20130108

Editorial


            En dehors de la focalisation sur la « crise », pensée exclusivement en termes économiques et financiers – stabilité monétaire, taux de change -, qu’est-ce qui meut encore les européens ?  
La paix ? Evidemment, le jury du prix Nobel a décidé d’honorer en l’Europe le projet de paix le plus réussi (pour l’instant). L’intégration européenne compte pour exemplaire de la coopération pacifique des Etats. Mais un honneur suffit-il ? A l’heure de la préparation du centenaire de la Première Guerre mondiale, les mémoires européennes devraient effectivement se réveiller et penser la guerre en même temps que les rapports culturels qui se tissent autour et contre d’elle. Après tout, une analyse des monuments européens dédiés à la paix, ou contre la guerre, serait bien instructive.
La grève ? Pour la première fois, il est vrai, en novembre, les syndicats ont promu une grève européenne, tissant alors de nouveaux liens entre notre histoire culturelle de la résistance aux dominations et un avenir de luttes à construire.
L’unité Franco-Allemande ? Elle renvoie à une histoire commune, tissée de conflits, projets, oublis, malentendus et méconnaissances entre deux peuples. Elle est relancée par la chute du mur. Mais elle n’a de signification que si nous apprenons toujours mieux à cerner nos différences et nos divergences, afin d’échanger des traits culturels plutôt que de les voir masquer par l’uniformisation produite par les industries de la consommation culturelle et médiatique.
            L’Idée d’Europe ? Elle est certes précieuse pour nous extraire des simples calculs, de la seule union économique et monétaire, et de la création d’une banque centrale indépendante. Mais dans quelle mesure est-elle capable de nous porter plus loin que cela. Que sont et que font les citoyennes et les citoyens de l’Europe ? Il faut préparer d’urgence le saut vers la démocratie européenne, sortir des huis clos de ces dirigeants qui viennent ensuite nous annoncer leurs décisions, en nous priant de les accepter.
Redisons-le autrement. Le Spectateur européen incite à la discussion publique sur ce que nous voulons faire, sur ce que nous pouvons faire ensemble politiquement, et fonde cette incitation sur les traits culturels que nous pouvons croiser sans les homogénéiser, et sans accepter une soi-disant opposition Nord-Sud intra européenne. Sans doute existe-t-il un trait commun que nous pouvons inventer : la discussion publique à l’échelle de l’Europe, ce qui signifie à la fois interne à l’Europe et externe à elle, puisque rien ne peut se penser, dans cet ordre, en dehors d’une nouvelle conception des rapports avec les autres ères culturelles.

----------------------------------------------------------------------------------

Es lebe die europaïsche Freundschaft. Wie wollen wir zusammenleben ?
Als Ordnungsversuch ist und war die EU eine Revolution auf diesem Kontinent. Leider, ist die vielleicht bedrückendste Begleiterscheinung der Euro-Krise die Renaissance des nationalen Vorurteils. Hemmungslos schlagen sich die europäischen Völker characterliche Zerrbilder um die Ohren, die man in dieser Ballung lange nicht gehört hat. In der Presse der Mitgliedstaaten fehlt kein Klischee, vom elektronischen Stammtisch im Internet ganz zu schweigen. So greifen die Europäer in der Krise auf einen Erfahrungsschatz über ihre Nachbarn zurück.
            War es nicht zu erwarten, dass eine so tiefgreifende Krise im Plauderton des Frühstücksfernsehens abgehandelt würde ? Trotzdem dokumentiert der rauhe Umgang eine Niederlage der EU. Im Grunde scheitert die europäische Einigung auf genau dem Feld, das immer ihr Hauptanliegen war : den Klischees zu wegschliessen.
            Dass die EU-Bürger einander trotz Binnenmarkt und Freizügigkeint fremd geblieben sind, zeigt, dass die Europapolitik die Behaarungskraft des Nationalgedankens unterschätzt hat. Die Welt lebt noch immer im Zeitalter des Nationalstaats, gemessen an der Menschheitsgeschichte ist er mit seinen zweihundert Jahren blutjung.
            In Wirklichkeit ähneln sich die europäischen Völker mehr als ihnen bewusst ist. Von der Schule über die Ausbildung bis ins Berufsleben teilen die Nationen Europas ihre Erziehungs- und Bildungserlebnisse immer nur mit den Meschen, die innerhalb ihrer Landesgrenzen leben.
            Wovon wollen wir leben ?
Über das deutsch-französischen Jahr, das am 22 september in Ludwigsburg offiziell eröffnet wird.