20180208

Éditorial

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Deux réflexions suffiront : 


Sollte man überrascht, wenn Philosophie plötzlich Konjunktur hat und es populärer geworden ist, in Werken alter (manchmal auch junger) Meisterdenker nach tragfähigen Sinn-Fundamenten zu stöbern, die neue Orientierung schenken könnten. 

Aber natürlich wäre es albern zu glauben, die Philosophie sei ein Liferant von Patentrezepten, die im Handumdrehen eine aus den Fugen geratene Weltordnung wieder auf Zack bringen könnte. 

Vielleicht ist dies das Beste, was Philosophie dem Sinnsucher heute bieten kann : an den gewohnten Denkmustern radikal zu Zweifeln, für einen Moment aus dem täglichen Radau der politischen Rechthaberei auszuscheren und aktuelle Fragen ohne ideologische Scheuklappen von Grund auf neu zu durchdenken. 

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Des spectres hantent l’Europe ? 

« Apatrides, sans-foyer.
Ils sont là.
Et ils nous accueillent
Généreusement
dans leur regard fugitif,
nous, les oublieux,
les aveugles.
Ils passent et ils nous pensent. »

(Niki Giannari)

« Passer. Passer quoi qu’il en coûte. Plutôt crever que ne pas passer. Passer pour ne pas mourir dans ce territoire maudit et dans sa guerre civile. Avoir fui, avoir tout perdu. Passer pour tenter de vivre ici où la guerre est moins cruelle. Passer pour vivre comme sujets du droit, comme simples citoyens. Peu importe le pays, pourvu que ce soit un État de droit. Passer, donc, pour cesser d’être hors de la loi commune. Dans tous les cas : passer pour vivre. Mais là où vous avez fui les murs clos des caves bombardées, vous avez trouvé une frontière close et des barbelés au camp d’Idomeni. »

(Georges Didi-Huberman)

Passer, quoi qu’il en coûte se compose d’une part d’un poème, en version bilingue, de Niki Giannari intitulé Des spectres hantent l’Europe (pages 11 à 21) et d’un texte de Georges Didi-Huberman intitulé Eux qui traversent les murs (pages 25 à 88). Les 11 illustrations de ce livre sont tirées d’un documentaire, Des spectres hantent l’Europe, tourné dans un camp à Idomeni en Grèce dont Niki Giannari est coauteur avec Maria Kourkouta.

(ed.)



20180207

Ennui

L’ennui aujourd’hui : les morts de fins
Covrigaru Elliott
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Die Langeweile


Die kinder : Ich langeweile mich also ein wenig ; Die Mutter : Wenn du das nächste Mal vor Langeweile nichts mehr mit dir anzufangen weißt, also shreibe eine To-Do liste. 

So haben wir du gleich das Gefühl, etwas geschafft zu haben ! 

Was tun bei Langeweile? Wir leben in einer Zeit, in der wir schlicht verlernt haben, nichts zu tun. Verstärkt wird das durch Smartphones, durch die wir rund um die Uhr erreichbar und beschäftigt sind. Es gibt noch ganz andere Möglichkeiten, wieder ein bisschen Pep in sein ödes und bedeutungsloses Alltagsleben zu bringen. Sind Social Media und die aktuelle Nachrichtenlage einmal „zu Ende gelesen“, langweilen wir uns sofort. Während früher freie Zeit kostbar war, bringt sie heute viele Menschen nahezu zum Verzweifeln. Was tun? Wie könnent wir die freie Zeit wieder zu genießen oder sinnvoll zu nutzen ? 

Und warum der Held von Stefan Zweig Schachnovelle nicht von Langweilen sterbt? Zunächst ist der Häftling zwar niedergeschlagen, weil es sich »nur« um ein Schachbuch handelt, aber dann beginnt er damit, sich intensiv mit den geschilderten Partien und Zügen zu beschäftigen. So gelingt es ihm, die Isolation und die Verhöre zu überstehen und dabei noch das gesamte Buch auswendig zu lernen. Am Ende bietet das Schachbuch keinerlei Reiz mehr, alle Züge sind gelernt und daher macht sich der Gefangene daran, die in dem Buch beschriebenen Partien gedanklich nachzuspielen. Er wird gleichzeitig zum Spieler und zum Gegner in einer Person, was im Verlauf der weiteren Haft zu erheblichen psychischen Störungen seiner Persönlichkeit führt. 


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Si l’on en croit l’Éditorial de Pierre Viansson-Ponté, la société Française s’ennuyait à deux mois des évènements de Mai 1968 (Le Monde, 15 mars 1968). Dans une société à l’économie florissante, bercée par le plein emploi, l’ennui apparaît comme un luxe de l’époque que seule la stabilité peut faire naître. Déjà en 1965, et sur fond de spleen métaphysique, Anna Karina dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, répétait inlassablement son refrain : « Qu’est-ce que je peux faire ? Je ne sais pas quoi faire ? ». Deux ans auparavant, le philosophe Vladimir Jankélévitch publie l’Aventure, l’ennui, le sérieux (Paris, Éditions Montaigne, Aubier, 1963), après qu’Alberto Moravia ait ouvert le bal en 1960 avec son roman : L’ennui. Dans cette société encore influencée par Jean-Paul Sartre, dans laquelle l’homme est seul et sans destin dans l’univers, la nouveauté se trouve être l’ennui conçu comme absence de finalité. Sans référence à Dieu et en l’absence de guerre, Sartre pose la question des finalités dans une période où celles-ci ne s’imposent plus de manière transcendante ou impérative. La pacification, par exemple, impliquerait l’éraillement des mouvements internes ; la France (le français ?) n’aurait plus d’Histoire à raconter ; etc. La sentence est anticipée par Hegel : « L’Histoire n’est pas un sol pour le bonheur. Les temps du bonheur en sont les pages blanches ». Bref, qu’est-ce que la France peut faire ? Réponse : Elle ne saurait plus quoi faire. Qu’à cela ne tienne ! La société de consommation prend le relai et vend du bonheur en flacon comme remède à l’ennui. Fin de l’Histoire ?

Force est de constater que certains slogans de Mai 1968 méritent encore le coup d’oeil : « la perspective de jouir demain ne me consolera jamais de l’ennui d’aujourd’hui » pouvait-on lire à l’époque sur les murs. Mais la définition du mot « ennui » a évolué, les mœurs aussi. La France n’est plus Gaulliste, l’ennui ne coïncide plus avec la société du Général, mais prend les formes de la société de marché - celle-ci championne de chasse à l’ennui, et de traque du « rien faire ». 

Après tout, comment peut-on encore s’ennuyer aujourd’hui ? L’urbanisation grandissante propose toujours plus d’activités, les téléphones mitraillent d’alertes, le réseau social s’autoproclame maître de l’information internationale et le fait savoir. Le temps est compté, l’Homme n’a plus le droit de s’ennuyer sous peine de ne pas consommer et de ne pas alimenter le cercle vertueux de l’économie. L’ennui est mort…Vive l’ennui ! Celui-ci s’est métamorphosé en feignant d’avoir disparu. Il est plus difficilement détectable et par conséquent plus dangereux. La société de consommation sanctifie le rapport moi/objet en flattant notre rapport égocentrique – de moi/(pour)moi -, éclipsant dans le même élan, le rapport de soi à soi, et à sa citoyenneté. Le consommateur, qui ne peut que s’accrocher aux biens périssables qui lui échappent, l’entraîne dans une course effrénée à la consommation, le transformant en un mort de faim qui n’arrive jamais à satiété. L’ennui devient contamination du rapport aux choses et pose les questions de ce même rapport. Alors si cette quête n’a pas de sens, si l’entreprise capitaliste faisait de nous des individus ennuyés (ennuyant ?) que faire ? Doit on, à la manière d’un Schopenhauer errer entre la douleur et l’ennui ? Rester dans l’insatisfaction permanente ? Espérer trouver une réponse venue du ciel ou d’ailleurs ? Il faut redéfinir la notion d’ennui, si possible en exhumée ce qu’elle a de bénéfique, et pourquoi pas la rechercher ? 

Personne n’aime s’ennuyer. Mais au-delà de ce fait, personne ne peut même désirer s’ennuyer. Car si le terme signifie « annihilation du désir », alors désirer s’ennuyer s’annule en tant qu’ennui puisqu’il y existe une volonté cohérente à destination d’un objet, et que celle-ci atteint son but, fusse-t-il l’ennui. Alors que faire ? Justement : rien ! 

L’action (mouvement) en tant que telle n’apporte aucune véritable solution à l’ennui : L’humain peut agir en s’ennuyant et inversement. L’ennui, traditionnellement défini (rien faire) mentionne un rien comme responsable de sa propre existence, l’amputant du faire comme volonté. Le faire s’annule dans le rien faire. En règle générale, l’expression « Je ne peux rien faire » traduit la situation d’impuissance face au monde, aux bordures d’une fatalité. L’ennui face à une situation vide de sens et qui, paradoxalement, se traduit en société par l’action elle même, coupe l’herbe sous le pied de la représentation classique de l’ennui nostalgique, lent, romantique.

Aujourd’hui, l’ennui se glisse sournoisement sous les traits de l’agitation (shopping compulsif, temps passé sur les réseaux sociaux, etc.), laissant entendre que « s’agiter » signifierait « avancer ». L’individu n’est pas dupe, et peut lui-même se rendre compte de sa propre condition en établissant sa propre distinction entre son faire et son agitation : « j’ai l’impression de n’avoir rien fait ». Il y a eu action, mais celle-ci apparaît comme vide de sens, ou de conséquence. Et si l’humain est dépossédé du sens de ses actions, l’action perdure se cherchant indéfiniment une finalité, engendrant gâchis et culpabilité. L’ennui viendrait du fait de prendre l’agitation qui découle des choses comme le moteur de ces choses, alors qu’elles n’en sont que l’écume. Comme l’agitation est superficielle et éphémère tout se perd en même temps que l’objet recherché. L’humain va d’agitations en agitations, ennuyé de ne pouvoir trouver un refuge quelconque. Aussi la société de consommation entretient-elle cette situation. Pour aller plus loin, s’il est strictement impossible de ne rien faire – l’individu pense toujours – alors l’ennui ne correspond pas au « Il n’y a rien à faire » mais bien au il n’y a « rien d’autre à faire (que ce que je suis en train de faire) ». Cette fatalité perfidement utilisée pour le travail, la politique, la société de consommation, laisse l’humain dans l’ennui de sa propre condition, déçu de ne pouvoir changer l’ordre et le sens des choses. Ce qui n’empêche pas son action ! Il agit, il bouge, il consomme, il travaille, etc. 

Si le faire s’annule dans le rien faire, qu’en est-il du faire rien ? Et si le rien n’était pas l’annulation du faire, mais son objet. Or « rien » ne constitue pas une activité définie. Je « fais rien » n’est pas « je fais du café ». L’humain n’est pas enfermé dans un faire parfaitement caractérisable. Mais s’il souhaite « faire rien » c’est qu’il cherche à accomplir une « activité » qu’il peut contrôler et définir entièrement. Une liberté infinie de pouvoir choisir ce que « rien » est. La seule activité creuse que l’Homme remplit en dessinant ces contours. L’Homme se retrouve maître de lui même, prenant de la distance avec ses propres agitations. En d’autres termes, « faire rien » est la seule façon de faire ce qu’il veut car il est maître de la définition de l’objet de l’action. L’humain cherche à faire ce qui réside dans le rien ce qui est définissable dans le rien. La distinction pourrait se résumer ainsi : s’il « regarde la tv » parce que « il n’a rien d’autre à faire », il est dans l’ennui. L’objet du rien n’a aucune importance ici, si ce n’est la volonté qui le dessine. « Je ne fais rien » n’est pas « je n’ai rien à faire » qui n’est que le slogan du prisonnier. 

Au regard de cette distinction, c’est bien parce que l’homme ne cesse de s’ennuyer qu’il chercherait à « faire rien ». C’est dans ce « rien » que l’humain est capable de prendre du recul sur ses agitations et se concentrer derechef sur lui même. 

Personne ne recherche l’ennui tant il est présent dans la société actuelle caché sous chacun de ses aspects. Pour l’individu, il est plus aisé de s’identifier à l’objet qu’il possède plutôt qu’à lui-même dans un rapport de soi à soi. En ce sens, il redoute d’assumer la responsabilité de ce qu’il devient. Il se sauve de lui-même en direction de l’éphémère agitation consumériste flattant toujours plus son ego.

Ainsi l’ennui du « soixante-huitard » est bien différent de celui d’aujourd’hui. Si le premier correspond au refus d’un temps long tourné vers le passé et la société du Général, celui d’aujourd’hui se conçoit comme l’impossibilité d’accrocher un temps éclair, ou chaque minute demande une rentabilité, ou le « rien » comme action volontaire est, à tort, culpabilisant. 







20180206

Art / Action

Art et action
Frédéric Darmau 
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Comment donner nouveau corps à l’action artistique ? L’ancien terme de « création » a vu ses significations brouillées, souvent à juste titre compte tenu de son aura religieuse. Néanmoins, suffit-il de parler d’action artistique ou dans l’art pour résoudre le problème ? Suffit-il aussi d’en passer par l’étymologie latine du terme « art » pour avoir vraiment changé de terrain (ars, artis évoquant l’habileté, le métier, l’activité) ? Certainement pas. Et de toute manière, il convient d’élargir au maximum les significations du terme « action ». Il peut en effet englober le sens traditionnel (la réflexion sur la création conçue comme action sur la matière ou technique), mais il faut au moins l’élargir à l’action des spectateurs, comme il faut donner du poids à l’action de l’œuvre sur l’environnement. Ce n’est pourtant pas tout. On ne saurait négliger de surcroît l’action ou la praxis, entendue comme puissance d’agir, de produire des effets, ainsi en va-t-il de l’exploration des potentialités de la création artistique des avant-gardes dans le souci de mettre un terme à l’esthétique contemplative. Ainsi faut-il tenir compte désormais, dans l’action artistique : des gestes (Body Art compris), mouvements (Dripping), pulsions, exécutions, violences, destructions, etc. Comme il faut tenir compte de l’action des spectateurs : surprise, émotion, agacement, séduction, irritation, etc. et surtout de l’interactivité. 

Ce qui est finalement en jeu dans ces réflexions proposées dans cette livraison de Recherches en Esthétique, c’est tout autant la déqualification des classifications traditionnelles des arts – une désacralisation désormais acquise – que la nécessité d’analyser les légitimations des happenings, des performances, des actions créatrices (et des « action painting ») qui s’investissent dans « la vie », Street Art compris (dans la mesure où cette dernière expression ne désigne pas tant une innovation artistique qu’un mode d’action sociale protestataire via un medium populaire). 

Franck Popper remarque, à cet effet, que l’on ne peut plus se contenter de présenter le champ de l’œuvre d’art à partir des trois éléments que sont l’œuvre, l’artiste et le spectateur (le triangle de l’intégration classique). Il faut y ajouter un autre élément : le discours sur l’art (le schéma devient un carré). Christian Ruby tente de projeter quelques lumières sur l’action de la spectatrice et du spectateur, en refusant de confondre inactivité et passivité, mais encore en donnant toute sa place aux notions d’exercice et de trajectoire de spectateur. Avec ces deux articles d’ouverture, en outre d’un rapide tour d’horizon opéré grâce à Marc Jimenez, ce sont donc les pratiques artistiques et les modalités de réception qui entrent en scène. Et on ne peut guère s’étonner de voir pointer ensuite les pratiques les plus significatives de l’élargissement du champ de l’art : Robert Smithson, Stalker, Francis Alÿs, etc. n’ont pas seulement « sorti » l’art hors des cadres académiques, ils ne se sont pas uniquement intéressé à la ville (comme au XIX° siècle), ils ont exploré la réalité extra territoriale de la ville en se déplaçant des centres vers les périphéries. 

Mais on ne dit pas assez que cette revue est originale par le fait qu’elle donne à entendre et à voir les pratiques artistiques de Antilles et de la Réunion, En donnant ainsi voix au chapitre aux travaux des artistes qui sont massivement oubliés des métropoles, Dominique Berthet, directeur de la publication, accompli une tâche décisive. Un article de Aude-Emmanuelle Hoareau donne le ton de la section Caraïbe et Réunion, en posant la question de savoir comment demeurer dans la mémoire collective quand l’histoire de l’art, notamment, n’a noté ni les noms des artistes locaux, ni leurs visages. Et ce n’est pas sans conduire le lecteur vers des oeuvres, des pratiques, des gestes (y compris de soulèvement), que l’on avance dans la lecture de ce très beau numéro de la revue. 



Recherches en Esthétique, N° 23, Revue du CEREAP, janvier 2018. 

Revue Guadeloupe, Martinique, 


























20180205

Poesie publique

Notes sur « Les magiciens de l’insécurité » (1)
Intervention au (20°) Printemps de la poésie, Tours, 2018
Christian Ruby
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I – L’attachement à la poésie 

Ce genre de célébration – une plage annuelle pour la poésie – a sans doute des inconvénients que tout le monde connait, mais aussi un aspect positif : nous obliger à repenser sans cesse l’articulation entre tel objet, ici la poésie (restreignons à la poésie de langue, mais sans oublier qu’existe ce que Maupassant appelle une « poésie vivante »), et notre existence ou notre travail. 

En l’occurrence, réfléchir cette articulation m’intéresse d’autant plus que je fréquente régulièrement des poésies et des poètes, pour plusieurs raisons qui sont ces articulations même : 

- La poésie est centrale pour des raisons de langage (propos fréquent chez les philosophes) : travail de la langue, travail du mot, des sonorités (2) (aussi le chant), etc. ; bien sûr, tout d’abord, la poésie orale ou écrite ou par signes ( !) est affaire d’éclats du langage ; elle résulte d’un travail de la langue, dans chaque langue et dans toutes les langues, lequel vise en général à nous défaire d’un bavardage qui use et abuse des mots (la matière même de la pensée), auxquels nous ne sommes plus attentifs, etc. sur ce plan, par ailleurs, elle rend possible une réflexion matérialiste sur les significations et le refus de tout signifié ultime ; 

- Elle est centrale aussi dans le jeu insensé d’écrire, à la fois pour que nous ne finissions pas tous fous – reprendre constamment les lettres et les mots ou les sons pour que quelque chose s’enchaîne -, et pour que nous soyons capables de nous adresser à l’autre sans exhibition (ce pourquoi certains philosophes écrivent sur le mode poétique : Lucrèce, et les lettres…, etc.) ; 

- Mais elle l’est encore pour des raisons de communauté, d’autant plus que son mode d’adresse, qui n’a rien à voir avec la communication, barre le rapport spéculaire et les identifications, elle ne peut donc se soumettre l’individuation (comme le font les médias) ; elle oblige justement à interroger le rapport individu-commun (par la langue) ; de surcroît, elle est affaire de communauté en ce qu’elle nous rappelle sans cesse que ce que j’appelle « ma » langue est une langue qui appartient à tous dans un cadre donné. En cela la poésie nous oblige à discuter du bien commun sous l’angle de la langue ; elle en appelle, pour finir, à la traduction, cette activité décisive pour penser le cosmopolitisme ou l’humanité. 

- Enfin, elle s’inscrit dans ma théorie d’un monde, un « nous », en archipels (d’activités), un monde à venir, dans lequel nous nous émanciperons des systèmes hiérarchiques et des transcendances ou absolus, au profit de relations horizontales favorisant la multiplication des surfaces d’échange entre les activités (sans préséances, et sans domination). 

En somme, je suis attaché à une affinité avec la poésie : il y a toujours quelque chose de l’ordre du futur en elle (d’où le titre de cette intervention). Elle met en crise le commun habituel et banal, et parfois policier (au sens de la distribution fixe des rôles). Elle renvoie à des exigences, concernant le lecteur ou l’auditeur (je laisse la question du créateur de côté, je n’en suis pas). Notamment l’exigence de suivre la « ligne de vol du poème » (Char) et de questionner les mots de la tribu (Mallarmé), en vue d’un futur de la communauté.

Je n’en prends qu’une preuve liée à mon travail sur le spectateur ou le lecteur (non du côté de la création) : la propriété de son adresse est de ne pas se fonder sur un public existant (une audience, au sens de l’audimat, soumis à un calcul et à la rentabilité), mais sur un public à venir (cf. Diderot, Mallarmé, Rimbaud…). Elle reconfigure en permanence le champ des exercices du sensible, en inventant de nouveaux partages à l’encontre de la police du sensible. 



II – La vertu du cri 

Je réfère ici principalement à mon travail en cours. Il porte sur le cri, le cri de douleur, d’indignation et de dissensus. 

Or, la poésie présente un tel cri en public et au public (des lecteurs ou auditeurs). 

C’est le cri de René Char défendant une écriture (la poésie) qui « aime cette violence écumante et sa double saveur qui écoute aux portes du langage » ; 

C’est l’expression de Adel Abdessemed : « je ne crée pas, je crie » ; 

C’est le propos de Abdellah Taïa : « il faut crier, d’un cri sauvage qui déstabilise l’habituel et les dominations » ; 

C’est, en somme, le cri qui permet de surmonter la rage et le dégoût de la situation ; la léthargie morne des habitudes ; 

Le cri qui appelle : et les lecteurs, auditeurs, amateurs de poésie que vous êtes, le concrétisent par votre présence à ce débat public, comme une envie de casser les murs de l’enfermement en débattant ensemble ; 

Le cri qui réclame cette corrélation avec un lecteur, indispensable pour exister ; 

Le cri qui réclame la possibilité de ne pas perdre son temps en cessant de perdre son temps dans une continuelle agitation (Proust), celui que l’on perd à ne pas lire de la poésie… ; 

Le cri de Fureur et Mystère, « Feuillets d’Hypnos », n° 104 (p. 200) : « Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri ». 



III – Une poésie publique (sera publique ou ne sera pas : Lautréamont)

Aussi la poésie nous met-elle aux portes de ce qu’on appelle le public : tant les lieux publics, que l’espace public et le public des arts et de la culture (montrant, contrairement à ce que font croire les médias, que le public n’est pas constitué d’une bande de crétins). 

Surtout : le public des arts, donc potentiellement tous : dans le poème, il y va des diverses formes de convocation d’un public devant une œuvre. 

Ici se placent quelques visuels de cette expansion possible de la poésie dans les lieux publics. Pour synthétiser : 

Michel Goulet, Sarkis, Lionel Tremblay, Olivier Cadiot, Robert Milin, Malte Martin, Patrick Hamel, Zedes, Paul Gaudin, etc. 

Elle peut donc prendre place dans la composition des lieux publics. On peut même dire que le lieu public est le lieu où doit s’accomplir la fonction propre du poème. Mais pour autant le processus de publicisation du poème (éditeur, lecture privée ou publique, émission de radio, réseaux socionumérique) implique que le « public » n’est pas une donnée en soi, en antécédence ou en extériorité aux performances qu’il déploie. 

Encore cette place dans les lieux publics permet à la poésie de se publiciser dans l’arène des multiples conflits linguistiques, culturels et sociaux, guerres de plume et disputes philosophiques... et d’entrer aussi dans l’arène de la censure. 

Ajoutons tout de même que cette visualisation de la poésie n’est pas extérieure à la poésie. La poésie est aussi visuelle ou visualité (Mallarmé et le Coup de dés, Apollinaire et Alcools, etc.). Et je rappelle que ce geste n’est pas fioriture : il dessine un parti-pris anti-métaphysique, celle de l’écriture réputée seconde par rapport à l’oralité, dite « parole vive ».

Enfin, ces visuels nous placent au bord de la question des rapports entre art et politique. 



IV – Une attention politique 

On pense toujours ce rapport (art et politique) à partir de l’idée d’effets directs : l’art change le monde, ou l’art changera le monde... Nul besoin de commenter (il existerait un rapport causal entre l’objet et la structure sociale ; ou : les textes poétiques seraient d’emblée performatifs). Cela suppose évidemment que les effets de signification possibles de l’objet coïncident avec des effets de signification réels. 

De surcroît, sur cette voie, on côtoie aussi bien des approches positives que négatives, avec les mêmes phrases, ce qui est gênant :

- L’un dit : Les arts changent le monde, et il ajoute : c’est bien, subventionnons les arts, ils vont éduquer les citoyennes et les citoyens comme nous le voulons ; 

- L’autre dit : Les arts changent le monde, et il ajoute : c’est affreux, il faut censurer ! 

La même formulation mécanique encourage les deux réactions symétriques. Un peu gênant ! 

Or, je pense que la confrontation entre arts et politique demeure indéterminée (et doit le rester). Il n’y a pas de correspondance, et pas de causalité possible entre les deux. 

Et, de toute manière, si on veut respecter le principe d’autonomie des activités humaines, il faut affirmer que : « l’ordre et la connexion des choses esthétiques n’est pas le même que l’ordre et la connexion des choses politiques » (pastiche). 

De ce fait, on ne peut pas assigner à l’art la tâche de transformer la société. 

On ne peut, à l’inverse, assigner à la politique la tâche d’impacter l’art (même si elle tente de le soumettre). Elle a pour tâche de constituer des collectifs d’énonciation et d’action en vue de transformer les rapports de pouvoir entre les humains, les partages du sensible, la distribution des capacités et des ressources… la formation d’un sujet révolutionnaire, si l’on veut. 



En revanche : Il y a une politique propre des arts, dans une logique de l’émancipation. 

1 – La confrontation à des œuvres d’art met la spectatrice et le spectateur en posture de découvrir ses propres capacités à parler, à penser, à agir (le jugement esthétique ? Le rapport à l’autre ?). Elle ou il observe l’œuvre, sélectionne des images ou des mots, compare, interprète, et lie ce qu’il entend ou voit avec d’autres moments de son existence, d’autres scènes et d’autres lieux. Elle ou il compose ainsi sa propre fiction avec le vu/entendu. Il met alors ses exercices en mots, et ses mots à l’épreuve des autres. 

2 – La formation de publics divers permet à des êtres invisibles habituellement dans l’espace de l’art (ce qui est arrivé au cinéma/théâtre ; puis à la BD ; puis au Rap ; …) de prendre le temps qu’ils n’ont pas pour s’affirmer co-partageants d’un monde commun : pourquoi n’irai-je pas, moi-aussi, au cinéma, au théâtre, etc. Chacun apprend à se dresser contre sa propre formation normative : ce n’est pas pour moi, etc. 

3 – La circulation de la parole est un effet des arts, laquelle permet d’amplifier les prises de parole publique, de faire voir des présences qui n’existaient pas auparavant, d’entendre des discussions portant sur le commun. 

Notes : 

(1) René Char, Fureur et Mystère, Seuls demeurent, 1938, Paris, Gallimard, coll. Pléiade, 1983, p. 156. 

(2) On y est souvent sensible dans la langue des autres : cf. les réticences des scolaires à la langue allemande, car ils ne connaissent que les beuglements nazis dans les films de guerre ; ou Elias Canetti et la poésie de la langue arabe des aveugles de la place Jama-el-Fna… 










20180204

Aus dem Nichts


Regisseur Fatih Akin 

Fatih Akin, ist 1973 geboren und aufgewachsen in Hamburg-Altona als Sohn türkischer Einwanderer, hatte seinen Durchbruch als Filmemacher mit Gegen die Wand, der auf der Berlinale 2004 mot dem Goldenen Bären ausgezeichnet wurde. 



In Die Tageszeitung Am Wochenende, 

Interview Fatma Aydemir 



Mit des AfD ist kürzlich zum ersten Mal seit dem Zweiten Weltkrieg eine explizit rechtsextreme Partei in den Bundestaf eingezogen. Inwiefern beeinflusst das Ihr Leven und Ihre Arbeit ? 



Es beschäftigt mich sehr. Mein neuer Film hat ja einen gewissen Bezug zum Phänomen AfD. Er basiert auf den Morden des NSU, und NSU ist nicht die AfD, aber es bestehen ideologische Überschneidungen. 



“Aus dem Nichts” dreht sich um eine deutsche Frau, die ihren türkischkurdischstämmigen Mann und ihren Sohn bei einem rechten Anschlag verliert. Sie will sich an den Tätern rächen, nachdem diese vom Gericht freigesprochen warden. Was hat Sie an der Geschichte gereizt ? 



Seit der Enttarnung des NSU 2011 habe ich viel an die Opfer und deren Angehörige gedacht. Wie sind sie mit der Sache umgegangen, bevor sie wussten, das es den NSU gab ? Wie gehen sie heute damit um ? Haben sie Rachegedanken, hâtte ich welche ? In welcher Beziehung stehen Rache und unser Justizsystem ? Mich wühlt das Thema auf, weil ich ein potenzielles Opfer solcher Zellen wäre. Aus dem Gefühl, sich werhen zu mussen, ist die Idee zu diesem Film entstanden. Aber dann began ich zu arbeiten und der Film Entwickelte sich in eine andere Richtung, als ich es mir Anfangs vorgestellt hatte. 



Inwiefern ? 



Die Mutterfigur und ihr Schmerz wurden wichtiger als der politische Zusammenhang, der den Impuls für die Geschichte lieferte. Die Fragen des Films lauteten für mich irgendwann : Wie viele Ebenen hat Schmerz ? Was braucht es, um aus Schmerz Hass zu Machen, und wie mündet das Ganze in Gewalt ? 









20180203

Billet d’humeur

La reconnaissance de l’artiste, de son travail, de sa présence, de sa création… 
Michèle Lelièvre 
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Je me pose des questions autour de ce point sensible de la reconnaissance, qui me semble malmené par les temps actuels.
L’époque valorise l’individu, on encense des stars, on les fabrique éventuellement pour servir divers intérêts. Mais en dehors de ces quelques individus, il y a tous les autres, ceux qui œuvrent plus discrètement et avec beaucoup moins de moyens.

On demande beaucoup aux artistes. Ils doivent intervenir ici et là, des écoles aux prisons en passant par les maisons de retraites et autres foyers. Tout cela comme si c’était une évidence, que cela fait partie de nos métiers, passage obligé dans nos parcours.

Mais comment faire reconnaître ce travail d’artiste, en tant que tel, nous qui œuvrons ou créons des propositions, sans être centrés sur l’image glorieuse de notre personne ?
Beaucoup d’entre nous œuvrent en toute modestie, non pour s’attribuer le mérite d’actions menées ici et là, mais parce que nous avons la conviction que partager quelque chose de notre travail, rendre sensible cette part d’impalpable et d’indicible qui relève de la nature de notre art est indispensable, nécessaire.
Cela devrait être valorisé, reconnu, accompagné, soutenu. Et pourtant cela reste dans l’ombre, la méconnaissance, l’oubli.

Bien souvent nous sommes instrumentalisés pour servir des intérêts relevant de questions politiques globales ou locales.

Alors nous voilà lancés dans des séries d’actions diverses en direction des publics les plus variés, en échange de quoi nous aurons peut-être la possibilité de présenter une fois, un soir une de nos performances, de nos créations. Bien maigre monnaie d’échange... Et pourtant nous sommes avant tout des créateurs d’œuvres et pour partager quelque chose, il faut bien que nous puissions créer et diffuser pour nourrir nos propositions. Comment rendre sensible à un geste artistique si personne ne peut voir une performance, une œuvre, ce à quoi nous travaillons ?

Je n’ai pas non plus l’impression que nous soyons consultés pour concevoir ces programmes d’actions dans les lieux les plus divers. Par qui sont conçus ces programmes ? Sur quels critères ? Nous fournissons un travail colossal, nous remplissons une fonction que personne d’autre ne peut effectuer. Nous nous y collons avec générosité et nous sommes souvent accompagnés sur le terrain par des gens formidables.
Mais j’ai toujours l’impression que nous sommes le supplément, celui qu’on éliminera en premier, parce qu’il ne répond pas aux besoins de telle politique locale ou nationale. Souvent la plupart des décideurs n’ont pas la moindre idée de ce à quoi correspond notre travail. L’image qu’ils s’en font leur suffit, du moment que cela sert leurs intérêts.

Pourquoi ne pas nous consulter, nous rendre partenaires pour envisager une mise en relation à l’art ? Pourquoi ne pas mettre au centre de ces propositions la diffusion des œuvres, que ceux auprès de qui nous intervenons puissent nous croiser aussi à l’endroit d’une finalisation d’un travail, le nôtre et que nous puissions être dans ce partage là, qui est le cœur de notre vie ?

Sans oublier que les créateurs artistiques sont aussi des entrepreneurs. Ils développent une pensée, des compétences managériales. Pourquoi donc ne pas utiliser ces compétences pour concevoir une manière plus représentative de nos métiers pour intervenir et rencontrer les publics ?
Je n’ai pas de réponse immédiate à ces questions qu’on ne me pose d’ailleurs pas.

Je constate tout de même la souffrance que cela peut engendrer de se trouver utilisé, même avec tout le respect possible, en détournant de sa fonction première ce qui fait le cœur de notre métier, qui est aussi un projet de vie, à savoir la création.

Micheline Lelièvre, chorégraphe et co-présidente de Chorégraphes Associé.e.s, Maison des Auteurs, 7 rue Ballu
75009 Paris. 
























20180202

Kleine Erzälhungen

Steuerparadies : Ein Widerspruch in sich ?
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Wer denkt beim Ausfüllen der Analage N schon an den Garten Eden ? Eher fügt man sich der Erkenntnis, wonach der Mensch nur zwei Dingen nicht entghen kann : Tod und Finanzamt. Tröstlich ist allenfalls die Idee, dass es nach dem Tod, also im Paradies, keinen Lohnsteuerabsug mehr gibt.

Aber so denken nur die Kleinen, die normalen Leute. Für manche der grösseren dagegen steht schon im Diesseits ein Weg ins steuerliche Jenseits zur Verfügung. Im Steuerparadies sind viele irdische Zwänge aufgehoben, denen sich die breitere Menschheit nicht entziehen kann. Es herrscht exklusive Unbeschwertheit.

Steuerparidiese haben nichts Paradiersisches und nichts Vorbildliches !


Die neuen Clowns sind in der Politik
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Ich werde damit aufhören, Politik zu machen, wenn die Politiker aufhören, sich als Komiker aufzuführen », sagte einst der französische Humorist Coluche. Damit drückte er was sich mancher auch heute denkt : dass die politishe Bühne immer mehr der eines Clowns gleicht.

Nicht nur ein « X »
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Der Fall der Intersexualität : Es gibt, so stellte das Karlsruher Gericht nun in einem Gesellschaftspolitisch wegweisenden Beschluss fest, ein drittes Geschlecht, das weder Mann noch Frau ist, und gab damit der « beschwerdeführenden Person » recht, die geklagt hatte : Vanja, 27, aus Leipzig, geboren mit einer genetischen Anomalie : Vanja fehlte das zweite Chromosom, das entweder das weibliche oder männliche Geschlecht hätte bestimmen können.


Rettet die Betonmonster
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Das DAM stellt die brutalistische Architektur zwischen 1953 und 1979 erstmals in einem weltweiten Überblick dar : Mit dem Titel « SOS Brualismus » formulliert das Haus in Frankfurt am Main dazu einen Online-Hilferuf – denn die brutalistische Architektur ist weltweit von Abriss und Umgestaltung bedroht. Die Webseite www.SOSBrutalism.org versammelt weltweit mehr als 1000 Bauten, die sich dem Brutalismus zuordnen lassen – nach dem Vorbild eines Artenschutzprojekts in verschiedene Gefährdungsstufen gegliedert : Die « rote Liste » versammelt derzeit 108 Bauten, die unmottelbar von Zestörung bedroht sind.


Der Umwelt
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Es ist das erklärte Ziel der Weltgemeinschaft, den Temperaturanstieg in diesem Jahrundert auf 2 Grad zu Begrenzen. Damit dies gelingt, dürfet jeder Mensch im Jahr 2050 nur noch etwa 2 Tonnen CO2 Jährlich ausstossen. Tatsächlich sind es in Deutzschland derzeit 9,6 Tonnen pro Kopf und 10,9 Tonnen wenn man allé Teibhausgase einrechnet. Das sind Zahlen des Umweltbundesamtes. Für einen Flug von Düsseldorf nach New York und zurück Fallen aber schon 3,65 Tonnen CO2 an.


Ein Vergessen
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Am 21. Dezember 2017 wäre der LiteraturNobelpreisträger Heinrich Böll 100 Jahre alt geworden. 1917 in Köln geboren, gehörte er zur Generation der Kriegsteilnehmer, Stunde-Null-Schriftsteller, Vietnam- und Atomkriegsgegner, Obrigkeitskritiker uned Pazifisten. Kaum ein deutschsprachiger Autor hat zu seinen Lebzeiten so viel Anerkennung erhalten. 1972 wurde er mit dem Nobelpreis geehrt. Sin Grösster Erfolg, die Erzälung Die Verlorene Ehre der Kathatina Blum (1974), verkaufte sich allein in Deutschland sechs Millionen Mal.



































20180201

Clarte

Clarté de la terre et paradoxe social
Frédéric Darmau 
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Produite par une équipe internationale de chercheurs, une étude portant sur les éclairages sur la terre, appuyée sur des résultats d’observation de satellites, montre que la nuit sur terre est de plus en plus rare. Souci écologique en tête et en tout cas, environnementale, ce travail porte sur l’usage de la lumière artificielle par les humains. 

La pollution de la terre par la lumière nocturne, montre cette étude, a augmenté de 2,2 % dans l’intervalle entre 2012 et 2016. Ceci a des conséquences immédiatement invisibles sur l’écosystème de toutes sortes d’espèces, comme sur les humains et leur sommeil ou leur santé. 

L’augmentation illimitée de la pollution globale parait, dans un premier temps, surprenante. D’autant que, depuis des années, le changement des installations lumineuses semble évident et produire des effets positifs. Ce n’est pas le cas, mais pour les raisons suivantes : 

Certes les anciennes ampoules électriques sont remplacées par des LED, avec lesquels on peut même cibler mieux les consommations et l’efficacité de l’éclairement. Certes, les communes, les entreprises, les ménages passer aux LED, pour épargner l’énergie et faire des économies. 

Toutefois, se produit un « effet de rebond », dont on peut montrer les résultats négatifs. Si dans les régions qui étaient déjà éclairées antérieurement, la tendance est au recul de la pollution lumineuse, deux phénomènes détruisent ce bénéfice. 

Le premier est le type de lumière (rayon bleu) induit pas les LED, lumière qui produit un stress repérable chez de nombreuses espèces animales et auprès de nombreuses plantes. 

Le second est plus délicat à commenter : compte tenu des coûts moindres des LED, une population de plus en plus importante souhaite accéder à cette source d’éclairement et par conséquent les zones éclairées sont de plus en plus grandes. 

Paradoxe social de la diminution des coûts des appareils électriques : là où on espérait réaliser des économies, ce sont des augmentations qui viennent au jour. Et ceci se renforce du fait que, le plus souvent, plus on est riche, plus on multiplie les lampes dans la maison, au point de renforcer sa consommation.