20150306

Editorial

Die Zukunft Europas
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You will find below a message from Mr. Hubert Védrine. Is this the beginning of a new hegemonic cycle? Hubert Vedrine, Lionel Jospin's former Foreign Minister, recently stated in an interview, "the superiority of the West over the rest of the world is increasingly illusory".

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Empruntons un extrait d’interview au journal parisien Libération (31 mai 2015).

Il s’agit d’un fragment d’un propos de l’ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Lionel Jospin et ex-secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand, Hubert Védrine, reconnu comme l’un des meilleurs experts français en relations internationales, qui explique les défis auxquels doit faire face le nouveau président, François Hollande. Encore le propos choisi place-t-il plutôt l’Europe au premier plan. C’est ce qui nous intéresse.

« L’Occident a perdu le monopole du pouvoir mondial qu’il détenait depuis quatre siècles. En termes de puissance relative, les émergents sont déjà ce que nous pensions, avant la crise, qu’ils seraient en 2030 ! Cela se constate dans toutes les négociations internationales et sur le terrain économique, dans la « mêlée mondiale ». Mais les émergents ne forment pas une alliance homogène qui va dominer le monde. Les Occidentaux vont rester longtemps les plus puissants et les plus riches. Mais ce sera relatif, le monde sera multipolaire et instable. Dans ce monde, la France doit défendre à tous les niveaux et dans toutes les enceintes ses intérêts vitaux, et faire en sorte qu’elle puisse toujours, demain, prendre des décisions autonomes. Parmi les 193 Etats des Nations unies, la France fait toujours partie des quelque 5 à 10 pays les plus influents, avec une puissance et une influence plus ou moins grande selon les sujets, à condition qu’elle sache en user et mobiliser des partenaires ou des alliés. Il est évident que l’on est encore plus influent si l’on agit au niveau européen, rendu plus intégré par la crise. Mais pas parce qu’il faudrait «s’en remettre» par faiblesse à l’Europe ! L’Europe doit conjuguer par le haut les ambitions et d’abord celle, nouvelle, de la France. »

Quant aux rapports à entretenir avec les Révolutions arabes, voici ce qu’il en dit :

« Etre disponibles, les écouter. Pour tous les pays, ces printemps arabes sont une dure leçon de modestie. Aucun n’a pressenti ce qui se préparait. Ensuite, nous les avons admirés d’avoir renversé eux-mêmes des despotes. Nous souhaitons ardemment que leur démocratisation se concrétise rapidement, et sans heurts. Mais nous n’avons pas tellement de moyens pour influer sur le cours des événements. Il y a un contraste croissant entre l’idée que les Occidentaux se font de leur «rôle» et de leur responsabilité historique, et ce qu’ils peuvent faire. Ces peuples ont repris leur destin en main. Le Maghreb ainsi sera plus arabe, plus musulman, mais toujours francophile si nous savons bien jouer nos cartes. Les Américains n’ont guère plus d’influence sur le cours des événements en Egypte. Ces sociétés vont évoluer, au fil des années, y compris les partis islamistes, qui vont être encore plus transformés par le pouvoir qu’ils n’arriveront à changer la société. Mais il ne faut pas non plus passer d’un extrême à l’autre et penser que parce que nous ne décidons plus pour ces pays, nous n’avons plus rien à faire avec eux. Il nous faut avoir des capteurs, être au contact, garder des liens multiples et être disponibles pour apporter l’aide la plus intelligente possible, et des partenariats, si ces pays nous le demandent. »