20130206

Editorial


Opacité ou citoyenneté ?


Divulgation des salaires des partons et des vedettes, un tel « dit tout sur... », ou fait des révélations, et Twitter de prétendre « tout diffuser ». A l’encontre de l’obscur et du corrompu, s’agit-il de transparence ou seulement d’une prétendue « visibilité sociale » proche du voyeurisme et de la traque/dénonciation publique ?
La transparence, on la réclame en matière politique, à l’encontre de l’opacité. Elle passe pour la mère de toutes les vertus. A juste titre ! Mais sans doute pas au titre de la divulgation sur Internet des feuilles d’impôt des citoyennes et des citoyens pour qu’elles soient commentées (injuriées ou défendues), sans règles du jeu ! Et d’ailleurs, si on fraude, on ne déclare pas sa fraude sur sa feuille d’impôt, par définition. Et surtout, la non-divulgation (l’opacité pour tous, mais pas nécessairement pour les autorités) n’est pas nécessairement la corruption.
Il faut donc distinguer le couple obscur-transparence du couple suspicion-confiance (ou du moins crédibilité de la parole publique).
Si la transparence comporte un présupposé de vertu, nul ne doit se laisser dériver de la morale républicaine à l’Ordre moral ! A l’époque, d’ailleurs, où beaucoup se plaignent, à l’inverse, de l’immense visibilité (un peu nauséeuse) que rend possible Internet. Quelle est la bonne mesure ? A moins que ce ne soit pas la bonne question ?
De la transparence (définition), on retient d’abord qu’il s’agit d’un terme polémique, elle s’oppose au secret, au caché, à l’opaque. Ce qui est transparent est sans tache, n’est pas altéré. L’idée de transparence (d’un pouvoir, d’une décision, d’une conscience) est celle d’une quasi absence de limite entre deux points. La transparence advient lorsque la limite se resserre en un cercle parfait, sans rien d’extérieur. La notion enveloppe deux axes : rester ce que l’on est (ontologie), dire-vrai et tout dire (éthique et politique). Cela dit, la notion a aussi des origines théologiques : Ëtre de verre, envers Dieu. Cela est exigible envers Dieu : mais ce serait une balourdise, dit-on durant l’époque médiévale, envers les hommes et entre les hommes… Car dans le monde règnent mille facettes, surprises et infortunes, retournements de faveur, et seulement parfois la finesse de goût et les manières.
Sous un autre aspect, la transparence a effectivement fait le lit de la démocratie, dès lors que cette dernière appuie la loi sur la transparence de la volonté du peuple opposée au secret monarchique. C’est en ce sens que l’on réclame la transparence des décisions. A condition, bien sûr, d’en éclairer le statut. En tout cas, elle ne doit pas être confondue avec la rumeur, le lynchage, le « à voir » (mondain), et justement le « mentir-vrai » dans lequel on la traduit habituellement.
Mais cela valait aussi pour la constitution de la cité, pour les Grecs : La transparence y fonctionne comme ce qui doit être dit afin que la cité perdure. Elle s’apparente au franc-parler, conçu comme armature essentielle de la Politeia (Athènes). Celui du chef qui use de son droit de franc-parler, celui du conseiller, celui du public, et celui de l’individu (l’aveu ?). Souvenons-nous de Œdipe ou de Ion (Euripide ou Sophocle) et de leur recherche de la vérité. Dès lors que la transparence est brisée, le chaos s’installe. Œdipe doit s’exclure de la cité afin que la transparence se rétablisse.
Au cœur de la crise des pratiques politiques (non des orientations), il convient donc sans doute de ne pas céder à une simple inversion (obscur ou transparence), mais d’amplifier le débat. Et de préciser les couplages à partir desquels réfléchir : obscur-transparence n’est pas identique à suspicion-confiance (ou crédibilité), et celui-ci n’équivaut pas non plus au couple corruption-lien, si corrompre consiste bien à rompre le lien (cor = cum, avec).
Au passage, signalons à nos lecteurs que nous accueillons dans le Spectateur européen deux nouveaux membres, qui signent ici des traductions : Gunnar Nisser (Suédois) et Anthony Tchako (Italien).


Pour compléter ce point de vue, nous renvoyons aussi nos lecteurs au site : http://europa.eu/citizens-2013/de/home

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Eine tragische Ironie : Niemand glaubt wirklich, Europäer könnten eine europäische Idee umsetzen. Was ist das überhaupt, die europäische Idee ? Zu Ende gedacht, ist damit gemeint : au seiner Ansammlung zahnloser Kleinstaaten, die sich gegenseitig die Schulden zuschieben, den grössten Superstaat der Welt zu machen – die Vereinigten Staaten von Europa.
Bei uns, Europäer, dauerte die Verwirklichung der Demokratie von der Idee bis zur Verfassung etwa 200 Jahre. Dasselbe gilt für eine vereingte Föderation. Wo liegt das Problem ? Europa, das sind lauter ((rien que) konkurrierende Kleinreiche, die sich am liebsten nur mit ihrem eignem Bauchnabel beschaftigen und ab und zu über ihre Nachbarn mekern wollen. Stimmt schon. Ein föderales Europa bedeutet einiges an Opfern. Jedes Euro-Fürstentum muss ein Stück Souveränitat abgeben.