20160308

Editorial


In or Out, in and out ; in oder aus, in und aus ; dedans-dehors ?

Sont-ce vraiment les bons termes du débat après l’évitement du Grexit et l’engagement dans le Brexit ? Un lent effilochage, sans doute, dans un paysage idéologique qui conjugue les termes déclin, identité et guerre (civile), mais de quoi finalement ? De l’UE ou de l’Europe, ce n’est tout de même pas la même chose ! Surtout, il nous replace devant une multitude de projets différents qui n’ont manifestement pas été choisis : des Etats-Unis d’Europe, une fédération, une confédération, un gouvernement intégré, ... Pour autant, quel que soit le choix, il manque à toutes ces options une clarification, rendant possible un dépassement de la question de la souveraineté des États. Certes, l'Europe est un territoire marqué par les rivalités et les conflits qui ont déchiré, à l'occasion de nombreuses guerres, les pays et les peuples. Unir l'Europe a, donc, été pendant plusieurs siècles un rêve afin d'installer une paix durable en Europe. Mais cela ne définit pas les relations entre cette Europe et les autres pays, cultures et histoires. Et si l’Europe doit se confiner à l’entre-soi d’une soi-disant identité rien n’a été gagné.

Évidemment, au centre de la réflexion présente se trouve le référendum du Brexit. Bonne occasions de soulever une grave question : celle du suffrage universel, sous forme de référendum ou non, dont on sait qu’elle est toujours surinvestie. Elle l’est, en France, dès la remise du pouvoir entre les mains du futur Napoléon III (Baudelaire renvoie alors à La Boétie : ils veulent la servitude) ; elle l’est encore plus après 1871 (Gobineau, Le Bon) ; elle fait casus belli entre George Sand (« un grand mépris, une sorte de haine douloureuse, une protestation que je vois grandir contre le suffrage universel ») et Gustave Flaubert (l’adage Vox populi, vox dei, est placé en tête du Dictionnaire des idées reçues). Le jeu des antagonismes se situe entre la démocratie constitutionnelle (croyons au résultat du suffrage), l’antidémocratisme (ils votent n’importe quoi par cet universel tapage), et l’aristocratie de l’intelligence (la compétence seule peut décider). Alors que l’on peut soit se retirer du suffrage – à l’exemple de Mallarmé en 1898 ou de Sartre en 1936, mais est-ce une solution ? - soit poser le problème de la démocratie autrement, et sans mépris. Et qu’on peut se demander surtout si ce ne sont pas les personnels politiques qui ne sont pas à la hauteur du référendum qu’ils provoquent.

Cela étant, il faut y revenir, quelle signification donner au terme Europe ? On sait que si le mot est très ancien – on le trouve chez Hérodote et déjà deux siècles auparavant chez un contemporain du poète Hésiode (VIIe siècle av. J.-C.) -, sa signification n’a été porteuse d’un sens culturel ou politique, ni chez les Grecs, ni chez les Romains. L’idée européenne, entendue cette fois comme projet de coopération politique, émerge à partir du haut Moyen-Âge, mais sous la forme de la chrétienté, imposée comme ciment, par l’Église, à cette surface géographique - le vocable Europa est fort peu utilisé, le mot christianitas s’imposant pour désigner les espaces où règne la chrétienté latine. Au XVIIIe siècle, à l’encontre de la version précédente, le mouvement des Lumières (Enlightenment, Aufklärung, Iluminismo…) pose sa marque sur une autre idée de l’Europe, avec un éclat tout particulier - le mot Europe se substitue alors à celui de christianitas pour désigner les habitants de cet ensemble géographique, et surtout, et voilà la part de l’autre, pour la distinguer du Nouveau Monde américain révélé par les Grandes Découvertes. Elle est à nouveau remaniée, notamment après le Congrès de Vienne, en 1815, après l’exacerbation des nationalismes à la fin du siècle suivant et les deux conflits mondiaux mais sous une forme que l’historien Krzysztof Pomian qualifie d’« unité par le projet ». Il prend soin de distinguer cette unification des précédentes : « les deux unifications, la religieuse et la juridique culturelle, ont en commun d’avoir été des effets secondaires ou […] des sous-produits de l’action des forces qui visaient d’autres objectifs. À cet égard, elles diffèrent du tout au tout de la troisième unification, principalement économique et juridique, car celle-ci depuis le lancement de la CECA […] se fait d’une façon réfléchie, selon des modalités programmées d’avance et acceptées à l’issue des négociations par les États concernés » (Le Débat n° 129, mars-avril 2004).

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Europa : Es ist erschreckend, wie schnell Gesellschaften abrutschen können


Eher als mit dem Islam oder die Flüchtlings sollten wir uns mit Europa auseinandersetzen : Woher es kommt, was es will, worauf es beruht, was es vermag, wo es versagt. Ist es möglich das Rechtspopulismus eine gesamteuropäische Bewegung wird. In Ungarn und Polen stellen diese Leute bereits die Regierung und schränken Freiheiten massive in. Hinter AfD und Pegida, vielleicht auch hinter dem Front National, stehen unter dem Vorwand der Volksnähe antidemokratische Kräfte. Sie wollen die bestehende Staatsform stürtzen. Sie wollen eine andere Art von Presse, wollent Einfluss auf die Spielpläne der Theater nehmen, vorschreiben, dass Klassikerinszenierungen einen « positiven Bezug zur Heimat fördern » sollen.
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