20090210

Editorial

En évoquant Marivaux, dans ce numéro 8 du Spectateur européen, nous pensons évidemment à la publication par ce dernier du Spectateur français, au XVIII° siècle. Encore cela ne peut-il s’accomplir sérieusement sans faire allusion dans le même temps au rôle joué par le Spectateur anglais de Joseph Addison et Richard Steele (1711-1714), dans le développement culture et politique des pays européens durant ce même siècle. Ces publications, dont l’esprit diffère, ont pris leur part dans la construction, la légitimation ou l’expansion de nouvelles mœurs, de moments de langage inédits, de références partageables. On pourra toujours penser qu’elles sont demeurées sur certains plans de courte vue, relativement à notre propre projet. Elles ont focalisé leur attention sur la conversation de l’honnête homme en imposant à celle-ci un style particulier, évacuant par principe ce que les uns ou les autres appellent « l’esprit de faction », disons en termes modernes le dissensus. Plus encore chez Addison que chez Marivaux, déjà plus solitaire, les ouvrages renvoient à une compagnie ou petite société dont l’entente permet de concevoir et de développer des intérêts communs, tout en ayant le souci de se divertir des tracas du jour. Distraction et bien-être prennent même parfois le pas sur les propos échangés.
Corrigeant cet aspect des anciennes publications, nous préférons nous concentrer sur les dissensus de mœurs, de langages, de références, afin d’engager chacun à plus de réflexion, à plus de déprise de soi et d’ouverture culturelle. Aussi les articles qui suivent donnent-ils plus fermement lieu à débats, à une multiplicité de questionnements tenant à la diversité des approches culturelles en Europe (UE). Entre réseaux à construire ou à préserver, échanges nécessaires entre villes et institutions, projets de paix, problèmes des frontières et multilinguisme la tâche est infinie des interactions et interférences à mettre en œuvre au sein de l’UE. C’est sans doute cela qu’on peut appeler « reconnaissance » si à ce concept on n’attache pas des valeurs morales mais des exigences politiques.
C’est finalement une autre manière de prolonger l’exposition de Bruxelles, Chemins de l’art en Europe, Het meesterlijke atelier : Europese kunstroutes (5de-18de eeuw), The Grand Atelier : Pathways of Art in Europe (5th-18th century), dont nous donnons les linéaments ci-dessous :
Auf der Internetseite
www.eu50.eu hat das Auswärtige Amt in Zusammenarbet mit den Botschaften der EU-Mitgliedstaatent in Berlin 55 schmackhaften Kuchenrezepten zusammengestellt. Das Nachbacken und Geniessen wird leichtgemacht, denn die Tipps zum Zubereinten und die Zutaten für die Kuchen finden sich im Internet in allen 27 EU-Sprachen.
Outre les intellectuels qui n’ont cessé d’inventer l’Europe par les voies de la traduction et de la lecture réciproque des ouvrages, durant de longues décennies, les artistes n’ont pas été sans donner corps à la possibilité d’une culture européenne, pensée moins en termes de valeurs ou de références, qu’en termes de confrontation et d’échanges. L’exposition de Bruxelles, portant sur les arts et l’Europe (Palais des Beaux-Arts, janvier 2008), montrent, grâce à 250 pièces issues d’une centaine de musées européens, l’émergence des dialogues d’artistes au long de l’histoire. Malgré les guerres et les conflits, cet échange d’idées, de biens et d’innovations a créé des liens durables entre les communautés humaines, de la Méditerranée à la Baltique, de l’Atlantique à l’Oural.
Il n’est que d’observer la reproduction par tel ou tel peintre, dans son propre tableau, des tableaux d’autres peintres pour comprendre ce qui se joue là. Par exemple, Velasquez peint dans les Ménines quatre tableaux de ses confrères. Autre exemple : Jean Brueghel le Vieux, Allégorie de la vue et de l’odorat (1618), et David Teniers le Jeune, L’archiduc Léopold Guillaume visitant sa galerie, 1653.
Lang voordat Europa als een politieke eenheid werd gezien, was er al een intens verkeer van mensen en goederen. Vaak wordt vergeten dat al heel vroeg ook kunstenaars, kunstwerken en zelfs opdrachtgevers op zoek naar schoonheid, gebruikmaakten van de handelsroutes en waterwegen. Meesterwerken, maar ook meer bescheiden kunstwerken geven een beeld van wat ‘een Europese ruimte voor kunst en ideeën’ voorstelde, die al ontstond bij de dageraad van de middeleeuwen.
De tentoonstelling belicht aan de hand van bijzondere en vaak spectaculaire stukken diverse facetten en vormen van deze artistieke wisselwerking. Ze omspant een lange periode in de kunstgeschiedenis, van de 5de tot de 18de eeuw, en telt ongeveer 350 werken, uit meer dan honderd Europese collecties.
Long before asserting itself as a political entity, Europe was an area of intense circulation of people and goods. Despite wars and conflicts, this exchange of ideas, goods and innovations established lasting bonds between human communities, from the Mediterranean to the Baltic, from the Atlantic to the Urals. We often forget that artists, works of art and even wealthy men seeking to satisfy their hunger for beauty also travelled the trade routes and waterways. Thus, it is through past masterpieces and even modest works, that we can grasp and appreciate what was even at the dawn of the Middle Ages, a European space of art and thought.
The exhibition will illustrate, with many remarkable and often spectacular works, several particularly eloquent aspects of this artistic circulation and the various forms it took over a long period in the history of art (between the 5th and 18th centuries). It will include about 350 works, coming from over 100 European collections.