20090210

Editorial

En évoquant Marivaux, dans ce numéro 8 du Spectateur européen, nous pensons évidemment à la publication par ce dernier du Spectateur français, au XVIII° siècle. Encore cela ne peut-il s’accomplir sérieusement sans faire allusion dans le même temps au rôle joué par le Spectateur anglais de Joseph Addison et Richard Steele (1711-1714), dans le développement culture et politique des pays européens durant ce même siècle. Ces publications, dont l’esprit diffère, ont pris leur part dans la construction, la légitimation ou l’expansion de nouvelles mœurs, de moments de langage inédits, de références partageables. On pourra toujours penser qu’elles sont demeurées sur certains plans de courte vue, relativement à notre propre projet. Elles ont focalisé leur attention sur la conversation de l’honnête homme en imposant à celle-ci un style particulier, évacuant par principe ce que les uns ou les autres appellent « l’esprit de faction », disons en termes modernes le dissensus. Plus encore chez Addison que chez Marivaux, déjà plus solitaire, les ouvrages renvoient à une compagnie ou petite société dont l’entente permet de concevoir et de développer des intérêts communs, tout en ayant le souci de se divertir des tracas du jour. Distraction et bien-être prennent même parfois le pas sur les propos échangés.
Corrigeant cet aspect des anciennes publications, nous préférons nous concentrer sur les dissensus de mœurs, de langages, de références, afin d’engager chacun à plus de réflexion, à plus de déprise de soi et d’ouverture culturelle. Aussi les articles qui suivent donnent-ils plus fermement lieu à débats, à une multiplicité de questionnements tenant à la diversité des approches culturelles en Europe (UE). Entre réseaux à construire ou à préserver, échanges nécessaires entre villes et institutions, projets de paix, problèmes des frontières et multilinguisme la tâche est infinie des interactions et interférences à mettre en œuvre au sein de l’UE. C’est sans doute cela qu’on peut appeler « reconnaissance » si à ce concept on n’attache pas des valeurs morales mais des exigences politiques.
C’est finalement une autre manière de prolonger l’exposition de Bruxelles, Chemins de l’art en Europe, Het meesterlijke atelier : Europese kunstroutes (5de-18de eeuw), The Grand Atelier : Pathways of Art in Europe (5th-18th century), dont nous donnons les linéaments ci-dessous :
Auf der Internetseite
www.eu50.eu hat das Auswärtige Amt in Zusammenarbet mit den Botschaften der EU-Mitgliedstaatent in Berlin 55 schmackhaften Kuchenrezepten zusammengestellt. Das Nachbacken und Geniessen wird leichtgemacht, denn die Tipps zum Zubereinten und die Zutaten für die Kuchen finden sich im Internet in allen 27 EU-Sprachen.
Outre les intellectuels qui n’ont cessé d’inventer l’Europe par les voies de la traduction et de la lecture réciproque des ouvrages, durant de longues décennies, les artistes n’ont pas été sans donner corps à la possibilité d’une culture européenne, pensée moins en termes de valeurs ou de références, qu’en termes de confrontation et d’échanges. L’exposition de Bruxelles, portant sur les arts et l’Europe (Palais des Beaux-Arts, janvier 2008), montrent, grâce à 250 pièces issues d’une centaine de musées européens, l’émergence des dialogues d’artistes au long de l’histoire. Malgré les guerres et les conflits, cet échange d’idées, de biens et d’innovations a créé des liens durables entre les communautés humaines, de la Méditerranée à la Baltique, de l’Atlantique à l’Oural.
Il n’est que d’observer la reproduction par tel ou tel peintre, dans son propre tableau, des tableaux d’autres peintres pour comprendre ce qui se joue là. Par exemple, Velasquez peint dans les Ménines quatre tableaux de ses confrères. Autre exemple : Jean Brueghel le Vieux, Allégorie de la vue et de l’odorat (1618), et David Teniers le Jeune, L’archiduc Léopold Guillaume visitant sa galerie, 1653.
Lang voordat Europa als een politieke eenheid werd gezien, was er al een intens verkeer van mensen en goederen. Vaak wordt vergeten dat al heel vroeg ook kunstenaars, kunstwerken en zelfs opdrachtgevers op zoek naar schoonheid, gebruikmaakten van de handelsroutes en waterwegen. Meesterwerken, maar ook meer bescheiden kunstwerken geven een beeld van wat ‘een Europese ruimte voor kunst en ideeën’ voorstelde, die al ontstond bij de dageraad van de middeleeuwen.
De tentoonstelling belicht aan de hand van bijzondere en vaak spectaculaire stukken diverse facetten en vormen van deze artistieke wisselwerking. Ze omspant een lange periode in de kunstgeschiedenis, van de 5de tot de 18de eeuw, en telt ongeveer 350 werken, uit meer dan honderd Europese collecties.
Long before asserting itself as a political entity, Europe was an area of intense circulation of people and goods. Despite wars and conflicts, this exchange of ideas, goods and innovations established lasting bonds between human communities, from the Mediterranean to the Baltic, from the Atlantic to the Urals. We often forget that artists, works of art and even wealthy men seeking to satisfy their hunger for beauty also travelled the trade routes and waterways. Thus, it is through past masterpieces and even modest works, that we can grasp and appreciate what was even at the dawn of the Middle Ages, a European space of art and thought.
The exhibition will illustrate, with many remarkable and often spectacular works, several particularly eloquent aspects of this artistic circulation and the various forms it took over a long period in the history of art (between the 5th and 18th centuries). It will include about 350 works, coming from over 100 European collections.

20090209

Réseaux des tréteaux

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La Union de Teatros de Europa es una asociacion creada en marzo de 1990 a la initiativa de Giorgio Strehler. Su objetivo es contribuir a la construccion de la Union europea a traves de la cultura y el teatro, desarrollar una accion cultural comun, que trapasa las barreras de la lengua a favor de un teatro de arte considerado como un instrumento federador de poesia y de fraternidad entre los pueblos. Existe en Europa un repertorio incontornable representado por Shakespeare, Molière, Büchner y Strindberg, Maeterlinck y Ghelderode, Ibsen y Ionesco, Pessoa y Lorca, Pirandello y Pasolini, Beckett y Müller. Traducidas , estas obras adquieren una importancia universal gracias a colaboradores que se reunen, por ejemplo en la casa Antonio Vitez de Montpellier. Estas obras ya no se reducen a la origen nacional de sus autores sino que aparecen en un catalogo internacional.
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Η Ενωση Θεάτρων της Ευρώπης ιδρύθηκε τον Μάρτιο του 1990 με την πρωτοβουλία του Giorgio Strehler <
http://www.ute-net.org/ute/cv_giorg.htm> . Σκοπός της είναι να συμβάλλει στο χτίσιμο της Ευρωπαϊκης Ενωσης μέσω του πολιτισμού και του θεάτρου, να αναπτύξει μια κοινή πολιτιστική δράση που να ξεπερνά τα σύνορα της γλώσσας, ως πρός ένα θέατρο τέχνης το οποίο θεωρείται σαν ενοποιητικό μέσο ποίησης και αδελφότητας μεταξύ των λαών. Υπάρχει στην Ευρώπη ένα αδιαίρετο ρεπερτόριο στοιχείωμένο από Shakespeare και Molière, Büchner και Strindberg, Maeterlinck και Ghelderode, Ibsen και Ionesco,Pessoa και Lorca, Pirandello και Pasolini, Beckett και Müller. Υπάρχουν και κείμενα της σημερινής εποχής που κι αυτά ξεπερνούν επίσης σύνορα, υπογρεγραμμένα Bernhard ή Jelinek, Koltès ή Lagarce, Bond ή Crimp, Schwab ή Fosse, Handke ή Visniec. Με ή χωρίς τίτλο, τα έργα αυτά αποκτούν μία καθολική κλίμακα μέσω των μεταφράσεων που γίνονται χάρη σε μεταβιβαστές που συγκεντρώνονται όποτε το μπορούν, όπως π.χ γύρω απο το Maison Antoine Vitez στο Μονπελλιέ. Τα έργα αυτά δεν περιορίζονται στην εθνική καταγωγή του συγγραφέα αλλά τα βλέπουμε μάλιστα να αναμίγονται σε διεθνή καταλόγους.
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Avrupa Tiyatrolar Birliği mart 1990'da Giorgio Strehler'ın onerisiyle kurulmuş bir dernektir. Bu derneğin amacı tiyatro ve kültur yardımıyla Avrupa Birliği'nin yapılanmasına kaktı sağlamak, ortak bir külturel hareket geliştirmek, lisan farklılıkların getirdiği zorlulukları aşabılmek ve uluslararası bir kardeşlik düşüncesi yaratmaktır. Avrupada; Shakespeare et Molière, Büchner et Strindberg, Maeterlinck et Ghelderode, Ibsen et Ionesco, Pessoa et Lorca, Pirandello et Pasolini, Beckett et Müller'in yarattığı ortak bir repertuvar vardır. Tiyatro eserleri, başka dillere çevrilerek evrensel bir boyuta ulaşıyor. Örneğin Maison Antoine Vitez de Montpellier eserinde yapıldığı gibi. Bu eserler yazarlarının millli kimlikleriyle sınırlı kalmayıp, uluslararası bir boyuta ulaşıyorlar.
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Si l’Europe ne comporte pas de scène commune, si l’on entend par cette expression la matrice d’une pensée unifiée ou la fabrique d’un art fédérateur : elle compte en revanche des centaines d’écoles et d’ateliers, de troupes et de lieux, de salles et de festivals qui constituent un théâtre à mille plateaux […]
Cela étant, il existe en Europe un répertoire en indivision, hanté par Shakespeare et Molière, Büchner et Strindberg, Maeterlinck et Ghelderode, Ibsen et Ionesco, Pessoa et Lorca, Pirandello et Pasolini, Beckett et Müller. Des textes d’aujourd’hui franchissent aussi les frontières, signés Bernhard ou Jelinek, Koltès ou Lagarce, Bond ou Crimp, Schwab ou Fosse, Handke ou Visniec. Avec ou sans surtitre, ces pièces acquièrent leur envergure universelle par le truchement de traductions, grâce à des passeurs qui se concertent dès qu’ils le peuvent, par exemple autour de la Maison Antoine Vitez de Montpellier. Elles ne se laissent pas plus réduire à l’origine nationale de leurs auteurs qu’elles ne se confondent dans un catalogue international […]
D’ailleurs, après la Deuxième Guerre mondiale, les progrès des transports et la mode des festivals ont convaincu les spectateurs de se faire touristes pour suivre le mouvement. Certains metteurs en scène résument dans leur biographie la richesse de cultures entremêlées, impossibles à enraciner dans un terroir ou à enfermer dans une contrée : Giorgio Strehler, Benno Benson, Luc Bondy, Christophe Marthaler, Arpad Schilling – dignes parents du chorégraphe Josef Nadj – ont, chacun à leur façon, montré la faculté de la Mitteleuropa à produire des visions décentrées […]
D’autre part, Giorgio Strehler fonda en 1990 l’Union des théâtres d’Europe (UTE), à laquelle de nombreux théâtres ont adhéré […]
Cela étant, aucun creuset de paroles, aucune fabrique de symboles, aucune usine d’images ne permettra de signifier un être européen substantiellement différent du sujet national ou du quidam local, pour le simple motif qu’un tel être serait une chimère…. Sa complexion spectrale, insaisissable, reste rétive à tout arraisonnement, fût-ce au nom d’un idéal supranational. Sa langue n’a pas été sertie pour l’éternité dans un corps particulier, serait-il paneuropéen. Ses formes ne déclinent plus un modèle unique d’une capitale à l’autre. Ses tréteaux trouvent place dans une infinité de sites où l’architecture ne détermine plus aussi étroitement les rites et les codes de la représentation […]
En d’autres termes, l’hypothèse est donc la suivante : un théâtre multipolaire, bruissant de toutes ses langues, peut se révéler un cadre adéquat pour nous aider à penser une entité politique hétérogène, une communauté composite, une collectivité en devenir […]


Extraits d’un texte d’Emmanuel Wallon,
intitulé « Plateau continental »,
publié dans le numéro 37 (2006)
de la revue du Centre d’études théâtrales.


Et à propos de l’Union des Théâtres d’Europe,
Voir : www.ute-net.org

L'Union des Théâtres de l'Europe est une association créée en mars 1990 à l'initiative de
Giorgio Strehler. Son objet est de contribuer à la construction de l'Union européenne par la culture et le théâtre, de développer une action culturelle commune, qui dépasse les barrières de la langue, en faveur d'un théâtre d'art considéré comme instrument fédérateur de poésie et de fraternité entre les peuples. Elle encourage les productions et coproductions, les échanges entre théâtres et le partage des expériences, en respectant identités, traditions culturelles et différences de chacun. Fondée à l'origine par sept théâtres, l'Union des Théâtres de l'Europe compte aujourd'hui dix-neuf théâtres membres parmi les plus importantes scènes européennes, ainsi que des membres à titre individuel.
Chaque année, l'Union organise un
festival présentant les productions des théâtres membres et qui est accueilli par l'un d'entre eux. Outre cet événement phare, l'Union organise également des ateliers de jeunes comédiens, metteurs en scène et scénographes, des expositions de scénographes européens, des colloques internationaux.
Enfin, la plupart de ces actions font l'objet de
publications : catalogues des expositions, programmes des festivals, actes des colloques…

Et sur :
www.ute-net.org/ute/a_themem.htm
Vous trouverez une carte de l’Europe similaire à la nôtre.





20090208

Agenda 21

Agenda 21 for culture
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an undertaking by cities and local governments for cultural development a tool for enhancing the role of culture in local development a process that stresses the importance of cities in promoting cultural diversityAgenda 21 for culture United Cities and Local Governments – Working Group on Culture
http://www.agenda21culture.net/
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Η Agenda 21 είναι μία προκύρηξη η οποία ορίζει ένα πρόγραμμα για τον ΧΧΙ° αιώνα σε διάφορους τομείς, προωθώντας την βιώσημη ανάπτυξη του πλανήτη. Έτσι, η Agenda 21 απαριθμεί περίπου 500 συστάσεις για θέματα που αφορούν την υγεία, το στεγαστικό, την ρύπανση του αέρα, την διαχείρηση των θαλασσών,δασών και βουνών, την απερήμωση, την διαχείρηση των υδάτινων πόρων και τις αποχετεύσεως, την γεωργία και τα απόβλητα. Μέχρι σήμερα, το πρόγραμμα παραμένει σημείο αναφοράς για την βιώσημη ανάπτυξη σε εδαφικά επίπεδα.
http://www.agenda21culture.net/
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Ajanda 21, 21. yy için gezegenin gelişimini sağmalak amacıyla çeşitli alanlarda programlar sunan bir açıklamadır. Ajanda 21; sağlık, konaklama, hava kirliliği, deniz kirliliği, ormanlar, kuraklık ve tarıma bağlı problemleri içeren 500 tavsiyeyi tek tek ele alır. Bu tavsiyeler gezegenin gelişimi için referans oluşturmaktadırlar.
http://www.agenda21culture.net/



Agenda 21 de la cultura
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Agenda 21 es una declaracion que establece un programa de accion para el siglo XXI en diferentes ambitos para contribuir al desarrollo sostenible del planeta. En ella, se enumeran unas 500 recomendaciones sobre problemas relacionados con la salud, la vivienda, la polucion del aire, la gestion de los mares, de los bosques y de las montanas, la desertificacion, la gestion del agua, de la agricultura y de los residos. Actualmente, es el programa de referencia por la puesta en marcha del desarrollo sostenible a nivel territorial.

Un compromiso de las ciudades y los gobiernos locales para el desarrollo cultural una herramienta para potenciar el papel de la cultura en el desarrollo local un proceso que destaca la importancia de las ciudades para promover la diversidad cultural Agenda 21 de la cultura Ciudades y Gobiernos Locales Unidos – Grupo de Trabajo en Cultura
http://www.agenda21culture.net/



Agenda 21 pour la culture
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L’agenda 21 est une déclaration qui fixe un programme d’actions pour le XXI° siècle dans des domaines très diversifiés afin de favoriser un développement durable de la planète. Ainsi, Agenda 21 énumère quelque 500 recommandations concernant les problématiques liées à l a santé, au logement, à la pollution de l’air, à la gestion des mers, des forêts et des montagnes, à la désertification, à la gestion des ressources en eau et de l’assainissement, de l’agriculture, des déchets. Aujourd’hui, le programme reste la référence pour la mise en œuvre du développement durable au niveau des territoires.

Le sommet de la terre qui s’est tenu à Rio en 1992 a encouragé la mise en œuvre de l’agenda 21. Puis la seconde conférence des Nations unies sur les établissements humains, Istanbul 1997, a affirmé le droit de chacun « à un logement convenable » et la nécessité d’un « développement durable des établissements humains ». Début 2008, ce sont environ 300 territoires qui ont décidé l’engagement d’une démarche d’Agenda 21.
L’Agenda 21, d’une façon ou d’une autre, pose le problème des modèles de développement et des modèles de société. La relance des grands projets urbains d’innovation énergétique, architecturale et sociale, s’appuie sous cette égide sur une forme spécifique de contractualisation entre les collectivités territoriales qui s’engagent dans cette démarche et les Etats, notamment pour maîtriser les processus d’aménagement et de gestion de territoires. Néanmoins, l’Etat n’a pas vocation à être le principal opérateur du territoire.
L’ambition est de doter ces territoires d’un projet axé sur des objectifs de croissance économique et urbaine forte, dans une logique d’action durable, avec une programmation opérationnelle en termes de logement, d’emploi, d’équipement et de respect de l’environnement.

Cette institution englobe : Agenda 21 pour la culture.

Le document Agenda 21 de la culture contribue à définir « un engagement des villes et des gouvernements locaux en faveur du développement culturel”. Il a été approuvé par le IVème Forum des Autorités Locales, qui s’est réuni à Barcelone le 8 mai 2004 dans le cadre du Forum Universel des Cultures, en tant que “document de référence pour nos politiques publiques culturelles et comme contribution au développement culturel de l’humanité”. Les villes et gouvernements locaux promoteurs ont adopté un document qui remarque les aspects critiques du développement culturel dans le monde, tout en acquérant le ferme engagement de faire de la culture une dimension clé de leurs politiques urbaines. Un nombre croissant de villes et de gouvernements locaux du monde entier ont adhéré à l’Agenda 21 de la culture. Le processus a suscité l’intérêt des organisations internationales, des gouvernements nationaux et de la société civile.

Vielles européennes adhérentes :

Belgique Ville de Huy
Espagne Ajuntament de Barcelona
Espagne Diputació de Barcelona
Espagne Bilboko Udala - Ayuntamiento de Bilbao
Espagne Ayuntamiento de Córdoba
Espagne Ayuntamiento de Sevilla
Espagne Fondo Andaluz de Municipios para la Solidaridad Internacional (FAMSI)
France Cités Unies France (CUF)
France Conseil Général Gironde
France Conseil Général Seine Saint Denis
France Conseil Regional Rhône-Alpes
France Mairie de Rambouillet
France Mairie de Sainte Anne
France Saint-Étienne Métropole
France Territoires et Cinéma
France Ville de Lille
France Ville de Nantes
France Ville de Strasbourg
Italie Citta Unite (CICU)
Italie Comune di Roma
Italie Comune di Torino
Italie Comune di Venezia
International Interlocal
International Metropolis
International les Rencontres
International UNESCO
Italie Comune di Genova
Italie Provincia di Roma
Italie Rete Italiana Agenda 21 Locali
Royaume-Uni Reading Borough Council
Portugal Camara Municipal de Silves
Portugal Camara Municipal de Gaviao
Royaume-Uni Greater London Authority
Slovaquie Cités Unies Slovaquie
Suède City of Stockholm


La charte de référence comprend 5 volets :

Culture et droits de l’Homme
Culture et gouvernance
Culture, durabilité et territoire
Culture et inclusion sociale
Culture et économie


Les principes fondateurs s’énoncent ainsi :

1. La diversité culturelle est le principal patrimoine de l’Humanité. Elle est le produit de milliers d’années d’histoire, le fruit de la contribution collective de tous les peuples, à travers leurs langues, leurs idées, leurs techniques, leurs pratiques et leurs créations. La culture revêt différentes formes, qui se sont toujours construites dans une relation dynamique entre sociétés et territoires. La diversité culturelle contribue à une « existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle plus satisfaisante pour tous » (Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, article 3) et constitue l’un des éléments essentiels de transformation de la réalité urbaine et sociale.

2. Il existe de fortes analogies politiques entre les questions culturelles et les questions écologiques, du fait que la culture et l’environnement sont des biens communs de l’humanité. Le souci de l’écologie naît du constat d’un mode de développement économique qui puise de manière excessive dans les ressources naturelles de l’Humanité et dans les biens communs à tous. Rio de Janeiro, en 1992, Aalborg, en 1994, et Johannesburg, en 2002, ont posé les premiers jalons d’un processus visant à relever l’un des défis les plus importants de l’Humanité: un développement durable et respectueux de l’environnement. De nombreux éléments montrent que la diversité culturelle est aujourd’hui en danger dans le monde, du fait d’une mondialisation qui standardise et exclue. Selon l’UNESCO, « source d’échanges, d'innovation et de créativité, la diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire qu'est la biodiversité dans l'ordre du vivant » (Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, article 1).

3. Les gouvernements locaux reconnaissent que les droits culturels font partie intégrante des droits de l’Homme. Leurs documents de référence principaux sont la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) et la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle (2001). En accord avec ces documents, les gouvernements locaux affirment que la liberté culturelle des individus et des groupes est une condition essentielle à la démocratie. Nul ne peut invoquer la diversité culturelle pour porter atteinte aux droits de l’Homme garantis par le droit international, ni pour en limiter la portée.

4. Les gouvernements locaux s’affirment comme des acteurs mondiaux de premier ordre dans la défense et la promotion des droits de l’Homme. Ils sont des porte-parole de la citoyenneté mondiale et s’érigent en défenseurs de systèmes et d’institutions internationales démocratiques. Les gouvernements locaux se constituent en réseaux, échangeant leurs pratiques, leurs expériences et coordonnant leurs actions.

5. Le développement culturel repose sur la multiplicité des acteurs sociaux. La bonne gouvernance se fonde notamment sur la transparence de l’information et sur la participation citoyenne à l’élaboration des politiques culturelles, dans les processus de prise de décision comme dans l’évaluation des programmes et des projets.

6. L’incontournable nécessité de créer des conditions favorables à la paix doit être au cœur des stratégies de développement culturel. La guerre, le terrorisme, l’oppression et la discrimination sont des manifestations d’intolérance qui doivent être condamnées et éradiquées.

7. Les villes et les territoires locaux sont un cadre privilégié pour une construction culturelle en constante évolution et constituent des espaces de diversité créative, où la confluence des différences (origines, points de vue, âges, sexes, ethnies et classes sociales) permet l’épanouissement personnel intégral. Le dialogue entre identité et diversité, entre individu et collectivité, est nécessaire tant à la construction d’une citoyenneté culturelle planétaire qu’à la survie de la diversité linguistique et qu’au plein épanouissement des cultures.

8. La cohabitation dans les villes implique la responsabilité conjointe des citoyens, des forces vives et les gouvernements locaux. Les dispositifs légaux ou réglementaires sont fondamentaux, mais ils ne peuvent être le seul moteur du « vivre ensemble » dans les villes. Comme le stipule la Déclaration universelle des droits de l’Homme dans son article 29: « L'individu a des devoirs envers la communauté, dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible. »

9. Le patrimoine culturel tangible et intangible est le témoignage de la créativité humaine et le substrat de l’identité des peuples. La vie culturelle recouvre la sauvegarde et la valorisation des traditions des peuples en même temps que la création et l’innovation dans les modes d’expression propres à chacun. Elle s’oppose, de ce fait, à toute volonté d’imposer des modèles culturels rigides.

10. L’affirmation des cultures ainsi que l’ensemble des politiques mises en œuvre pour leur reconnaissance et leur viabilité constituent un facteur essentiel du développement durable des villes et des territoires, sur les plans humain, économique, politique et social. Le caractère central des politiques culturelles publiques est une exigence pour les sociétés contemporaines.La qualité du développement local requiert l’imbrication des politiques culturelles et des autres politiques publiques (sociales, économiques, éducatives, environnementales et urbanistiques).

11. Les politiques culturelles doivent trouver un point d’équilibre entre les intérêts publics et privés, entre la vocation publique de la culture et son institutionnalisation. Une institutionnalisation démesurée ou une prédominance excessive du marché comme unique décideur de l’attribution des ressources culturelles comporte des risques et constitue un obstacle au développement dynamique des systèmes culturels. L’initiative autonome des citoyens, pris individuellement ou réunis en associations ou en mouvements sociaux, est le fondement de la liberté culturelle.

12. Évaluer correctement l’ensemble des apports de la création et de la diffusion des biens culturels – amateurs ou professionnels, de nature artisanale ou industrielle, individuelle ou collective – devient, dans le monde contemporain, un facteur décisif d’émancipation, de
garantie de la diversité et, par conséquent, une conquête du droit démocratique des peuples à affirmer leur identité dans les relations entre les cultures. C’est pourquoi les biens et services culturels, comme l’affirme la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle dans son article 8, « pour être porteurs d’identité, de valeurs et de sens, ne doivent pas être considérés comme des marchandises ou des biens de consommation comme les autres ». Il importe de souligner l’importance de la culture en tant que facteur de création de richesse et de développement économique.

13. L’accès à l’univers culturel et symbolique dans tous les moments de la vie, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, constitue un facteur essentiel pour la formation de la sensibilité et des capacités d’expression, ainsi que pour la coexistence harmonieuse et pour la construction de la citoyenneté. L’identité culturelle de tout individu est une réalité en mouvement.

14. L’appropriation de l’information et sa transformation en savoir par les citoyens est un acte
culturel. Par conséquent, l’accès sans distinction aux moyens technologiques, d’expression et de communication, ainsi que l’élaboration de réseaux horizontaux, renforce et alimente la dynamique des cultures locales et enrichit le patrimoine collectif d’une société fondée sur le savoir.

15. Le travail est un des principaux espaces de la créativité humaine. Sa dimension culturelle doit être reconnue et développée. L’organisation du travail et l’implication des entreprises dans la ville ou sur le territoire doivent respecter cette dimension, comme un des éléments fondamentaux de la dignité humaine et du développement durable.

16. Les espaces publics sont des biens collectifs qui appartiennent à tous les citoyens. Aucun individu, aucun groupe ne peut être privé de leur libre utilisation, dans la mesure où les règles adoptées dans chaque ville sont respectées.

Pour connaître une des nouvelles institutions européennes, interurbaine, et pour savoir ce que trament les équipes dirigeantes des réseaux institutionnels européens, penchez-vous sur le site :
http://www.agenda21culture.net/

20090207

Hommage à Marivaux

Du Spectateur français au Spectateur européen
Christian Ruby & Simon Daireaux
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Τα εκτυπωτήρια του πανεπιστημίου Παρίσι-Σορβόννης μόλις δημοσίευσαν ένα βιβλίο του Alexis Lévrier με τίτλο : « Les journaux de Marivaux, et le monde du spectateur(2008) » (Οι εφημερίδες του Marivaux, και ο κόσμος του θεατή).Δεν μπορούμε να αντισταθούμε στην χαρά να ξαναδημοσηεύσουμε ένα μικρό άρθρο το οποίο προσδιόριζει τις προθέσεις του συγγραφέα και να προσθέσουμε στο κείμενο τις εξής παρατηρήσεις:Το « φαινόμενο των Θεατών » απορρέει πρώτα απ’όλα στην Αγγλία με τους RichardSteele και Joseph Addison που ιδρύουν το 1705 το « Spectator »(μετά του δοκιμίου « The Tatler » από Richard Steele ) το οποίο δεν κυκλοφορεί σε ογκώδη βιβλία αλλά σε « single sheets » (μεμονωμένα φύλλα ). Μετά την μετάφραση αυτού του Spectator , ή όπως το ονόμασαν στην Γαλλία, Le Spectateur ή Le Socrate moderne (1724), ένας μεγάλος αριθμός διάφορων « Spectator »θα κάνουν την εμφάνιση τους κατά την διάρκεια του Διαφωτισμού. Καταλογίζονται ακριβώς 112 μεταξύ του 1711 και του 1789.
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Aufklärung tut offenbar not – und zwar nicht nur bei Schülern. Wie sind Einheit und Freiheit auf friedliche Weise erreichen worden ? Mit der Demokratie verbanden wir die Erfahrung des Verfassung. Das ist die Folge der Arbeit der Aufklärer. Marivaux ist nicht eine Ausnahme. Er hat aber von Bedeutsamen Begegnungen, Widerstand und Erlebnissen erzählt.
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La prensa del Universidad Paris-Sorbonne acaba de publicar una obra de Alexis Levrier titulada: Les journaux de Marivaux et le monde des specateurs. He aqui un breve articulo que precisa las intenciones del autor. El fenomeno de los espectadores nacio en İnglatera gracias a Richard Steele y Joseph Addison que fundaron le Spectateur en 1705. A raiz de su traduccion en frances, un importante numero de obras de este genero aparecieron en el siglo de las Luces.
Sorbonne Üniversitesi yakın zamanda Alexis Lévrier'nin 'Marivaux'nun Gazeteleri ve Izleyicilerin Dünyası' adlı eserini yayınlamıştır. Size yazarın bu eseri yazma amacına dayanan bir makale sunuyoruz: 'İzleyiciler fenomeni' ilk olarak Richard Steele ve Joseph Addison'ın 1705'de yazdığı le 'Spectator' sayesinde İngiltere'de doğudu. Bu eser fransızcaya çevirildi. Çevirmelerin sayısı 1711 ve 1789 arasında 112 oldu.
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Les Presses de l’Université Paris-Sorbonne viennent de publier un ouvrage d’Alexis Lévrier intitulé : Les journaux de Marivaux, et le monde des « spectateurs (2008). Nous ne pouvons résister au double plaisir de republier ici un bref article qui cerne les intentions de l’auteur ; et d’ajouter à ce texte quelques commentaires supplémentaires que voici :
La publication de journaux et revues intitulés Spectateurs, au XVIII° siècle, constitue un véritable phénomène social et politique. L’auteur découvre dans ces publications un véritable phénomène journalistique d’une extraordinaire vitalité. Il nous présente d’ailleurs ces publications en tête de son étude. S’ils manifestent tous la volonté d’imiter le modèle du Spectator (journal publié à Londres par Richard Steele et Joseph Addison), ces journaux n’expriment cependant jamais le désir d’être associés à un genre littéraire constitué. En revanche, les Spectateurs évoquent souvent la tradition des moralistes. L’activité des Spectateurs publiés durant le XVIII°s est caractérisée par trois termes : curiosité, pénétration et réflexion. Ni les sujets qu’ils traitent, ni le ton qu’ils adoptent, ne les rapprochent des périodiques d’information immédiate et des journaux érudits. De la même manière, ils ne cherchent pas plus à toucher les amateurs de nouvelles que les lecteurs friands de gros in-folio. De telles feuilles volantes prennent même plaisir à tourner en dérision le public savant, incarné par « l’homme d’esprit grave » mis en scène dans la 6° feuille du Spectateur français. Le Spectateur de Marivaux ne raconte d’ailleurs pas les événements. Il privilégie les pensées qu’inspirent les événements à l’auteur. De ce fait, Marivaux finit par parler des événements mais en les mettant en scène et en ouvrant sa lecture de ce qui se déroule. Il ne s’agit jamais de célébrer la politique royale. Dans les Spectateurs d’expression française, le recours à la première personne est plus constant et plus martelé que dans les autres périodiques d’expression individuelle. Les imitateurs francophones du Spectator délèguent eux aussi la parole à un narrateur dont le rôle essentiel, et parfois presque unique, est celui d’un observateur de la société, des mœurs et de la sociabilité. Quant au Spectateur de Marivaux, il s’annonce d’emblée dans la volonté de consacrer son existence à « examiner les hommes ». Aussi est-il évident que les récits soient des scènes d’observation à distance. Le journaliste se fait témoin qui se contente de regarder et d’écouter sans intervenir. Il témoigne non moins d’une certaine sollicitude envers ses semblables. Il revendique d’être utile à ses contemporains. Il ne cesse d’ailleurs de dialoguer avec le lecteur, le prend à parti, et dialogue avec lui.

Christian Ruby

Simon Daireaux écrit alors à ce propos :

On connaît Marivaux pour ses qualités de romancier ou de dramaturge, moins souvent pour celles de journaliste. Et pourtant, loin de n’être qu’un premier métier alimentaire, sa chronique journalistique s’avère une mine de curiosités. Le récent ouvrage d’Alexis Lévrier, Les journaux de Marivaux et le monde des ‘‘spectateurs”, donne à voir la richesse des ouvrages périodiques du premier XVIIIe siècle. L’auteur consacre un chapitre entier à une définition de cette forme journalistique : « Les ‘‘spectateurs” pourraient trouver leur cohésion dans l’insistance sur le recours à la feuille volante : tous ces journaux se présentent en effet sous la forme de petits feuillets de format in-8° ou in-12 » (p.31). Le « phénomène des spectateurs » naît tout d’abord en Angleterre : Richard Steele et Joseph Addison fondent en 1705 le Spectator (après l’essai d’un The Tatler par Richard Steele) qui paraît non pas en ouvrages volumineux mais en « single sheets ». A la suite de la traduction de ce Spectator, devenu en français Le Spectateur ou le Socrate moderne (1714), un grand nombre de « Spectateurs » vont voir le jour durant le Siècle des Lumières. On en compte précisément 112 entre 1711 et 1789. Marivaux n’est donc pas seul à contribuer à l’essor de du « journalisme spectatorial ». L’expansion du phénomène doit beaucoup au modèle anglais, et pourrait-on dire à sa réussite économique. Beaucoup d’auteurs envient ce succès bien plus qu’ils ne sont fascinés par le style d’un Richard Steele ou d’un Joseph Addison.
L’intérêt de ces Spectateurs réside surtout dans leur rupture avec un modèle classique de journalisme. Comme le montre Alexis Lévrier, les auteurs de Spectateurs ont refusé de s’inscrire dans le genre de la gazette ou du Mercure, autrement dit dans une tradition importée du XVIIe siècle français. L’innovation du Spectator, et de sa postérité européenne, tient à la mise en valeur d’un rédacteur fictif qui se construit une image tout au long de ses chroniques. En cela, « les auteurs à feuilles se parent d’un masque et inventent une persona conforme à leur stratégie d’écriture » (p.129). Pour mieux définir la forme que prend le Spectateur, chez Marivaux notamment, Lévrier parle de « feuilles périodiques à forme personnelle » (p.123). Marivaux ne s’exprime donc pas en son nom propre dans Le Spectateur français (1721-1724), L’Indigent philosophe (1727) ou Le Cabinet du philosophe (1734) ; il se fabrique une persona d’observateur à l’écart du monde. Plus précisément, « le balancement entre volonté de se tenir à l’écart du monde et de participer à la vie sociale caractérisera l’ensemble des ‘‘spectateurs” d’expression française » (p.173). Cette posture paradoxale influencera Restif de la Bretonne à la fin du siècle : « J’ai vu ce que personne que moi, n’a vu. Mon empire commence à la chute du jour, et finit au crépuscule du matin, lorsque l’aurore ouvre les barrières du jour ».

Un genre à part entière ?

Aux confins du journalisme et de la littérature, les Spectateurs peuvent-ils se revendiquer en tant que genre à part entière ? L’auteur ne cesse en tout cas de poser la question tout au long de son étude. L’hétérogénéité même du corpus infléchit la thèse d’un genre Spectateur : « Faut-il se résigner à voir dans les périodiques dérivés du Spectator un ensemble composite, un déferlement dont le cours chaotique n’aurait laissé aucune trace dans l’histoire littéraire ? » (p.102). La fragile cohésion des Spectateurs tient avant tout à la subjectivité marquée de ces périodiques : tandis que certains auteurs empruntent au modèle anglais, d’autres revendiquent une tradition moraliste française. Devant ces difficultés génériques, Alexis Lévrier choisit de ranger les Spectateurs dans la rubrique hybride des essais. La discontinuité des propos tenus par les divers spectateurs empêche donc de donner à ce phénomène une étiquette fixe.
Si Marivaux est le seul « Spectateur » à demeurer connu aujourd’hui, c’est sans doute lié au caractère protéiforme de sa production. Le refus de la monotonie et l’enchâssement de voix narratives sont les traits caractéristiques des « feuilles volantes » de l’auteur de La Fausse suivante. Ajoutons à cela que le lancement du Spectateur français intervient dans une période de disette journalistique : « En 1721, lorsque Marivaux lance le Spectateur français, la France ne compte aucun quotidien, presse culturelle et presse d’information immédiate confondues » (p.317). Ce qui explique sans doute que Marivaux devient rapidement un modèle pour toute une génération de Spectateurs (notamment ceux parus entre 1723 et 1729). L’Indigent philosophe constitue sur ce point un modèle dans le genre. Le spectateur ne cesse de déléguer la parole à d’autres énonciateurs et de dialoguer avec des figures de lecteurs. La définition du comportement social de «l’Indigent philosophe » peut ainsi servir de paradigme pour toute la gamme de spectateurs de la période : «Je n’ai point d’amis qui me viennent voir, mais en revanche je vais voir tout le monde dans les rues, je m’amuse des hommes qui passent » (cité par Lévrier, p.299).

Un nouveau modèle de journalisme

A l’heure où le journalisme se trouve mis en question et où de nouveaux modes de médiatisation de l’information sont pensés, il semble que le modèle marivaudien ait de quoi nous instruire. Bien entendu, le propos de Lévrier se limite à une étude littéraire d’une forme trop peu connue de journalisme sous l’Ancien Régime. Son travail est donc avant tout une étude universitaire dans le prolongement des travaux de Jean Sgard et de Michel Gilot. Néanmoins, dans une perspective moderne, on peut trouver dans ces Spectateurs une mine d’idées pour renouveler le journalisme contemporain. Le principe de fiction qui gouverne les périodiques étudiés, ce jeu constant d’enchâssements d’histoires plus ou moins tirées du réel, de dialogues agressifs avec des figures de lecteurs, cette économie littéraire en définitive de la feuille volante est un modèle de journalisme inventif.
L’obsession des faits vrais et des images en temps réel qui définissent notre journalisme se trouve en parfait décalage avec la posture délibérément non participative du « Spectateur ». Citons ce passage du Nouveau Spectateur français de Van Effen pour mieux saisir cette liberté de ton qui caractérise le phénomène des Spectateurs : « Je sais bien que la masse du public n’aime ni les raisonnements, ni les dissertations. Elle veut du burlesque, ou tout au moins quelque chose de légèrement écrit, quelque chose de superficiel, moitié conjecture, moitié décision. Ce tour d’esprit s’accommode à sa paresse naturelle : en lisant, elle veut être simplement passive, et recevoir nonchalamment quelques images amusantes, sans se donner la peine d’y réfléchir, et d’en examiner les liaisons. C’est là le goût du public, dit-on : tant pis pour lui ; les dégoûts de ce public malade ne doivent pas empêcher pourtant de vrais philosophes de lui donner quelquefois des dissertations et des raisonnements suivis, pourvu que ces pièces tendent à former le goût et à épurer les mœurs. » (cité par Lévrier, p.405). Bien sûr, cette charge agressive a de quoi susciter la critique aujourd’hui. Le mépris et le moralisme du propos n’emportent pas l’adhésion. Mais avouons que cette forme engagée et ce refus de la complaisance réveillent le lecteur de sa torpeur habituelle. La confusion actuelle de la communication publicitaire et du journalisme professionnel nous amène sans doute à méditer sur ces anciennes pratiques journalistiques.

20090206

Multilinguisme

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Η αρμονική συνύπαρξη πολλών γλωσσών στην Ευρώπη είναι ένα δυνατό σύμβολο της επιθυμίας της Ε.Ε για την ενότητα στην πολυμορφία, έναν απο τους ακρογονιαίους λίθους του Ευρωπαικου σχεδίου.Οι γλώσσες καθορίζουν τις προσωπικές ταυτότητες αλλά είναι επίσης και κοινή κληρονομιά. Μπορούν να ενεργήσουν ως γέφυρα προς άλλους ανθρώπους και ως ανοιχτή πρόσβαση προς άλλες χώρες και πολιτισμούς, προωθώντας την κοινή αμοιβαιότητα.
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La cohexistencia harmoniosa de numerosas lenguas en Europa es un simbolo clave de la ambicion de la Union europea por la unidad en la diversidad. Las lenguas definen identidades personales asi como una herencia comun. Pueden ser un puente hacia otras culturas favorenciendo la comprension mutua.
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Avrupa Birliği çerçevesinde ceşitli lisanların birlikte var olması farklılğin bir birlik oluşturabileceği’nin bir gostergesidir. Lisanlar kişisel kimlikler tanımlasa da, ortak bir miras sahibi olabilirler(örneğin Fransa ve İtalya). Lisanlar başka insanların kütlturelerini anlamak için ve dunya’nın barışına sağlamak için vazgeçilmez bir köpru.
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Sur le site de l’Observatoire du multilinguisme :
http://plurilinguisme.europe-avenir.com

Vous trouverez :

1 – Un texte général sur le plurilinguisme en Europe, dont voici l’ouverture :

La coexistence harmonieuse de nombreuses langues en Europe est un symbole puissant de l'aspiration de l'Union européenne à l'unité dans la diversité, l'une des pierres angulaires du projet européen. Les langues définissent les identités personnelles, mais s'inscrivent également dans un héritage commun. Elles peuvent faire office de pont vers d'autres personnes et d'accès ouvert vers d'autres pays et cultures, en favorisant la compréhension mutuelle. Une politique du multilinguisme réussie peut élargir les perspectives offertes aux citoyens: elle peut augmenter leur employabilité, faciliter leur accès aux services et l'exercice de leurs droits et contribuer à la solidarité par un renforcement du dialogue interculturel et de la cohésion sociale. Vue sous cet angle, la diversité linguistique peut devenir un atout précieux et ce, de plus en plus, dans le monde globalisé d'aujourd'hui….

2 – Un texte de Heinz Wismann, sur le même thème.

3 – Un texte de Christian Tremblay, dont voici le résumé :

Comment dites-vous? Multilinguisme ou plurilinguisme?

Pour un individu, être plurilingue ou multilingue revient au même. Par contre pour une société, la question se pose de savoir si l'on a affaire à de parfaits synonymes, ou si plurilinguisme et multilinguisme ne recouvrent pas des réalités toutes différentes.
En effet, pour une collectivité, la coexistence de plusieurs populations monolingues mais de langues différentes n'a qu'un lointain rapport avec la situation d'une population d'individus parlant majoritairement plusieurs langues. Bien sûr entre ces deux situations bien différenciées peut se trouver toute une gradation de configurations intermédiaires. Néanmoins, il est regrettable d'imaginer qu'un même terme ou que deux termes désignent indifféremment des réalités qui en définitive ont assez peu de choses en commun.
La question se pose de savoir si les termes « multilinguisme » et « plurilinguisme » ne permettent pas de traduire cette différence de sens. « Multilinguisme » ne devrait-il pas voir son sens restreint à la désignation de collectivités à plusieurs populations unilingues tandis que « plurilinguisme » pourrait être le terme candidat pour des populations composées d'individus plurilingues ou multilingues.
Nous n'avons pas ici la prétention de répondre à la question mais plutôt de la poser, tant l'usage semble assez fluctuant, même si se dégage un tendance à opérer la distinction. 
Nous sommes porté à penser que la distinction n'est pas dépourvue de légitimité.
Quelques remarques pour étayer ce point de vue.
Chaque fois qu'on applique l'adjectif à une entité précise, la synonymie joue à plein : ex. : personne multilingue ou plurilingue, texte multilingue ou plurilingue, organisme multicellulaire ou pluricellulaire.
Par contre, quand on a affaire à un ensemble plus complexe, la pratique est plus floue. Multipartisme et pluripartisme sont indifférents en droit constitutionnel. Par contre, pluralité n'est pas multiplicité.
On dira plus difficilement « gauche multiple » que « gauche plurielle », sans doute parce que le mot « pluriel » comporte un sème d'unité qui est inexistant dans « multiple ». C'est sans doute pour cette raison que « pluriel » admet deux contraires dans « unique » et « singulier », alors que « singulier » n'est pas le contraire de « multiple ».
La « singularité » n'est pas l' « unicité ». Il y a dans la « singularité » une idée d'identité irréductible qui est incompatible avec l'idée même de multiplication par suite d'une sorte d'inaptitude à la reproduction du même. Quelqu'un de singulier a, du fait de sa singularité, quelque chose à voir avec bizarrerie, étrangeté, excentricité, extraordinaire, extravagance, originalité, non sans dans certains contextes une connotation péjorative. Se singulariser est parfois mal vu. Pour cette même raison, le pluriel maintient l'unité, la cohésion, alors que le multiple reste neutre de ce point de vue.
Pluriel vient de « plus », c'est plus que un, mais ce n'est pas forcément un multiple. C'est ainsi qu'une personne plurilingue vaut plus qu'une personne unilingue (l'empereur Charles Quint exprima cette idée en disant qu'une homme qui parle quatre langues vaut quatre hommes), de même, un pays plurilingue a manifestement une supériorité par rapport à un pays monolingue. Par contre, l'unité et la cohésion d'un Etat multilingue est plus problématique. L'Europe est sans nul doute multilingue, mais elle ne sera vraiment l'Europe que lorsqu'elle sera plurilingue.


4 – A lire aussi, le texte de Julia Kristeva, dont voici un extrait :

La culture européenne, qui fut le berceau de la quête identitaire, n’a pas cessé d’en dévoiler aussi bien la futilité que le possible, bien qu’interminable, dépassement. Et c’est ce paradoxe - il existe une identité, la mienne, la nôtre, mais elle est infiniment constructible et déconstructible, ouverte, évolutive –, qui confère sa déroutante fragilité et sa vigoureuse subtilité au projet européen dans son ensemble, et au destin culturel européen en particulier. Qui ne le connaît ? Les médias le déclinent en termes de « diversité », de « respect des singularités », d’« ouverture » et de « fermeture » des frontières, d’équilibre entre les « nations » et la « globalisation », etc.
« Qui suis-je ? » est une question dont la meilleure réponse, européenne, n’est évidemment pas la certitude, mais l’amour du point d’interrogation. En effet, entre l’incertitude de l’identité personnelle propre à l’Européenne que je suis, les angoisses et leurs revers, que sont les arrogances communautaires et les soubresauts des nations dans une globalisation qui favorisent les unes au détriment des autres, avant de les uniformiser toutes, l’Union est-elle une zone de libre échange ou un projet politique ?
[…]



20090205

Vocabulaire

Οι σχέσεις προς τον άλλον είναι επίσης σκαλισμένες στις γλώσσες. Αποκαλώντας τον άλλον ερχόμενο απ’το εξωτερικό, ξένο, μετανάστη ή αλλοδαπό π.χ , δεν είναι το ίδιο πράγμα και η τύχη που τον περιμένει διαφέρει σαφώς. Αυτό το άρθρο παρέχει έναν κατάλογο με διάφορες δυνατές ονομασίες ανάλογα των καταστάσεων, αλλά αυτό που χαρακτηρίζει το λεξιλόγιο είναι πως δεν παύει να αλλάζει ανάλογα με τις σχέσες που διατηρούνται με τους άλλους.
Ötekiye olan ilişkimiz de lisan farklılıkları önemlidir. Örneğin, bir yabancıya, bir göcmene bakış acımız genelde ulkemizin vatandaşına olan bakış acısına göre farklı oluyor. Bu makalle, ötekiye bakış acımızın gelişmesi açısından önemli önerilerde bulunuyor.
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Petit exercice de vocabulaire à pratiquer dans chaque langue… Comment nommer « l’autre » venu chez « nous » ?

Le voici en Allemand (in Deutsch).

Dans le Magazin Mikses, un article de Andreas Fuhrich,

« Das ist der Ali. Der Ali hat einen Migrationshintergrund. Wie bekommt man einen Migrationshintergrund ? Ganz einfach. Man muss einen Vorfahren haben, und der oder die müssen aus ihrem Heimatland emigriert sein. Also auxgewandert. Oder aber, sie müssen in ein anderes Land immigriert sein. Also eingewandert. Und weil das keinen Unterschied macht, sagt man einfach nur migriert. Heisst zwar übersetzt bloss Wandern, meint aber mehr. Über eine Grenze wandern etwa. »

Premier temps : Vous arrivez dans un autre pays, et vous êtes un immigré. Mais pour votre pays de référence, vous êtes un émigré. Et finalement, comme il n’y a entre les deux qu’une différence de direction, on vous appelle un migrant.

« Beim Ali ist der Vorfahre der Opa, Mustafa. Der Mustafa kam nämlich als Gastarbeiter nach Deutschland. Und da arbeitete er… Bis man sich irgendwann gedacht hat : … der Mustafa, der geht j agar nicht mehr weg. Da kann man doch nicht Gast sagen. Also nannte man den Mustafa jetzt erst einmal wieder bloss Ausländeer… »

Deuxième temps : Vous travaillez dans le pays d’accueil. Vous devenez un travailleur immigré. Jusqu’à ce que vous vous installiez dans le pays. Alors vous devenez un étranger.

« Und als der Mustafa sich auch so richtig integriert hatte, da nannte man ihn dann den ausländische Mitbürger. Weil, das klingt auch schon integrativ : Mitbürger. »

Troisième temps : En vous intégrant, vous finissez par passer pour un concitoyen d’abord étranger, puis pour un simple concitoyen. Et qu’advient-il de vos enfants…. L’histoire peut continuer indéfiniment. L’indigène se prend toujours lui-même pour un bloc identitaire et ne cesse de faire varier les identifications de l’autre. Et le vocabulaire est assez riche pour trouver des noms à toutes les situations, mais des noms qui ne cessent de s’attacher à maintenir de la différence dont la propriété est de hiérarchiser sans cesse.
Sauf à repenser complètement nos relations avec les autres.

20090204

Frontier

Über die Vorurteilen. Europa und Vorurteilen an die Grenzen.
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Einige Wörter von der Bürgermeister von Löcknitz. Er spricht von Stettin, das 19 Kilometer östlich von Löcknitz beginnt. « Ohne Sttetin », sagt er, « sässen wir hier doch am Arsch der Welt ». Der Bürgermeister lebte schon vor der Wende hier, als 40 000 Soldaten in der Region stationniert waren. Er lebte den Wirtschaftliche und sozialen Zusammenbruch, sah die Jungen abwandern, besonders die Frauen und die Gebildeten. Doch, heute, sind es Polen aus dem boomenden Stettin, die in der ärmsten Region Deutschlands für neues Leben sorgen. Zu Beginn des Jahres 2005 hatten 35 Polen ihren ersten Wohnsitz in Löcknitz, ein Jahr später 97 und zu Beginn dieses Jahres schon 210. Die meisten umzugswilligen Polen schätzen traditionelle deutsche Tugenden. In der Löcknitzer Grundschule wurden im Herbst 13 polnische Kinder eingeschult. Aber als für Polen, besonders attraktiv ist für sie in Löcknitz, die neue Zeit ist nicht frei von Anfeindungen. Für die Deutschen entlang der Grenze bringt disese neue Art der Nachbarschaft den Abschied von lange gepflegten Urteilen und Vorurteilen. Die Verhältnisse verkehren sich. Aber erst neulich schlugen Rechtsextremisten bei sechs Autos mit polnischen Kennzeichen die Scheiben ein…

Passage de frontières – travail aux frontières
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L’Europe et les préjugés aux frontières. Quelques mots du maire de Löcknitz. Il est clair que la question des anciennes frontières internes à l’Union européenne est décisive. Mais la question n’est pas seulement celle de l’effacement des frontières physiques (disparition des barrières) entre les anciens pays séparés. Elle est aussi celle des préjugés et de la maîtrise des anciens conflits entre les habitants des différentes contrées de l’Union.
A cet égard, il existe, du côté des artistes de nombreux travaux portant sur les différentes formes de frontières. L’artiste Nicos Charalambidis, par exemple, propose à Chypre une Ledra Barricade. Entre les deux communautés, il construit un pont traversant permettant de se contacter d’un côté et de l’autre de la frontière sans passer. Il restaure de la liaison prometteuse…. On connaît d’autres artistes ayant travaillé sur les anciennes frontières de la Pologne et de l’Allemagne.
Mais il est une autre manière de travailler ces frontières. Marco Zanta, par exemple, artiste exposé à la Maison européenne de la photographie (Paris), a présenté Urban Europe, une série de photographies inspirées par sa passion pour l’architecture, au travers de l’Europe. Marco Santa s’est intéressé aux nombreux projets architecturaux en chantier ou réalisés dans plusieurs métropoles européennes. Il s’est embarqué dans une odyssée de quatre ans qui l’a mené d’Helsinki à Lisbonne à la recherche de bâtiments susceptibles de devenir des icônes de l’architecture moderne, capables de changer le visage des villes européennes. En photographiant ce qu’il voit, Zanta construit son propre projet : un cosmoposite imaginaire et poétique fait de villes à l’identité unique, une Euro-ville… ?

20090203

L’Europe de la reconnaissance

La reconnaissance à l’épreuve, Explorations socio-anthropologiques.
Jean-Paul Payet et Alain Battegay
Lille, Presses Universitaires du Septentrion,2008.
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Σε όλη την Ευρώπη ο όρος « ανανώρηση » γνωρίζει από εδώ και στο εξής μια σχετική επιτυχία, όσο σε θεωριτικό αλλά και σε πρακτικό επίπεδο. Δίνει την δυνατότητα να βγούνε έργα στο φώς, όπως αυτό φιλοσοφικής πολιτικής του Axel Honnet στην Γερμανία, της Agnes Heller στην Ουγγαρία, και του Anthony Giddens στην Αγγλία.Κυκλοφορεί στα εργαστήρια της (σύνδεσμος κοινωνιολογικής και εθνολογικής έρευνας και παρέμβασης) όπως και σε κοινωνικούς αγώνες στο πεδίο ( αστική πάλη, κινήματα της κοινωνίας ή νέα κοινωνιακά κινήματα ).Σε όλες αυτές τις περιπτώσεις, το κεντρικό ζήτημα αφορά τις ηγεμονίες και τις αδικίες μέσα στις σύνγχρονες κοινωνίες.
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Dans toute l’Europe, le terme « reconnaissance » connaît désormais un certain succès. Et ceci doublement : sur le plan théorique et sur le plan pratique. Il fait partir des travaux de philosophie politique de Axel Honneth, en Allemagne, de ceux de Agnès Heller en Hongrie, de ceux de Anthony Giddens, en Angleterre. Il circule dans les ateliers de l’ARIESE (association de recherches et d’intervention sociologique et ethnologique), comme dans les luttes sociales sur le terrain (territoires urbains en lutte, mouvements de société ou nouveaux mouvements sociaux
[1]). Dans tous ces cas, il est question centralement des nouvelles dominations et injustices dans les sociétés contemporaines. Et par contrecoup, des actions et des rhétoriques de la reconnaissance dans lesquelles certains peuvent se configurer face à des mépris, qu’il s’agisse de conflits exposés dans les lieux publics, de batailles concernant les recompositions urbaines, de heurts entre les figures du citadin et du migrant, ou des expériences de population en situation minoritaire et migratoire.
Cette activité déployée autour de la notion de reconnaissance, appuyée sur l’héritage philosophique hégélien
[2], vise entre autres choses à nous rendre attentifs à ne pas glisser des constats sociaux et politiques impliqués par des situations désastreuses au misérabilisme ou à la condescendance embarrassée qui entoure en général ces problèmes. La notion de reconnaissance ne se condense pas en une doctrine morale appliquée aux phénomènes sociaux, elle s’attache à maintenir le raisonnement dans l’horizon politique, et en particulier dans l’horizon de la fabrication des altérités.
Les composantes de la question de la reconnaissance ne se limitent évidemment pas aux énumérations dégagées dans des enquêtes menées par les sociologues ou au repérage des contextes dans lesquels la question se pose. Elles comportent surtout un système d’approche des faits sociaux : qui est reconnu ? Qui veut être reconnu ? Qui reconnaît ? Quelle dépendance vis-à-vis de l’octroyeur de la reconnaissance est entraînée par là ? Une reconnaissance ainsi octroyée n’aboutit-elle pas à une objectivation ou une réification ? Dans ce cas, la reconnaissance ne devient-elle pas une ruse de la domination ? Qui lutte dans l’espoir d’une reconnaissance et qui peut s’en passer ? Toutes les luttes sociales et politiques sont-elles des luttes pour la reconnaissance ? La reconnaissance équivaut-elle à un simple respect
[3] ? Et surtout, elles enveloppent une question décisive : Quelles sont les limites de la reconnaissance, dans la mesure où il n’échappe pas à sa logique, en effet, qu’une identification positive ne conduit pas nécessairement à un bouleversement de la situation (ou des instances auxquelles s’adresse la reconnaissance) qui a empêché, en premier lieu, la reconnaissance ?
On ne peut cependant cerner cette question de la reconnaissance qu’en analysant des processus. Il n’y a pas de reconnaissance en soi. Le point de départ d’une lutte pour la reconnaissance se joue dans le rapport entre l’invisible et le visible dans un cadre social donné, synonymement le mépris social imposé à quelques-uns (ignorance, séparation, transparence) à quelques autres. La notion de reconnaissance implique par conséquent qu’on s’intéresse, dans un contexte de référence, au régime de visibilité
[4], notamment dans l’espace public : régime d’aveuglement et simultanément régime de parole qui gomme l’exclusion. La reconnaissance devient alors ce processus qui, à partir d’une souffrance sociale et politique, par l’intermédiaire de mises en scène de la souffrance, du mépris (mais aussi du discours de la domination imposant des stigmates : la culpabilité, l’incapacité et la honte), d’un travail de légitimation, conduit à une recherche en reconnaissance plutôt qu’à l’insistance pour se cacher encore plus. S’il s’agit bien d’un tel processus, il n’en reste pas moins vrai qu’il n’est pas aisé à entreprendre. Il est difficile, par définition même, d’entrer dans un régime de visibilité actif, de gérer les effets de l’exposition publique, de saisir et évaluer les risques de la lutte, mais aussi d’approcher la possibilité d’une issue dévoyée de la lutte dans une recatégorisation sujette à de nouveaux malentendus [5].
Comment appréhender, en effet, les phénomènes suivants : la reconnaissance de la qualité de réfugié, sinon en passant par les catégories administratives d’un Etat ? La reconnaissance d’une situation de traumatisme, sinon en rapport avec le système public des ayant-droits susceptible de faire bénéficier d’une protection ? La reconnaissance de soi comme sujet souffrant et vulnérable, sinon par les organisations humanitaires et en acceptant les conditions requises pour être aidé ? La reconnaissance d’une situation indigne, sinon par l’intermédiaire des modèles de cadrages qui définissent les situations d’indignité ? En un mot, peut-on échapper à la nécessité de rendre compte systématiquement de l’opposition domination-reconnaissance ?
Enfin, au-delà de ces considérations techniques, il est clair que la question de la reconnaissance nous place au seuil d’une réflexion nécessaire sur l’Europe conçue dans ses rapports avec un certain type de justice distributive, les maux sociaux, les possibilités de réparation ou de réconciliation, en tant qu’elles mettent simultanément en valeur la responsabilité des uns et des autres. Ce qui est en jeu, d’une façon ou d’une autre, dans la reconnaissance, à ce niveau, c’est la configuration de l’universel. Et d’abord de cet universel abstrait qui cohère pour l’heure l’Europe restreinte à l’Union européenne. Les luttes pour la reconnaissance ne finissent-elles pas par se traduire par une pluralisation nécessaire des normes de référence ? Certes, pas nécessairement, puisqu’il est possible de résoudre-dissoudre ces luttes dans une instrumentalisation dans laquelle elles peuvent ne représenter qu’une niche officiellement acceptée en marge des traits officiels. Mais, dans le cas d’une réelle pluralisation envisageable, nous sommes renvoyés à l’obligation de penser un universel concret qui ne se contente pas de correspondre à un relativisme normatif.
Pour autant, est-il nécessaire de combiner lutte pour la reconnaissance et identité ? On peut penser évidemment à la question des « identités culturelles » et à leur adresse aux Etats ou à l’Etat européen pour être reconnues comme interlocutrices valables. Au passage, on remarque que l’Etat européen dispose déjà d’une catégorie de « groupes identitaires », et que si on se conforme à ses vœux, les demandes deviennent acceptables ! Parlerons-nous d’ambivalence à ce propos ? En tout cas, il s’agit bien de relations institutionnelles de reconnaissance. Elles montrent que les usagers ne bénéficient, dans ce cadre, de reconnaissance que s’ils se soumettent à certaines règles et normes de comportement manifestant qu’ils reconnaissent eux-mêmes la validité des catégories qui leur sont appliquées. Il convient donc d’analyser de très près ces formes de reconnaissance impliquées par les cadrages identitaires.
Reste aussi à se demander dans quelle mesure cette émergence de la question de la reconnaissance en Europe ne renvoie pas à une faillite constable, en tout cas, sûrement, à un déficit de politique. L’idée de reconnaissance prend de l’extension, nous semble-t-il, avec le développement de plus en plus massif d’un désenchantement politique. Mais pas seulement. Elle prend non moins de l’extension au fur et à mesure que l’on découvre les impasses dans lesquelles les théories dominantes de la politique et de la justice nous enferment. En l’occurrence, l’impasse suscitée par l’imposition de la catégorie d’équité ou d’inégalité défendable raisonnablement. Une telle conception de la justice trouve sa limite devant les théories de la reconnaissance qui impliquent au contraire que la dignité et le respect des personnes n’a pas de limite en soi. La puissance de la reconnaissance est illimitée. Elle ne se contente pas de la seule redistribution des biens, elle veut définir la société par la reconnaissance toujours à reconduire de l’intégrité des citoyennes et des citoyens. Le champ de la reconnaissance ne s’étend pas parce que l’Europe ne fait pas l’objet d’un travail de fond auprès des citoyens, et que le démantèlement de l’Etat providence, partout dans l’Union, réduit les perspectives d’élargissement de l’égalité sociale. Il croît parce que les mouvements sociaux ne veulent plus se contenter d’un débat technique sur l’égalité des chances, et requièrent avec insistance la reconnaissance de la dignité et du respect des personnes.
Il faut donc revenir maintenant au politique. La question centrale devient celle-ci : est-il possible de lier la question de la reconnaissance à celle de l’émancipation, pour éviter notamment le risque pris d’une reconnaissance simplement intégratrice ? Le dilemme de la reconnaissance est clair : ou bien la lutte finit par se résoudre dans l’établi ou bien la lutte creuse un écart sans fin. Mais ne peut-on penser un passage de la dynamique des liens d’interaction, de la reconnaissance, à la politique d’émancipation. Il importe en effet de comprendre que si on entend parler plus souvent des luttes pour la reconnaissance des identités culturelles, la question de la reconnaissance est plus vaste. Elle ne se restreint pas non plus au simple problème de la reconnaissance juridique. Rien dans la structure du concept ne dicte qu’il faille se limiter à l’identité. Il existe bien d’autres dimensions possibles de la reconnaissance et en particulier, celle qui l’entraîne vers la participation publique au processus démocratique de la construction d’une communauté.
En somme, la reconnaissance, qui peut équivaloir à des processus d’estime de soi, et qui a des dimensions aussi bien individuelles que collectives, déploie un champ extrêmement large d’interventions possibles, au-delà de ce qui est connu : le multiculturalisme, le féminisme, la reconnaissance mutuelle des personnes. Elle a un fonctionnement politique que nul ne peut plus ignorer.

Bibliographie récente :

Appiah Kwame Anthony, Cosmopolitanism, Ethics in a world of strangers, London, W.W. Norton, 2006, traduction en français, Pour un nouveau cosmopolitisme, O. Jacob, 2008.
Fraser N. et Honneth A., Redistribution or Recognition ? A political-philosophical Exchange, London, Verso, 2003.
Galeotti A.E., Citizenship and Equality, The place for Toleration, Cambridge, Political Theory, 1993.
Heller Agnes, Qui est libre ? Sept essais sur la problématique de la liberté, traduction de textes hongrois de Miklos Maroth, Gyorgy Poszler, Janos Szaval, et une inroduction de Paul Ricoeur, Paris, L’Harmattan, 2003.
Honneth A., Kampf um Anerkennung, Frankfurt, Suhrkamp Verlag, 1992, traduit en français, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Cerf, 2000.
Rancière Jacques, La Mésentente, Paris, Galilée, 1995.
Schütz Alfred, Essais sur le monde ordinaire, Paris, Le Félin, 2008.


[1] Cf. La série d’articles publiés sur ce problème des Nouveaux mouvements sociaux (NMS), dans Les Cahiers de l’éducation permanente, n°31, Bruxelles, p. 122sq.
[2] GWF. Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821, Paris, Puf, 1998.
[3] Au sens moral du terme ; cf. Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, 1790, Paris, Puf, Quadrige, 1993. Principe suprême de la morale, le respect contient le noyau de l’impératif catégorique : traiter tout autre être humain comme une fin en soi.
[4] Autant dire que les travaux les plus récents sur ce plan sont ancrés dans les perspectives des philosophes (Michel Foucault, Jacques Rancière) qui ont fait de la visibilité et du rapport entre le visible et l’énonçable le cœur de leurs recherches.
[5] Cefaï Daniel, Pourquoi se mobilise-t-on ?, Paris, La Découverte, 2007.

20090202

Hérodote

Relire l’Europe dans Hérodote
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La Historia nos trasmite nombres. Pero sabemos de donde vienen? Por ejemplo, el termino ‘Europa ‘ que Herodote nos explica en sus Encuestas İV.
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Από εμάς εξαρτώνται τα ονόματα που μας αφήνει η ιστόρια. Αλλά ξέρουμε ποιά απ’αυτά τα ονόματα μας έχουνε παραδοθεί;Το όνομα της Ευρώπης από πού προέρχεται;Ο Ηρόδοτος (γεννημένος στην Αλικαρνασσό, σημερινή Bodrum στη Τουρκία) μας το δείχνει στις Έρευνες του, IV,45sq.
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Tarih bize isimler bırakıyor. Ama biz bu isimlerin nereden geldiğini biliyomuyuz? Mesela, Avrupa ismi nereden geliyor? Herodote bu isimlerin nereden geldiğini açıklıyor: kitabı’nın ismi ‘Soruşturmalar’.
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Nous sommes tributaires des noms que l’histoire nous lègue.
Mais savons-nous quels noms nous sont lègués ? Hérodote (né à Halicarnasse, actuellement Bodrum en Turquie) nous l’indique lorsqu’il écrit (Enquêtes, IV, 45sq) :

« Je m’étonne vraiment qu’on ait pu diviser le monde en trois parties : Libye, Asie et Europe, quand il y a tant de différences entre ces régions. Car si l’Europe a en longueur la même étendue que les deux autres contrées ensemble, sa largeur, à mon avis, n’admet pas la comparaison.
La Libye est, nous le savons, entièrement entourée par la mer, sauf du côté où elle touche à l’Asie. Le roi d’Egypte Nécôs en a le premier à notre connaissance donné la preuve. Quand il eut terminé le percement du canal qui va du Nil au golfe arabique, il fit partir des vaisseaux montés par des Phéniciens, avec mission de revenir en Egypte par les Colonnes d’Héraclès et la mer septentrionale. […]
Sur l’Asie, nus devons à Darius la plupart de nos connaissances. Pour savoir où se termine l’Indus, l’un des deux fleuves où l’on trouve des crocodiles, il confia des navires à des hommes dont la véracité méritait sa confiance, entre autres Scylax de Caryanda. Les explorateurs partirent de la ville de Caspatyros et du pays des Pactyes et descendirent le cours du fleuve en direction de l’aurore et du levant jusqu’à la mer […] Ce périple achevé, Darius soumit les Indiens et ouvrit leur mer à nos vaisseaux. Ainsi, sauf du côté du soleil levant, l’Asie nous est connue et l’on voit qu’elle présente les mêmes caractères que la Libye.
Pour l’Europe, il est certain que personne ne peut dire si, du côté du soleil levant et du vent du nord, une mer la borne ; on sait en revanche qu’en longueur elle s’étend aussi loin que l’Asie et la Libye ensemble. Mais je ne puis comprendre ce qui a fait donner à la terre, qui est une, trois noms différents, des noms de femmes, et pourquoi l’on a choisi pour délimiter les trois parties du monde le Nil, un fleuve d’Egypte, et le Phase, un fleuve de Colchide ; je n’ai pas pu davantage apprendre à qui l’on doit ces divisions, et d’où viennent les noms qui leur ont été appliqués. Pour la Libye, l’opinion générale en Grèce est qu’elle tire son nom d’une certaine Libyé, une femme du pays ; Asia serait le nom de la femme de Prométhée, mais les Lydiens prétendent qu’il vient de chez eux et que l’Asie a pris le nom d’Asias, fils de Cotys, fils de Manès, et non d’Asis, femme de Prométhée ; cet Asias aurait également donné son nom à la tribu Asiade à Sardes. Pour l’Europe, on ne sait si elle est entourée par la mer, ni d’où lui vient son nom, ni qui le lui a donné, à moins d’admettre qu’elle ait pris celui de la Tyrienne Europe, ce qui voudrait dire qu’avant elle n’avait pas de nom, comme les deux autres. Cependant, on sait bien que cette femme, Europe, était une Asiatique, et qu’elle n’est jamais venue dans le pays que les Grecs appellent aujourd’hui Europe ; elle passa seulement de Phénicie en Crète, et de Crète en Lycie. Mais nous n’en dirons pas plus là-dessus – et nous donnerons à ces pays leurs noms habituels. »

20090201

Integration

Border Conflicts and European Integration
Pierre Testard
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Dans l’esprit de ses fondateurs, l’Union Européenne apparaissait comme le meilleur garant de la paix après un demi-siècle de guerres dévastatrices. C’est cette assimilation de l’Europe et de l’idée de paix que l’ouvrage collectif, The European Union and Border Conflicts. The Power of Integration and Association, tente de mettre en question. Ecrit par des spécialistes européens de science politique, de relations internationales et d’anthropologie sociale, il a pour but d’élaborer un modèle conceptuel rendant compte des conflits frontaliers, du rôle d’acteurs locaux dans ces conflits, et de l’influence de l’Union Européenne dans leur résolution. Ainsi, le cas de l’Irlande du Nord donne un aperçu de l’ambivalence du pouvoir des institutions européennes sur les partis engagés dans un conflit, selon le degré d’intensité des tensions. Qu’elles contribuent à renforcer ou à apaiser les crises frontalières, le pouvoir de persuasion des instances de l’UE dépend avant tout de l’argument tout-puissant d’une éventuelle intégration dans l’Union. Cet ouvrage invite donc à penser une définition de l’Europe qui dépasse les cadres existants de communication et fonde un espace public européen déliée de sentiments nationaux.
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Europe means peace. In the minds of its founders, the European Union assured that havoc and turmoil would never reappear on a continent devastated by the Second World War. The founding and longstanding assumption underlying European construction is that providing a common political and economic framework for nation-states with different legacies must put an end to their divisions. If France and Germany, the ‘hereditary enemies’, could cooperate to promote peace to the extent of institutionalising it, this meant that, eventually, all the peoples longing for serene relationships with their neighbours could join the community. Hence, the notions of integration and peace have been assimilated.
In the collective work, The European Union and Border Conflicts. The Power of Integration and Association, several political scientists, social anthropologists and specialists in International Relations from across Europe have merged their efforts to provide us with a theoretical reflection on the relation between border conflicts, the actors involved in these conflicts, and the European Union as the framework for integration and association.
[i]Indeed, border conflicts have appeared or perpetuated themselves in the twentieth century with the emergence of nations as “self-defined modern political communities seeking their own political organisation as a state within its own territory”[ii]. Seeking for conformity between a territory and a nation can provoke frictions linked to the borders of this territory. A conflict is understood to this regard as a discursive articulation of mutual incompatibilities. It is not limited to physical violence, which is only one form or one sequence of a conflict. Conflicts are essentially the communication of a divergence and the possibility of the repetition of negative responses between two parties.
The prime purpose of this work is to challenge the idea usually enhanced by representatives of the European Union themselves that the European Union’s actions as a ‘perturbator’ in border conflicts necessarily lead to positive results. It can also engender a ‘securitisation’ of opposing parties and a delegitimising of a constructive dialogue. The case studies include Northern Ireland, Cyprus, Greece/ Turkey, Russia/ Europe’s North and even Israel/ Palestine. In their presentation, Thomas Diez, Mathias Albert and Stephan Stetter base their conceptual analysis of border conflict patterns on the process model of social conflicts established by Heinz Messmer
[iii]. It includes four stages:
- Conflict episodes: isolated formulations of incompatibilities related to a particular issue, often contained.
- Issue conflicts: limited to quarrels about the issue as such.

- Identity conflicts: explicitly personalised disaccords, with self-referential perceptions of the conflict and rejection of opposing arguments of the Other precisely because they come from this Other.
- Subordination conflicts, in which the Other has to be subordinated, or even exterminated, given that a systematic use of force is acceptable.
In this framework, the EU’s (European Union) place has to be defined. It is not a unified actor and its capacity to elaborate a unique discourse is fundamental in the success of its enterprises. This capacity as a ‘perturbator’ of a conflict is not only limited to integration because it influences countries and local actors beyond the scope of the Union. The editors provide four paths for EU initiatives:
- The compulsory impact compels the actors through mechanisms of integration and association to change their policies towards conciliation and away from ‘securitisation.’ It is effective when the carrots and sticks presented by the EU are associated with accession negotiations for at least one party- such as Greece in the 1970s, or Cyprus in the 2000s. It is limited nevertheless to short-term effects because the perspective of entering the EU encourages parties to respond to pressures for strategic reasons, without durably putting an end to ‘securitisation.’
- The enabling impact relies on specific actors within opposing parties to link their political agendas with the EU. Again integration is put forward to initiate ‘desecuritising’ moves. It has much longer term effects. The supranational reference to the EU gives credit to decisions which diminish tensions. However, the image of the EU was reversed into negative terms as long as it was seen as siding with the opposing party. Turkey had such a viewpoint before the 1999 Helsinki Summit rendered possible the perspective of membership.
- The connective impact encourages contacts between conflict parties, especially at a local level, through the financial support of common activities. However, it depends on conditions such as prior ‘desecuritisation’ of relations on a wide societal level. Such became the case in Ireland, given that both parties were Union members and that the EU PEACE funds had an enhanced legitimacy.
[iv]
- The constructive impact aims at changing “underlying identity-scripts” of conflict parties and their discursive references[v]. It is surely the most powerful yet demanding pathway because it implies a profound transformation of identities. In heavily ‘securitised’ conflicts, it can have divisive effects, because each party will use the EU to undermine the adverse identity construction. Europe becomes either a menace or an expectation. In the latter case, a positive relationship between institutions can make the confluence of identities easier. A good example was the identity changes in Northern Cyprus which led to the rewriting of history textbooks of Turkish-Cypriot high schools in 2004.
These useful models provide a conceptual basis for the relation between the EU as an influential participant in conflicts, and the degrees that the latter recover. However, they do not outline the symbolic power vested in a border by collective mentalities. Accordingly, one can regret that Malcolm Anderson’s idea of the border as the “mytho-moteur of a whole society” is only alluded to
[vi]. Drawing on the notion of the constructive impact, it seems possible to revise the association of a self-identification process of a nation with spatial limitations. There lies in the definition of a European sense of identity a possibility of linking local actors with a definition of an open and unlimited sense of community. This framework should not be limited to the institutional and political influence of the European Union as an institution but should also include the development of cultural and artistic exchanges. Integration cannot imply the denial of one’s own culture but should involve the promotion of the Other’s culture, in its various forms.
The Case of Northern Ireland
[vii]:
The Irish conflict is fundamentally crystallised upon a border. The latter’s development embodied the differences in the historical evolution of British and Irish nationalisms. After the 1920 Government of Ireland Act established Northern Ireland in the six north-eastern counties of the island, the border progressively symbolised separation, on all economic, cultural, political and ideological levels. For fifty years, the disagreements between Unionists and nationalists formed an issue conflict. It evolved into a subordination conflict when the Irish government’s response to the communal dissent thriving in the streets of the North was to deploy the army along the southern side of the border in August 1969. Within a week, British troops were sent to the North.
This brief historical reminder gives one a glimpse of the extraordinary escalation of border conflicts from one stage to another. The settlement of this crisis was only attained when both British and Irish governments together decided to include extremists in the negotiations. The 1998 Good Friday Agreement relied on conjunction of the ‘desecuritisation’ of the situation and of its increasing politicisation. The force of words gained credit as the deployment of force proved extraneous. Hence, by uniting government officials, moderate political parties and extremist political parties into two clearly delineated blocs, the British/ Unionist/ loyalist bloc, and the Irish/ nationalist/ republican bloc, the conflict was reduced to identities and the search for consensus. Effectively, the distrust focused on state borders was displaced to internal differences and debates.
Furthermore, in this conflict, the actual achievement of the EU consisted in depoliticising cross-border cooperation and identities. A language of surpassing differences undermined nationalist speeches, encouraged local peace-building efforts and voluntary work innovations. The more the conflict was related to Europe, the more factors previously reinforcing the conflict became a source of cooperation across borders. This does not mean that the reconstruction of identities led to a so-called ‘Europeanisation’ and a diminution of identity differences. Nonetheless, the latter ceased to be invoked as the structural basis of the relations between the Northern Irish and the Irish. The EU’s impact was to favour a higher understanding and toleration despite nationalism. In this sense, the symbolic pregnancy of the border was simply transferred to non-political norms of identification. The border was still impermeable to national feelings but feelings of solidarity dribbled through it.
The confrontation of the concepts of EU impacts and specific conflict cases must help one envision the ambivalence of integration and association on border conflicts. It is when individual identities of each social group are ‘securitised’ to a great extent that political and societal relations become contradictory. This results in actual “physical segregations”- green lines, state boundaries, EU external boundaries- or “territorial fractures”- checkpoints, fences, ‘invisible’ borders within neighbourhoods
[viii]. In turn, the way external observers see the conflict is shaped by the discursive processes put together by opposed groups. In this sense, the EU is not a third party intervening from a neutral point of view. Its’ initiatives depend very much on its’ relations with the conflict parties, whether they are members of the EU, seek to be, or are only associated to it.
Indeed, the effectiveness of the EU seems to rely on the symbolic and institutional power conferred upon it. If Europe is to be seen as a ‘force for good’ not only by its representatives and administrators but also by its citizens, this power must be understood.
[ix] The constructive impact of the EU as it is theorised here is useful insofar as it blurs and underpins the notion of border as a contriving force. Nonetheless, the scheme elaborated in this work clearly puts forward the dependence of successful initiatives for peace in the framework of European integration on economic incentives and concessions. To overcome the system of carrots and sticks, it seems essential that the EU ceases to appear simply as a means to achieve economic prosperity.
On a broader scale, the development in the XXth century of the idea of nation-state in which a delineated territory must belong to a people united by national feeling has been the source of spatial and cultural fragmentations. The border has become even more so the embodiment of national identities which exclude more than they include. The recent 2008 Russo-Georgian War has been yet another example of a direct confrontation between the principles of self-determination and of the intangibility of borders. As the Russians endeavoured to protect South Ossetia’s right of independence which Georgia does not recognise, the Ossetian territory became the landmark of the conflict. Subsequently, it is fundamental for Europe to think through its’ principles beyond the sterile and damaging contradiction between self-determination and national sovereignty.
Thus, the various articles of The European Union and Border Conflicts provide a useful conceptual insight on the possibilities and pitfalls of European integration. Fruitful cooperation can result from the disruptive work undertaken by European institutions such as the Council and the Parliament in border conflicts. Nevertheless, it would be far-fetched to conclude that the EU’s actions guarantee that integration and peace will go hand in hand in the future simply because they find short-term remedies to durable conflicts. The efficiency of the EU is due to a great extent to its ability to depoliticise issues and to put into relief compatibilities between national feelings and a European framework for cooperation. To those who stigmatise the absence of a European public sphere, one can oppose this type of reflection on the actual potency of the EU in resolving conflicts. As the European elections and the Irish referendum on the Treaty of Lisbon come near, the academic world has a pedagogical role to fulfil in explaining the powers, objectives and cultures of Europe. This may disband the fantasised and demagogic perceptions of the EU as a disembodied and bureaucratic magma remote from the people. It may also offer ways of thinking a common cultural European background in rupture with a top-down vision of Europe and with a backlash of national sentiments.


[i] The European Union and Border Conflicts. The Power of Integration and Association, edited by Thomas Diez, Mathias Albert and Stephan Stetter, Cambridge University Press, New York, 2008

[ii] Idem, ‘Introduction’, Thomas Diez, Mathias Albert and Stephan Stetter , p.7


[iii] Heinz Messmer, Der Soliaze Konflikt. Kommunikative Emergenz und systemische Reproduktion, Lucius& Lucius, Stuttgart, 2003, in Idem, ‘The Transformative Power of Integration: conceptualising border conflicts’, Thomas Diez, Mathias Albert and Stephan Stetter , pp.14-20.


[iv] Malcolm Anderson, Frontiers: Territory and State Formation in the Modern World, Polity Press, Cambridge, 1996, in Idem, p.21

[v] Idem, pp.28-29

[vi] Special Support Programme for Peace and Reconciliation, in Ireland

[vii] Idem, ‘The Influence of the EU towards conflict transformation on the island of Ireland’, Katy Hayward and Antje Wiener, pp.33-63

[viii] Idem, ‘Conclusion’, Stephan Stetter, Mathias Albert and Thomas Diez, p.224

[ix] Idem, ‘The EU as a ‘force for good’ in border conflict cases?’, Michelle Pace, pp.203-219