scene, is a renowned community of European artists, a label for artistic creation in public spaces, a story in several languages and a building block in the quest for a European identity.

The partnership : The platform currently includes 19 organisations that have been working together closely for over 10 years:

 
----------------------------------------------------------------------------------------
Lieux publics (Marseille, FR) - http://www.lieuxpublics.com/fr/ The Lieux publics centre national de création supports artists from all disciplines who make urban areas the setting, object and subject of their creations. Today, the organisation is a laboratory for projects in public spaces. It has developed several initiatives supporting artistic creation, from development to performance. Lieux publics has led the IN SITU network since it was founded in 2003 and is the coordinating entity for the platform, which brings together 18 members from 13 European countries:

Artopolis (Budapest, HU) - http://www.en.placcc.hu

Atelier 231 (Sotteville-lès-rouen, FR) - http://www.atelier231.fr

Čtyři dny /Four Days (Prague, CZ) - http://www.ctyridny.cz

Stadt Detmold (Detmold, DE) - http://www.stadtdetmold.de

FAI AR - Advanced Itinerant Learning Programme for Street Arts (Marseille, FR) - http://www.faiar.org

Københavns Internationale Teater (Copenhagen, DK) - http://www.kit.dk

La Strada – international festival of street art and puppet theatre (Graz, AT) - http://www.lastrada.at

 
4 – Les projets d’Olivier Grossetête

Artiste plasticien,diplômé en1998 de l’École Régionale des Beaux-Arts de Valence, Olivier Grossetête s’est spécialisé depuis 2002 dans les constructions monumentales participatives en cartons. Pendant quelques jours, les participants-habitants sont invités à réaliser des constructions de plusieurs mètres, en fonction du lieu (place, etc.). Le temps de construction est ponctué de temps forts (« la ville qui danse », où les participants soulèvent et font danser la ville) et s’achève par la destruction de la ville. Plus de soixante constructions monumentales participatives en carton se sont élevées à la force des bras de centaines de participants (Nîmes, Annecy, Genève, Aix-en-Provence, Digne-les-Bains, Miramas, Aubagne, Martigues, Royaume Uni, Québec, Sri Lanka, etc.). Depuis 2011, Olivier Grossetête initie une série de « Villes éphémères » à l’échelle européenne, dans le cadre du réseau In Situ (Marseille, Manchester, Glasgow, Kosice, etc.).

20170101

Les langues

L’Europe et son rapport aux langues
Les Cahiers de l’OEP, n° 1, Culture et plurilinguisme
Septembre 2016.

----------------------------------------------------------------------------------------
Voir version Web en ligne :
http://www.observatoireplurilinguisme.eu/images/Lettre_d_information/Lettre_66/Lettre_66_it.pdf



Pendant que la France tergiverse, que se passe-t-il en Europe ? L’Europe avance et recule, elle piétine. Nous en avons déjà parlé. L’anglais progresse en nombre, mais pas en qualité, tandis que les autres langues, allemand et français en particulier, régressent, cette baisse étant partiellement compensée par les progrès de l’espagnol. Ce sont des moyennes bien sûr.

Difficile à expliquer, mais essayons.

Les pays membres se répartissent autour de trois schémas fondamentaux, grosso modo par tiers, ce qui nous permet de ne pas nommer chaque pays.

Un premier tiers a suivi en partie l’exemple du Royaume Uni qui a supprimé l’obligation d’une langue étrangère au-delà du collège tout en avançant l’âge de début des apprentissages au niveau de l’école élémentaire. Nous avons donc des pays qui ont avancé l’âge des premiers apprentissages à l’école élémentaire, avec ou sans diversification, où une LV2 est obligatoire au collège et optionnelle au lycée (2ème cycle de l’enseignement secondaire). Ce schéma, très favorable au « tout anglais », ne laisse souvent, sauf forte tradition contraire, que des miettes aux LV2.

Un autre tiers a opté pour une stratégie inverse. Toujours en avançant l’âge des premiers apprentissages à l’école primaire, ils ont choisi de commencer l’apprentissage de la LV2 au niveau lycée, assurant une exclusivité quasi absolue à l’anglais pour les 8 premières années de scolarité. L’obligation de la LV2 au niveau du baccalauréat permet toutefois d’amorcer une diversification qui pourra éventuellement se prolonger dans l’enseignement supérieur.

Enfin, un troisième tiers applique de manière cohérente le modèle dérivé de la recommandation du sommet de Barcelone de 2002 d’au moins deux langues étrangères dès le plus jeune âge jusqu’à l’enseignement supérieur.

Il y a deux exceptions notables à ces schémas.

Avec une seule langue obligatoire jusqu’au collège, le Royaume Uni fait évidemment bande à part. Mais l’Espagne, avec une seule langue obligatoire sur toute la durée de la scolarité jusqu’au baccalauréat, est également un cas particulier, facilement explicable.

Finalement, tous les pays ont généralisé l’apprentissage précoce des langues vivantes, lequel a bénéficié exclusivement à l’anglais, et dans une majorité de cas cette polarisation sur l’anglais s’est faite au détriment des enseignements de LV2 dans le second degré. L’effort global est resté grosso modo le même. Le résultat final est entièrement négatif puisqu’on ne constate aucun progrès en niveau (cf. étude Cambridge ESOL), sauf dans les très hauts niveaux de l’enseignement supérieur (au-dessus de bac+5).

Si la diversification est un objectif, comme le principe en est régulièrement rappelé par les instances européennes, Conseil, Commission et Parlement, il faut une diversification dès le primaire et deux langues obligatoires sur toute la durée du second degré jusqu’au baccalauréat.

Voilà donc quinze ans que l’on tourne en rond. Certains pays y croient. Pour d’autres, les gouvernements signent des déclarations qui n’engagent personne, et rentrés chez eux font tout autre choses.

----------------------------------------------------------------------------------------

What’s going on in Europe while France shilly-shallies? Europe moves forwards and backwards. We have already mentioned this. The English language improves in quantity but not in quality whereas other languages, German and French in particular have

dropped. This downswing is partially compensated by the increased number of Spanish learners. Of course, these are only rough evaluations.. Let’s try to explain the phenomenon.

The member states can be classified in 3 fundamental patterns , by roughly 3 thirds thus avoiding mentioning the names of countries. One third has followed the example of the United Kingdom which has eliminated the compulsory learning of a foreign language after

middle school while setting the first teachings at primary school level at a younger age. Therefore some countries set the age for the first learnings at primary school, with or without diversification, and make a second foreign language compulsory only in middle school and optional in senior or secondary high school (lycée). This pattern is quite favourable to the “all English” policy and often leaves few opportunities for second foreign languages.

The second third chose an opposite strategy. It set the age of first learnings earlier in primary school but chose to postpone the learning of the second foreign language in high school (lycée), thus ensuring an almost absolute exclusivity to English for the first eight

years of schooling. However the compulsory learning of a second foreign language at the level of the General Certificate of education A levels (baccalauréat) allows a diversification which can be carried on in Higher Education.

The last third coherently implements the model derived from the Barcelona Summit of 2002 which consists in the teaching of at least 2 foreign languages from the youngest age to the level of Higher Education.

There are two noteworthy exceptions to these patterns. With only one compulsory foreign language until middle school, the United Kingdom goes on its own. But Spain, with a single compulsory foreign language from primary school to higher Education is also a particular case which can easily be explained.

Finally all the countries have put in widespread use the early learning of foreign languages, learning which English has benefited from and in a majority of cases this polarization on English was done at the expense of the learning of a second foreign language in secondary schools.

----------------------------------------------------------------------------------------

Frankreich zagt und zögert, aber was geschieht in Europa? Europa ,geht vor und zurück, es kommt nicht von der Stelle. Wir haben das schon erläutert. Die englische Sprache breitet sich quantitativ, nicht qualitativ aus, während die anderen Sprachen, vor allem Deutsch und Französisch, zurückgehen, wobei dieser Verlust teilweise durch den Fortschritt des Spanischen wettgemacht wird. Es handelt sich selbstverständlich um Mittelwerte.

Versuchen wir eine Erklärung.

Die Mitgliedsländer der EU bilden im großen und ganzen drei Gruppen mit bestimmten Grundmerkmalen, die jeweils etwa ein Drittel ausmachen, was uns erlaubt, nicht jedes Land zu nennen. Eine erstes Drittel folgte teilweise dem Beispiel Großbritanniens, wo es eine Pflichtfremdsprache nach der Mittelstufe nicht mehr gibt, wobei der Lernbeginn in die Grundschule vorgezogen wurde. Es gibt also Länder, in denen in der Grundschule begonnen wird, mit oder ohne Sprachenvielfalt, und eine zweite Fremdsprache in der Mittelstufe Pflicht- und in der Oberstufe Wahlfach ist. Dieses Modell, das das « Nur-Englisch » stark befördert, lässt für die zweite Fremdsprache, wenn nicht starke Traditionen vorhanden sind, nur noch Krümel übrig.

Ein zweites Drittel wählt den umgekehrten Weg. Auch hier wird in der Grundschule begonnen, doch die zweite Fremdsprache wird erst in der Oberstufe gelernt. Das bedeutet, dass in den ersten 8 Schuljahren das Englische unangefochten vorherrscht. Die 2. Fremdsprache als Pflichtfach für die Abiturstufe ermöglicht jedoch den Ansatz zu einer gewissen Vielfalt, die in der Hochschule ausgebaut werden kann.

Das letzte Drittel schließlich setzt konsequent das Modell um, das 2002 auf dem Gipfel von Barcelona erarbeitet wurde, nämlich mindestens zwei Fremdsprachen als Pflichtfächer vom Kindesalter bis zur Hochschule.

Zwei gewichtige Ausnahmen sind zu erwähnen. Großbritannien spielt wie erwähnt mit einer einzigen Pflichtfremdsprache bis zur Mittelstufe eine Sonderrolle. Aber auch Spanien mit seiner einzigen Pflichtfremdsprache von der Grundschule zur Oberstufe steht allein da, was leicht zu erklären ist.

Alle Länder sind jetzt zum Lernbeginn im Kindesalter übergegangen, was ausschließlich dem Englischen zugutekommt, und in den meisten Fällen geschah diese Polarisierung zugunsten des Englischen auf Kosten der zweiten Fremdsprache in der Mittel- und Oberstufe.

----------------------------------------------------------------------------------------

Mentre la Francia tergiversa, che cosa succede in Europa ? L’Europa va avanti e indietro, non fa progressi. Ne abbiamo già parlato. L’inglese progredisce per la quantità, ma non per la qualità, mentre le altre lingue, tedesco e francese in particolare, regrediscono, ma questo calo è in parte compensato dai progressi dello spagnolo. Naturalmente si tratta di medie tra i vari stati. Difficile da spiegare, ma proviamoci.

I paesi membri della UE si raggruppano intorno a tre modelli fondamentali, grosso modo in tre parti uguali, il che ci permette di non nominare ogni paese. Un terzo ha seguito parzialmente l’esempio del Regno Unito che ha soppresso l’obbligo di studiare una lingua straniera dopo la scuola media pur anticipando l’età in cui si inizia ad impararla a livello della scuola elementare. Troviamo dunque paesi che hanno anticipato l’età del primo apprendimento alla scuola elementare, con o senza diversificazione, in cui una seconda lingua straniera è obbligatoria alle medie e opzionale alle superiori. Questo modello, molto favorevole al « solo inglese », lascia spesso, tranne che nei casi di importante tradizione contraria, soltanto le briciole alle altre lingue.

Un altro terzo ha optato per una strategia inversa. Sempre anticipando l’età del primo apprendimento alla scuola elementare, hanno scelto di cominciare lo studio della seconda lingua straniera alle superiori, assicurando un’esclusiva quasi assoluta all’inglese per i primi 8 anni di scolarità. L’obbligo della seconda lingua straniera a livello della maturità permette tuttavia di abbozzare una diversificazione che potrà eventualmente prolungarsi nell’insegnamento post-liceale.

Infine, l’ultimo gruppo applica in modo coerente il modello derivato dalla raccomandazione del vertice di Barcellona del 2002 di almeno due lingue straniere a partire dall’infanzia fino all’insegnamento superiore. Esistono due importanti eccezioni a questi modelli. Con una sola lingua obbligatoria fino alla scuola media, il Regno Unito fa evidentemente gruppo a parte. Ma anche la Spagna, con una sola lingua obbligatoria su tutta la durata della scolarità fino alla maturità, è un caso a sé, facilmente spiegabile.

In conclusione, tutti i paesi hanno generalizzato l’insegnamento precoce delle lingue straniere, cosa che ha beneficiato esclusivamente all’inglese, e nella maggioranza dei casi questa polarizzazione sull’inglese è stata fatta a scapito degli insegnamentidi seconda lingua straniera nelle scuole secondarie. Lo sforzo globale è rimasto grosso modo il medesimo. Il risultato finale è interamente negativo poiché non si verifica nessun miglioramentonel livello dell’inglese (vedi studio Cambridge ESOL), tranne che ai massimi livelli dell’insegnamento post-liceale (percorsi di studio superiori ai 5 anni dopo la maturità).

Se la diversificazione è un obiettivo, come viene regolarmente ricordato dalle istanze europee, Consiglio, Commissione e Parlamento, occorre una diversificazione sin dalle elementari e due

lingue obbligatorie su tutta la durata delle secondarie fino alla maturità.